Une vie avant MOTCHUS (8) des limaçons et un bada

 » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun ! «  Le sel de MOTCHUS c’est aussi de voir ressurgir un souvenir d’enfance au détour d’une grille et d’un mot trouvé. Hier, après deux bonnes heures de prise de teston et de pêche infructueuse, cet aigo-sau est sorti de sa cachette et a de suite ressuscité la voix de la marchande de limaçons qui passait chaque semaine en bas de chez nous avec sa marmite sous le bras. Nous habitions rue du Docteur Frédéric Granier, dans le quartier d’Endoume. Après deux années passées dans un tout petit appartement au Panier – les deux premières de ma vie – nous avions déménagé pour venir vivre chez ma grand-mère maternelle Zoé..  » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun !  » Je réentends Mémé Zoé le fredonner avec gourmandise ce refrain en provençal, sa langue maternelle, en descendant acheter ses limaçons.

MOTCHUS nous l’enseigne tous les jours depuis plus d’un an, le langage de Marseille ne saurait se résumer à quelques clichés pour quelques estrangers ou gens à accent pointu. En réalité, c’est bien plus sérieux que ça le parler marseillais. Pas vrai Pierre Échinard ?

Figurez-vous que mon Dictionnaire du marseillais fut victime – parmi tant d’autres livres – de l’inondation que nous avons subie chez moi en 2018. Je m’étais régalé de m’y promener. J’y avais découvert un moulon de mots, de définitions et de références. Il me servirait bien lorsque je rame fort le soir ou le matin en cherchant le MOTCHUS du jour. Il paraît qu’il est épuisé, mais mon petit doigt me dit qu’il y aurait encore moyen de se le procurer…

À la demande générale, comme c’est dimanche, voici un petit bada : le replay de ce feuilleton que j’ai pris plaisir de partager.

Bon, maintenant, je vous laisse, je m’en vais chercher le MOTCHUS du dimanche, très Mémé des Accates paraît-il ! Aïoli sur vous !

Une vie avant MOTCHUS (7)

Et si parmi les 1.800 mots que propose le Dictionnaire du marseillais, vous en choisissiez un, quel serait-il ? Vous me répondriez sans doute qu’ils vous plaisent et vous parlent tellement tous ces mots que ce serait péché d’en sortir un du lot. Pour Pierre Échinard, tout pareil. Lui, il en a choisi deux, bien jolis, que voici.

Pas encore remis de la pitoyable élimination de l’OM, j’en choisis deux moi aussi : pébrons et rointer

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (6) et après l’OM…

Par souci d’économie d’énergie, je ne m’étendrai pas sur le caractère visionnaire du mot estramassé raconté hier ici. Je préfère rester poli. Après la cagade majuscule de notre OM, ce jeudi fut noir de honte et notre colère, Camelus Blah la décrit tellement bien dans sa Canebière Académie qu’il n’y a rien à rajouter. Aujourd’hui, c’est sur une autre institution marseillaise, l’un des mots emblématiques de notre parler que se penche Pierre Échinard.

(à demain !)

Les 400 coups de MOTCHUS

Quel est mon mot de Motchus préféré ? Cette question, je me la suis posée hier-soir à l’apéro, en réalisant que nous en sommes aujourd’hui mercredi 23 février 2023 à l’épisode 400 du jeu de mots marseillais / provençaux qui nous régale – nous sommes 10.000 aficionados – et nous rend quelquefois bien fadas. 400 mots proposés déjà ! 400 jours que nous actionnons nos pauvres neurones sur Twitter pour trouver LE mot, ZE mot !
Chaque jour à minuit, une grille de six lignes apparaît. Toute bleue. Une initiale sur la première mais parfois aucune. Six lignes, donc six tentatives pour trouver le motchus du jour, pas plus. Un strike, et c’est la gloire, certains diront la sègue. Six échecs et boudiou, c’est la honte !
Il a deux papas, ce Motchus lancé en janvier de l’année passée. Un manieur de mots, Médéric Gasquet-Cyrus – @MedericGC – alias Médé, socio-linguiste à l’Université d’Aix-Marseille et un as de l’informatique, DenisBeaubiat, – @ze_armavi – alias Ze bobs, professeur de mathématiques au lycée Diderot.
Louons bien fort leurs mérites s’il vous plaît ! Non seulement ils nous ont trouvé une occupation ludique, une régalade quotidienne, une sorte de rituel – à minuit tapantes pour certains, à pas d’heure pour d’autres, – mais en plus ils ont réussi à créer une bande, plus ou moins organisée, qui aime le partage, l’échange, et qui cultive un vrai sens de l’humour. Motchus est à l’image de Marseille. Dès que tu fréquentes la ville, tu deviens Marseillais. Dès que tu te prends au jeu, tu deviens Motchusien. Et quelle palette de caractères dans cette équipe, mâtin !
Tenez, chez mes petits camarades de jeu – toutes et tous se reconnaîtront – vous avez les vantards, qui s’en croient quand ils trouvent de suite et font les roulades; les râleurs, qui marronnent de longue et prétendent que le mot du jour n’est parlé que par la Mémé des Accates; les timides, qui postent leur grille presque dans l’anonymat, sans le petit commentaire ou le petit émoticon qui va bien; les compétiteurs, qui sont là pour la gagne rien que pour la gagne ou le podium; les perfectionnistes, limite pessimistes, qui prennent de suite le 19 pour aller se jeter aux Goudes lorsqu’ils trouvent le mot en plus de deux coups; les scientifiques, qui tiennent à jour la liste des mots déjà sortis et se penchent sur les couleurs des grilles des collègues avant de jouer eux-mêmes; les paisibles, qui accompagnent toujours leur tweet par « Bonne journée ! »; les olympiques, qui se soucient peu du nombre de coups qu’il leur faut pour trouver parce que l’essentiel c’est de participer, et puis l’artiste, qui utilise souvent des mots de Motchus dans ses hilarantes chroniques sur l’OM. J’en oublie sans doute des collègues, mais pas grave. Parce que Motchus, c’est devenu comme une petite famille, avec ses personnalités, ses humeurs, ses faiblesses et ses talents. Et c’est pour ça aussi que nous l’aimons, ce jeu.

