Une douce renaissance

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Les mots pour le dire

« Elle était restée muette depuis que Maman s’en était allée vers l’autre monde. Plus de cinq années remisée sur une étagère au fond d’un placard. Rien que du silence autour de son corps tout blanc. Plus de mains pour le saisir. Plus de doigts pour lancer l’ouvrage. Plus un souffle. Plus un mot. Inanimée, la machine. Et puis Mathilde est arrivée avec un désir de coudre doux comme un baiser offert aux fils du passé. La machine l’attendait. Les bobines de fil aussi. Par dizaines. Multicolores. Rangées avec soin par les mains expertes de Maman couturière. Soudain, le silence s’est rompu. Dame machine s’est remise à parler, à chanter, à créer. Une douce renaissance. Une caresse joyeuse lancée sur les flots du présent. »

 

Oh Happy Day- Aretha Franklin

 

 

Elles se parlent encore

Maman&Simone

 

Toutes deux ne sont plus mais pourtant elles se parlent encore. Comme si ces heures à savourer les jours enfuis restaient en suspens dans le présent. Prêtes à renaître, à s’y glisser sur la pointe des pieds, d’un instant à l’autre. Lucette, ma maman et Simone son amie de jeunesse, si complices, sereines, paisibles. Quel cadeau elles me firent, ce jour de mai 2014 à Bauduen où elles se retrouvaient une ultime fois, en laissant voguer leur mémoire pour que j’en grave la trace douce. Pour l’éternité ?

Quatre-vingt dix

MAMAN

Au profond de l’absence
sans pause ni nuit
scintille ton bienveillant silence
c’est ainsi, Maman chérie
quatre-vingt dix ans aujourd’hui

Le tocsin éternellement ?

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Encore le tocsin hier matin tout près de la maison ces deux notes lancées en boucle par les cloches novembre déroule sa peine il n’y a que Bach pour me consoler m’empêcher de trop m’enfoncer sur le sentier glacé du chagrin penser aux chers disparus partis trop tôt penser à la mort à la mienne dans longtemps ce serait bien désir d’aller respirer dehors aussi de marcher vers les tombes au pied des arbres et juste avant de sortir presque par hasard mais existe-t-il vraiment le hasard tomber sur ce Tweet énigmatique de Nicolas Esse dont j’apprécie la poésie les photos de rando à vélo au bord du Lac Léman il me semble et puis l’humour décalé

Nous ne sommes pas faits pour mourir éternellement forcément je clique vers son site je lis le billet et je partage à voix haute

 

une fois le texte lu et enregistré et mixé je réalise que Nicolas Esse le publia en décembre 2014 à peine un peu plus de deux mois après le départ de Maman trop tôt envolée vers l’autre monde je suis sûr qu’elle aussi aurait été touchée par ces mots puissants ces vérités glaçantes sûr qu’elle non-plus n’aurait pas désiré mourir éternellement…

Shanghai est un petit cœur

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La lumière baisse sur la ville te poses un peu sur un banc au bord du fleuve l’esplanade désertée à présent un tout jeune garçon approche en courant il montre le fleuve en criant à sa maman lasse elle semble peut-être la réveille-t-il plusieurs fois dans la nuit elle ne lui sourit pas avance la tête basse perdue dans ses pensées seule au monde le petit la regarde elle regarde le fleuve il saute et saute lui comme monté sur ressorts elle lui lance attention Xiao Xin 小心 littéralement Petit Cœur Xiao Xin facile à prononcer avec un ch tout doux dans le palais au début de chaque mot Xiao Xin facile à écrire facile à retenir le chinois est si touchant parfois petit cœur mon fils petit cœur il y a le fleuve juste en bas danger toi tu as aperçu un peu plus tôt la glaise brunâtre constellée de mégots de branchages d’herbes noires tomber là dedans pas tentant marée basse c’était sans doute comme le cœur de la maman le fleuve si tu le remontes tu verras la mer mon fils la mer oui avec des bateaux à prendre si sommes las des battements non-stop de cette ville si n’ai plus le cœur de m’accrocher mon fils je t’emmènerai oui irons voir ailleurs où coulent d’autres vies pas ce soir non trop tard bien sûr mon cœur mais bientôt oui tu aimeras j’en suis sûre te réveiller au bord de la mer regarder naviguer les bateaux là-bas à l’horizon vers l’Amérique toi Papet tu remontes vers le parc vas retraverser le fleuve longes les platebandes une chanson jolie s’échappe d’un baffle camouflé par une fausse pierre ne sais si elle plaira à la maman la chanson ni même si elle l’entendra lorsque elle quittera le fleuve son fils endormi dans les bras.

