Je viens tout juste d’interviewer Fathy, l’un des dessinateurs du Ravi qui se produisent « en direct » à l’occasion du concert de soutien au journal pas pareil, ce vendredi soir 13 mars, aux Docks des Suds. Fathy est un caricaturiste historique du mensuel d’enquête et de satire mis en redressement judiciaire en novembre dernier et qui a obtenu du tribunal un sursis jusqu’au mois de mai. Fathy est aussi le fondateur du Festival International du dessin de presse, de la caricature et de la satire de l’Estaque, à Marseille. La prochaine édition aura lieu du 17 au 20 septembre prochains.
Marseille
Vers le printemps du Ravi, le mensuel pas pareil ?
C’est à Marseille, aux Docks des Suds, que je viens de rencontrer Michel Gairaud, le rédacteur-en-chef du Ravi, juste avant le concert de soutien au mensuel pas pareil qui depuis 10 ans en PACA, mescle enquête et satire. En cessation de paiement depuis novembre, Le Ravi a décidé de continuer sa bataille pour faire vivre un journal indépendant. Le tribunal lui a accordé une période d’observation jusqu’en mai. D’ici là, la bagarre continue. Et l’espoir est grand, en dépit des grandes difficultés que connaît la presse, notamment dans les régions. À l’affiche du concert, Imhotep, d’IAM, Zé Mateo Chinese Man, The Coyotes Dessert, DJ Big Buddha, Bon Entendeur et Kantes DJ Set. Depuis 19 heures, 8 dessinateurs se produisent en « live » sur les écrans de la fête au Ravi : Charmag, Fathy, Eric Ferrier, Moix, Red, Trax, Yakana et Ysope.
Le Ravi est sur le web. C’est là que l’on peut s’abonner.
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Le feuilleton du parler marseillais #3 Les gros mots
Le parler marseillais est fait aussi de mots grossiers. Pierre Échinard, membre de l’Académie de Marseille, en connaît quelques uns. (à suivre)
Le feuilleton du parler marseillais #1 Peuchère
Peuchère. Le pauvre. Jean Échinard est l’un des auteurs du remarqué Dictionnaire du Marseillais, publié il y a près de dix ans. Historien, membre de l’Académie de Marseille, il a co-signé l’ouvrage riche de plus de 300 pages consacrées au parler de Marseille du début du XXe siècle à nos jours. Pendant 8 jours, Jean Échinard viendra nous raconter quelques mots choisis de ce parler populaire encore bien vivace dans sa (ma) ville natale. (à suivre)
Ne jamais oublier Missak
Extrait des actualités télévisées du 2 Mars 1945. Au cimetière d’ Ivry, on honorait la mémoire de Missak Manouchian et de ses camarades fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Militant communiste et résistant d’origine arménienne, commissaire militaire des Francs Tireurs Partisans-Main d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne, Manouchian fut arrêté en novembre 1943 et condamné à mort comme membre de l' »Armée du crime » ainsi que 23 de ses camarades. Les nazis et leurs amis de Vichy apposèrent leurs visages sur la sinistre Affiche rouge. Ces héros refusèrent d’être fusillés les yeux bandés. À Marseille, je vais souvent saluer Missak Manouchian au Mémorial qui lui est dédié, près du jardin du Pharo. Respect et reconnaissance éternel.le pour Missak, qui entre ce soir au Panthéon aux côtés de sa femme Mélinée, et pour ses camarades fusillés.
Le buste de Manouchian à Marseille.
Je n’oublie pas Missak Manouchian

Extrait des actualités télévisées du 2 Mars 1945. Au cimetière d’ Ivry, on honorait la mémoire de Missak Manouchian et de ses camarades fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Militant communiste et résistant d’origine arménienne, commissaire militaire des Francs Tireurs Partisans-Main d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne, Manouchian fut arrêté en novembre 1943 et condamné à mort comme membre de l' »Armée du crime » ainsi que 23 de ses camarades. Les nazis et leurs amis de Vichy apposèrent leurs visages sur la sinistre Affiche rouge. Ces héros refusèrent d’être fusillés les yeux bandés. À Marseille, je vais souvent saluer Missak Manouchian au Mémorial qui lui est dédié, près du jardin du Pharo. Ce samedi, une cérémonie d’hommage y est organisée à 10 heures. Un autre moment de mémoire est prévu à Paris à partir de midi, devant la plaque apposée en sa mémoire sur l’immeuble qui fut le dernier domicile de Missak Manouchian, au 11 Rue de Plaisance, dans le 14ème arrondissement.
Le buste de Manouchian à Marseille.
Arnaud Maisetti et la résistance des jours
Il met des mots là où je n’y parviens pas. Je reste sans voix face à ce regard aigu posé sur le temps qui file. Sur le décor et les humains qui défilent dans la ville. Sa ville. Ma ville. Marseille. Notre ville. Lire et relire Arnaud Maisetti et puis se lancer à voix haute. Oser. Penser aux êtres chers. Convoquer le printemps. Se languir des journées interminables de l’été. Rêver d’île blanche. De chaleur. Sur la plage et dans le cœur des humains qui résistent. Pour prolonger cette lecture, se rendre sur les carnets d’Arnaud Maisetti.
