Juste avant le crépuscule

De retour à Marseille. Ferme les yeux et me retrouve assis en dessous du Fort Saint-Jean, sur les bancs de pierre du passage Brauquié qui relie le MUcem au Vieux-Port, là où le crépuscule s’installe parmi les bateaux qui rentrent, les joggeurs et les musiciens qui tapent le boeuf de l’autre côté.

Le Danielle Casanova à quai

Me suis approché du ferry de la SNCM hier-soir peu avant 21 heures. Quai de la Joliette. Moteurs en marche. Ronronnement grave avant cap sur Ajaccio aujourd’hui. Combien de temps encore scintilleront dans la nuit, non-loin des cheminées, les quinze lettres de Danielle Casanova, militante communiste et résistante corse, morte en déportation à Auschwitz en 1943 et dont le bateau porte le nom depuis 2002 ?

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L’Académie du chant populaire chante « El pueblo unido jamás será vencido »

C’était la semaine passée au Rove, près de Marseille. À la Chapelle Saint-Michel. Mon ami Alain Aubin et ses trente choristes de l’Académie du chant populaire interprétaient la chanson chilienne immortalisée par le groupe Quilapayún. Alain a fondé son ensemble vocal en 1994 à Marseille. Son répertoire est riche de chants de résistances et de lutte, symboliques d’événements phare de l’histoire, comme La Commune de Paris ou la guerre d’Espagne. Vous aviez plébiscité en mars dernier le Bella Ciao de l’Académie. Pour réécouter, c’est par ici.

Massilia Sound System de retour

Massilia. Huit lettres sur une pochette toute bleue. Avec une étoile sur le second i, comme une bougie d’anniversaire pour fêter le huitième album de Massilia Sound System. Le groupe marseillais a trente ans. Il a mis sept années pour sortir cet opus, le premier depuis le jubilatoire Oai e libertat. C’est un évènement. À partager sans compter. Tolérance, accueil, résistance, contestation, fête, lutte, rencontre, autant de mots qui participent du credo affiché et propagé par le groupe marseillais. Si tout fout le camp, « si tout va mal, si lèva mai la cançon, la chanson se lèvera encore et Massilia sera là pour la chanter« . Pour prolonger ce teaser de l’album et déguster quelques bonnes vidéos de Massilia, c’est par ici.

 

Approcher le Gabian du rocher noir

Retourner à la mer. Sur les rochers du Petit Nice. Parfum d’enfance. Y avons passé tant et tant de journées… Sur le rocher noir comme en son royaume, un paisible Gabian savoure le chant des flots. S’approcher à petits pas et le regarder s’envoler au-dessus de la mer couleur deuil. Sans un cri.

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Quelles vacances à la Belle de Mai !

Les vacances de Monsieur Hulot. Première rencontre avec le chef d’oeuvre de Jacques Tati. Tourné en 1951 et 1952 et sorti en 53. Je n’étais pas encore né. Mes parents avaient à peine un peu plus de vingt ans. Quelles vacances ! Drôlissimes de la séquence inagurale – la gare et le départ en train vers le lieu des congés – à la séquence du feu d’artifice, juste avant la fin du film où Tati acteur sait souvent disparaître pour laisser toute la place au comique des autres personnages. La démocratisation du burlesque. Ces vacances, j’en ai savouré aussi la bande son. Richesse, finesse. Les mots superflus. Place au langage du corps. Au comique des mimiques et des attitudes. Le prochain film programmé, c’est Mon oncle, Oscar du meilleur film étranger siouplé ! Au fait, c’est au Gyptis ancien théâtre du quartier de la Belle de Mai à Marseille et désormais transformé en cinéma par la Friche – qu’avec Chantal nous avons découvert Tati. Au programme jusqu’à demain mardi, une intégrale Jacques Tati.

Retour au port

Ils rentrent un an un les bateaux du Vieux-Port. Même les voiliers font tourner moteurs. Dans la lumière du crépuscule annoncé, je ne leur en tiens pas rigueur. Tant que la mer se fait entendre et que se devinent au loin les caps vers la Corse ou l’Algérie.

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Juste au pied du Fort Saint-Jean

En rentrant du domaine portuaire, marcher longtemps sous le soleil doré d’octobre, ignorer les Terrasses du port, laisser les Docks à main gauche, dépasser la place de la Joliette, pousser jusqu’au MUcem vers la Promenade Louis Brauquier – poète marseillais, l’un des créateurs de la revue  Les Cahiers du Sud – et aller se poser sous le Fort Saint-Jean, face à l’entrée du Vieux-Port, là où se rejoignent les amoureux, les fumeurs de pétards, les pêcheurs à la ligne de tout âge, les touristes étrangers et les baigneurs nostalgiques des Pierres Plates.

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En partance, les bateaux

L’heure du retour ici. À petits pas. Ne cheminerai pas forcément chaque jour avec mes oreilles, mais là, envie de partager à nouveau quelques sons de chez moi. Marcher de la place de la Joliette jusqu’au Grand Port Maritime de Marseille hier après-midi. Avancer en bord de route vers la Porte 4, se faire discret et retourner vers le grand hangar de feu Sud Marine protégé par de hautes grilles. Souvenirs intacts d’une longue et lente agonie.

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Près de 20 ans plus tard, quasi déserts les quais.  Seuls deux bateaux en partance amarrés juste en face du bâtiment où se réparaient les bateaux… Enregistrer le bruit de leurs moteurs en chauffe avant le départ. Tunisie pour l’un. Corse pour l’autre. Rêver de traversées puis quitter le domaine maritime et retourner vers le Vieux-Port. S’attrister de ces quais vides abandonnés aux colonies de gabians.

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Ce port délaissé m’a inspiré un texte que vous retrouverez demain sur le blog d’Angèle Casanova, Gadins et bouts de ficelle, à l’occasion des VasesCommunicants de ce mois d’octobre. J’aurai le plaisir d’accueillir un texte d’elle sur mon CarnetDeMarseille. Pour info, nous avons choisi de parler de la mort.

Au café arabe

Un court plongeon en plein Marseille dans ce café-salon de thé d’où je m’évade souvent. Très bientôt surviendra une nécessaire mise à distance. Je la prépare parmi les miens. Parmi ceux qui comme tant de Marseillais arrivèrent d’ailleurs.