Demain il fera beau

Demain ilfera beau

Revenir au pays
là où marchions ensemble
il y a combien de jours et de jours, dis ?
poser les yeux où si longtemps tes yeux se posèrent
d’est en ouest
vers Planier aussi
et puis auprès des bateaux de retour des îles
lancer le regard jusque derrière les limites de cette ville
où tu me donnas vie
guetter la fuite du jour
et savoir
ce soir peut-être encore plus profond que les autres soirs
que demain il fera beau

 

Te retrouver ici et là-haut

 

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C’est donc ainsi
encore une année sans toi
la troisième
en naîtront d’autres où tu vivras encore
chaque jour et chaque nuit

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retournerons à la mer
sur ces rochers qui se souviennent
de la femme que tu fus
de l’enfant que j’étais
des baignades et des embruns
des gabians et des crabes
des aubes et des midis et des crépuscules
à écouter ensemble

 

nous repartirons aussi en montagne
approcherons des sommets
monterons marcher dans la neige

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prendrons le temps de retrouver ces lacs
qui gardent en mémoire
le reflet de ton regard émerveillé
face aux silence des cimes

 

 

 

encore une année sans toi
mais chaque seconde de ma vie
te nomme et te ressuscite
c’est donc ainsi

 

Maman cherche et trouve

Maman a beau être partie depuis plus d’un an et demi
sa présence reste vive
surtout qu’à volonté
je puis la réécouter
savourer à nouveau sa voix
me retrouver en face
de l’espiègle coquette qu’elle fut
jusqu’à son dernier éclat de rire

Dans tes pas

tempête

Je te revois
buée et gouttes aux lunettes
frissonnais et riais sous l’averse
te moquais de mon crâne trempé
nous avancions par la pinède
les branches agitées de rafales
têtes en l’air
– les flaques, mèfi, tu lançais
n’y marchons plus
c’est donc ainsi

les pluies de février les buvions dans l’espérance
– regarde, les jours rallongent déjà, tu disais
grappillent des secondes sur l’obscurité
grignotent l’hiver
pourrons bientôt dîner dehors
tu y croyais toujours
fonçais, avançais toujours
toujours
tente de marcher dans tes pas
n’évite pas les flaques
trempé pour trempé désormais
c’est donc ainsi

Sur les hauteurs du monde

Comme un appel au cœur de l’absence

monté te retrouver …

la suite sur carnetdemarseille.com

Sur les hauteurs du monde

Comme un appel au cœur de l’absence
te réécouter parler de la montagne
me réfugier à tes côtés
m’étonner du frémissement de la neige
des roches et des herbes
faire le vide et le remplir de tout ce que tu savourais
sur les hauteurs du monde
monter t’y retrouver.

Il serait temps

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Six mois déjà
Tourbillon de vide au-dessus des galets où tu as disparu
Ne parviens pas à l’approcher, ce vide
Reste les bras glacés
À l’arrêt
Il faudrait pourtant oser le frisson
Se décider à glaner parcelles de lumière
Tenter les ricochets sur l’étendue de l’abîme
Il serait temps

Six mois déjà
Parfois ta voix sourit à mes phrases
Comme un refrain de confiance
Une comptine d’enfance
Passe au ralenti
Démultiplie les graves
Souligne les contours évanouis
Il faudrait pourtant bercer le silence
S’accommoder de la portée déserte
Ranger le ressac
Il serait temps

Six mois déjà
Les chemins s’ouvrent sur les traces où tu demeures
N’arrive pas à suivre la boussole
Reste l’aimant figé
Les aiguilles bloquées
Il faudra bien pourtant tenter de passer
Se lancer vers les murmures des arbres
Y graver ton souvenir brûlant
Jusqu’au cœur du cœur de l’écorce
Il sera temps

Oublier le toscin

Soudain, ce matin
Après tant et tant d’enterrements ici depuis janvier
Tant de tocsins lancés sur la ville
Tant de messes
De sanglots
De sorties les pieds par devant,

Soudain, ce matin
La grâce d’un tout petit bébé
Tout juste né ou presque
Il sommeille
Dans la poussette de sa maman de retour au travail
Épicière elle est
Joues rosies
Grâce autour du front et des yeux
De retour au travail parmi les légumes, les fruits et les fromages de pays
Et son minot tout mimi juste à côté de la caisse
Elle se pince de le voir si beau
Elle lui dit qu’il est gentil
Patient un peu
Il a les joues rosies comme elle.

Soudain, ce matin
Les embrasser
Oublier le tocsin.

Maman est retournée à la montagne

Quatre mois aujourd’hui que Maman s’en est allée. Lui parle tous les jours. Sais qu’elle m’écoute, du haut de la montagne où elle est retournée se promener.