L-OH, magicienne numérique
L-OH est le nom d’artiste de Véronique. Peintre numérique elle est. Se promène si souvent aux côtés des skaters et riders marseillais qu’elle les photographie et lance son tour de passe passe, une fois chez elle, pour leur recréer un monde. À partir de demain vendredi 13 et pour un mois, elle expose ses créations à la galerie associative « Antre de Monde » à Marseille. Facile à dénicher le lieu. C’est au 40, rue Estelle, au creux des escaliers du Cours Julien. Vendredi 13, ça va lui porter bonheur.
Fañch, un amour d’écriveur calligraphe
Je sais. Je suis un veinard. Mon ami Fañch, flibustier de Bretagne, radiophile comme c’est pas permis, je l’ai vu en vrai s’adonner à son autre passion : l’écriture, la calligraphie. Il a dessiné devant moi, comme ça, tranquille, un soir, à sa table de bois. Et il a parlé. Comme dans la vie. Très bavard l’ami. Je me suis régalé de le voir et de l’écouter. Fañch est un artiste au cœur immense. Radical. Engagé. Drôlissime. Suis sûr qu’un peu de Marseille vit en lui. Beaucoup même. Pagnol n’est pas bien loin dans le sang de ce Breton fier et humble, façonné aux grandes marées et aux lumières des phares qui émerveillent et rassurent. Pour prolonger, écouter Fañch parler radio avec Léa Minod, dans la matinale culturelle de Vincent Josse sur France Musique. Son blog, Radio Fañch, c’est par ici.
Livres de ma vie / Le soleil des mourants / Jean-Claude Izzo
C’est le dernier roman de Jean-Claude Izzo. De tous ses livres, c’est celui qui incarne le mieux la lucide révolte et la tendre désespérance dont était empreint l’auteur marseillais. Le soleil des mourants, ou l’histoire de la sombre dérive de personnes sans toit, depuis Paris jusqu’à Marseille. La lente agonie de personnes sans amour. Sans avenir. Ce roman, Izzo le publia en 1999, quelques mois avant sa mort, le 26 janvier 2000. Voici comment il le présentait : « Ceci est un roman. rien de ce qu’on va lire n’a existé. Mais comme il m’est impossible de rester indifférent à la lecture quotidienne des journaux, mon histoire emprunte forcément les chemins du réel. Car c’est bien là que tout se joue, dans la réalité. Et l’horreur, dans la réalité, dépasse – et de loin – toutes les fictions possibles. Quant à Marseille, ma ville, toujours à mi-distance entre la tragédie et la lumière, elle se fait, comme il se doit, l’écho de ce qui nous menace. » Quinze ans plus tard, Le soleil des mourants reste hélas un roman d’une brûlante actualité. Et pas seulement à Marseille…
… Le Vieux-Port, jusqu’à la mort de Rico, c’était ma balade quotidienne. Ma préférée. Un remède contre l’asphyxie – la ghoumma, comme on dit chez nous, quand les vieux ils nous coincent à la maison.
Je marchais jusqu’au Fort Saint-Jean, puis je tirais le long de la digue, vers l’entrée de la passe. Là où commence la mer. Avec l’horizon au fond. Et l’Algérie de l’autre côté, sur l’autre rive. Je me calais dans les rochers et, tout en fumant un bon pétard, je restais des heures à rêvasser.
Marseille, du moins de ce côté-là de la ville, ça m’a toujours rappelé Alger. Ce n’est pas que j’avais la nostalgie de chez moi, n’allez pas croire. Chez moi, ça n’existe plus. Je n’y refoutrai jamais les pieds. Alger, je veux oublier. Mais c’était juste que j’avais besoin de me raccrocher à quelques souvenirs. C’est tout ce qui me reste, quelques souvenirs.
Je n’étais pas le seul à venir les faire revivre ici. Des tas de types trainaient autour du Fort Saint-Jean, seuls ou en groupes. Pas mal d’Algériens comme moi. Mais aussi des Africains, des Turcs, des Comoriens, des Yougoslaves… Un mec, il voulait me revendre de la dope, il trouvait que Marseille ressemblait à Dubrovnik. » Ça ressemble à où on veut « , je lui ai répondu. Maintenant, pourquoi on débarque tous ici, les uns après les autres, c’est une autre histoire. Mais, vous voyez, je ne me suis jamais pris la tête avec ça.
Moi, tranquille dans mes rochers, je fermais les yeux, et je me revoyais avec mon copain Zineb, à l’Éden ou aux Deux-Chameaux, à nous taper des bains tout l’été. Et ça me faisait un bien fou de repenser à lui. De repenser à lui comme ça, à piquer des plongeons dans l’eau tiède du port. À crier, à rire. À siffler les filles… Ça me réconfortait bien, quoi. Et surtout, ça calmait mon envie de foutre le feu à cette putain de saloperie de planète. Faut dire que si j’avais les bonnes allumettes pour ça, le feu, il y a longtemps que je l’aurais mis…
@ Flammarion 1999
Illustration de couverture de l’édition J’ai lu : Joëlle Jolivet