Quand Paulette se souvient de Lucette

Trois mois aujourd’hui que Maman est partie vers l’autre monde. Paulette, sa voisine, ne l’a pas oubliée. Restons vivants à travers les mots de celles et ceux qui nous survivent. Maman savait elle aussi évoquer avec tendresse le souvenir des chers disparus.

Maman est partie pour la montagne

Deux mois jours pour jour que Maman est partie vers l’autre monde. Sur mon inacccessible chemin de deuil, ses mots m’accompagnent. Me réconfortent  tout autant qu’ils me dévastent. Maman continue de me parler. Chaque jour. Elle me raconte une nouvelle fois son amour pour la montagne. Je la verrais bien partie vers le Mont Fuji d’où elle nous regarde et nous accompagne de toute sa beauté. Avec tant d’humanité. Deux mois qu’elle s’est envolée. Sur l’inaccessible sentier de deuil où je chemine, résonnent  aussi les sublimes Suppliques aux morts d’Isabelle Parienté-Butterlin, publiés sur son site au bord des mondes. Voici un extrait de la Supplique 42

« … on marche, on s’arrête, on suspend sa respiration, on pense à vous, on inscrit ses gestes dans les vôtres, et ceux que vous nous avez racontés, dans lesquels il semblait que vous-mêmes inscriviez les vôtres, mais de cette hypothèse, on n’a pas confirmation, pourtant on ne comprend pas comment il pourrait en être autrement, on inscrit nos gestes, on les trouve maladroits, dans les vôtres, qui ne l’étaient pas, vous saviez, et ils avaient une sûreté que les nôtres n’ont pas … »Hokusai_GaifuKaisei_new

Le Fuji rouge dans une embellie.

Hokusai ( 1760 – 1849 )

 

Stabat Mater sous l’orage

Pas arrêté de pleuvoir ce lundi. À peine mis le nez dehors pour aller chercher le pain. Sinon, ai écouté la pluie taper sur les tuiles, retrouvé le Saleys bourdonnant et me suis passé et repassé le Stabat Mater sous l’orage du compositeur estonien Arvo Pärt. Je ne sais pourquoi j’ai songé à ce Fuji sous l’orage, précisément L’orage sous le sommet de la montagne, l’une des Trente-six vues du mont Fuji du grand maître Hokusai. Et puis j’ai fait une découverte, le Salve Regina du même Arvo Pärt.

En écoutant ces merveilles, ai pensé qu’elles étaient un beau prolongement de mon billet sonore d’hier. Me suis dit aussi que Maman aurait aimé ces voix et cette musique posées au bord du monde et au pied du majestueux Fuji, la montagne sacrée de mes amis japonais.

Le balcon trempé

Sur ce balcon où Maman aimait venir s’asseoir pour contempler la rade, le fauteuil bleu-ciel où elle s’asseyait pleure toutes les larmes de son pauvre corps transi de pluie.

Gouttes, gouttelettes de pluie

L’âme enfantine. Photographier la chute des gouttes. Fredonner une comptine en écoutant la pluie taper sur les tuiles, juste en face du petit fénestron des toilettes. Me souvenir que nous la chantions avec Maman. Me demander si Alexandre et Clément, mes petits-fils, l’ont apprise dans leur école de Shanghai. Je les appellerai tout à l’heure pour leur poser la question.

Gouttes gouttelettes de pluie

Gouttes, gouttellettes de pluie
Mon chapeau se mouille
Gouttes gouttelettes de pluie
Mes souliers aussi
Je marche sur la route
Je connais le chemin
Je passe à travers gouttes
En leur chantant ce gai refrain
Gouttes gouttelettes de pluie
Mon chapeau se mouille
Gouttes gouttelettes de pluie
Mes souliers aussi
Je marche dans la boue
J’en ai jusqu’au menton
J’en ai même sur les joues
Et pourtant je fais attention
Gouttes gouttelettes de pluie
Mon chapeau se mouille
Gouttes gouttelettes de pluie
Mes souliers aussi
Mais derrière les nuages
Le soleil s’est levé
Il sèche le village
Et mon chapeau et mes souliers
Gouttes gouttelettes de pluie
Adieu les nuages
Gouttes gouttelettes de pluie
L’averse est finie.

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Journal de l’aube 270

Deux semaines que Maman est partie. Le chemin de deuil est immense. Il se parcourt à petits pas chaotiques. Les mots manquent pour raconter l’épreuve. Mais il existe un lieu béni où l’indicible prend forme : Mots sous l’aube, le journal poétique d’Anna Jouy, poétesse amie avec qui nous avons partagé un VaseCommuniquant en juillet dernier. Hier-matin, son Journal de l’aube était teinté de cette mélancolie sombre et si lumineuse à la fois qui m’étreint depuis le départ de Maman. M’est venu le désir de lire ce texte et de l’accompagner d’un Nocturne de Chopin. Nocturne comme cette nuit que j’imagine traversée par nos disparus en direction de l’autre monde. La photo qui illustre ce son du jour est la toute dernière que Maman prit fin septembre depuis son lit.

Maman sur le chemin de l’enfance

Au début du mois de mars dernier, avec mon épouse Chantal, nous avions accompagné Maman sur les lieux heureux de son enfance, Traverse Beau Site, dans le quartier de La Barasse Tubet à Marseille. Ensemble, nous avions approché la maison où elle vécut de 1939 à 1941. Elle était une enfant de 9 ans…

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Maman s’en est allée

Lucette, ma maman, est morte ce lundi 6 octobre au petit matin. Je ne la reverrai plus ici-bas mais je l’entendrai toujours me parler, me questionner, m’encourager. Au mois de mai dernier, nous étions allés faire coucou à sa mère qui repose au cimetière de Bauduen, dans le Haut-Var. Nous avions évoqué cette mort qui est notre destinée commune. Maman n’en avait nullement peur. Emplie de sagesse elle était. Belle. Sereine. Forte et si profondément humaine. Comme chaque jour de ce que fut sa vie dans ce monde-ci.

Maman et Papa découvrent « Opérette », de Moussu T e lei Jovents

J’ai lancé « Dans ma petite calanque » sur l’Ipad de ma Maman et nous nous sommes plongés dans la poésie joyeuse d’Opérette, le dernier album de Moussu T e lei Jovents. Papa n’était pas loin. Comme le dit souvent Jacques, l’homme qui parle aux oiseaux, les choses partagées font du bien. Pour embarquer ensemble en video, c’est ici :
 

« Belles bagues » demande : – c’est quoi un crochet tunisien ?

« Belles bagues », c’est Lucette. Ma Maman. Le surnom que lui ont donné ses copines de la Boutique Rétro d’Emmaüs Marseille Pointe Rouge. Elle adore aller y chiner le matin. Des années qu’elle y va. Une ou deux heures à chaque fois. Le temps de se procurer quelques tissus ou dentelles ou aiguilles à tricoter. Ou pelotes de laine. Angora ou pas. Le temps de dénicher – ou pas – un crochet tunisien. Maman

Toujours élégante, la Mamma.

Ma Maman retourne en enfance

Traverse Beau Site hier. Marseille, quartier de La Barasse Tubet. Ma maman désirait retourner sur les lieux heureux de son enfance. Avec ma compagne Chantal, nous l’avons accompagnée revoir la maison où elle vécut de 1939 à 1941. Elle était une enfant de 9 ans…

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Merci à Chantal pour ces belles photos.

L’OM, ma mère et moi

Oui je l’avoue, j’aime l’Olympique de Marseille, LE club de ma ville. Ce sentiment, comment échapper aux banalités pour le décrire ? Allez, je me lance. J’aime l’OM d’abord parce que ma maman y joua dans sa jeunesse. Oui, ma mère fut Olympienne !

Ce club qui est le premier de France à avoir remporté la Coupe d’Europe des clubs champions – cela fera 20 ans le 26 mai prochain – je l’aime aussi parce qu’il me fait souvent faire le yoyOM, comme hier en fin d’après-midi devant OM – VA sur Canal+. J’ai d’abord été frustré par la faiblesse du jeu proposé, la frilosité, le manque de créativité, le piètre spectacle offert. Droit au but, la devise, escapée je ne sais où. J’ai râlé devant mon poste, j’ai marronné. Et puis soudain en toute fin de match, la petite étincelle qui change tout. Le sourire revient et prend le pas sur la frustration. Rod Fanni s’arrache pour donner la victoire à l’OM et j’applaudis comme un fada. Soulagé. Heureux comme tout.

C’est ça l’OM. Décourageant et enthousiasmant. Horripilant et magnifique. Mesquinous et grandiose. Affligeant et bluffant. Plein de contradictions. A l’image de Marseille. Tout simplement vivant. A échelle humaine.

Il me faut aussi confesser la honte que je ressens souvent en écoutant ces chants minables monter des virages du Stade Vélodrome

Lorsque je suis au stade, j’avoue que ce spectacle-là m’afflige, quand bien même les plus idiots des supporters du PSG entonnent eux aussi des chants « anti marseillais ». Dimanche-prochain, je serai bien évidemment à fond derrière l’OM qui monte à Paris défier le PSG. J’espère une victoire bien sûr. Mais j’attends surtout que les joueurs se souviennent de ce que disait ma mère, la volleyeuse olympienne : pour elle comme pour ses copines au maillot blanc, « c’était d’abord jouer » qui comptait.

Je vous recommande le très connaisseur site SoFoot. On y parle football d’une façon décalée, avec humour et finesse, ce qui me plaît beaucoup.