Revenons à la question initiale. Des mots de Motchus que j’aime, il y en a tellement que j’ai vraiment du mal à dire si je préfère estrasse à radasse, peuchère à couilletti, vier à pachole, espanter à furer, cabestron à cagadou, néguer à rointer… c’est bon, j’arrête. En fait, je les adore tous, ces mots du parler marseillais, ce langage populaire de notre Marseille, la ville où je suis né et où j’ai passé plus de la moitié de ma vie. Donc, hier-soir, au moment de me servir un second jaune, la panne, incapable d’en ressortir un du lot. Alors, j’ai décidé de jouer l’esprit d’équipe et de faire mon curieux. J’ai mené ma petite enquête sur Twitter auprès des motchusiennes et motchusiens dont j’applaudis les exploits ou rigole des cagades chaque jour. Et qui me le rendent bien. Je leur ai posé la même question, tè ! Contrairement à moi, elles et ils ne se sont pas échappé(e)s. Bravo à toutes et tous !

Voici le podium : sur la plus haute marche: « pénéquet » cité trois fois. Médaille d’argent : « fadoli » et « rasbaille » mentionnés deux fois. Médaille de bronze pour une ribambelle de mots à une citation : estrasse, chichourle, jobastre, aïoli, barjaquer, aguinter emporquéger, estranssiner, regardelle, vier, alibofis, escagasser, accidenti, sègue, gobi, aouf, caganis, stoquefiche, empéguer, maufatan, embouligue, cagade, tant, boucan, jobastre, radaguer, spigaou, furer, sans oublier le désormais célébrissime ayaaaaaaaaa !

Allez, je vous aïolise toutes et tous et longo maï ! Et puisse Motchus continuer de nous régaler encore longtemps !
Il paraît que Médé a encore plus de 3000 mots dans son cabas…

Remerciements aux valables qui ont gentiment accepté de participer à ma petite enquête pour fêter les 400 coups de Motchus : @jmleforestier @jemabon @LeoPurguette @JF_Trucchi @jeanpaul_kopp @christelle_chat @CathRicoul @clauderenard777 @migarosi @c_simondebergen @MaxJeanselme @GariGreuOfficiel @MarseillaisG @PatouStVictor @ChristianBosq @intwittoveritas @DevictotBatrice @sylanalys @CelineCapponi @VitalMaladrech @annieday @CamelusBlaah @jomasque @13AJLP13 @Oli1973 @learn_to_swim @lmildonian @SJancy et @MicheleRubirola

Rappel utile (ou pas) Motchus se joue sur Twitter ou simplement en cliquant sur

http://www.motchus.fr

Bonus : les tee-shirts Motchus à la one again s’achètent à la boutchique
http://www.boutique.motchus.fr

Un vrai Umarell marseillais

Umarell. J’ai découvert ce mot l’autre jour sur Twitter. Ne l’avais jamais entendu, mais il me plaît car avec ses deux « l ». Il sonne comme un mot catalan, un terme de la grande famille de l’occitan. En fait, Umarell vient du dialecte populaire de Bologne et décrit les hommes retraités qui passent leur temps à observer les chantiers de travaux publics, les mains jointes dans le dos.

Mon Pépé Paul – décédé en 1990 à l’âge de 90 ans – fut un vrai Umarell marseillais Je me souviens de ses escapades quotidiennes en trolley dans les années 60-70. Avec sa carte de la RATVM* au tarif retraité, il sillonnait Marseille de ligne en ligne et de chantier en chantier. Tunnel du Vieux-Port, construction du métro, rien ne lui a échappé. Au repas du soir, il nous faisait un récit détaillé de ses découvertes. Parfois, au lieu de m’accompagner à la mer ou de m’emmener à la pêche, Pépé me conduisait sur l’un des chantiers qui lui faisaient tant briller les yeux. Nous restions deux trois heures à bader le ballet des ouvriers sur les marteaux piqueurs, les grues et les pelles mécaniques. Je me souviens que nous ne disions mot devant ce spectacle et qu’au bout d’un moment, sentant que je fatiguais et me lassais sans doute un peu, il me lançait en roulant les « r » – allez Érrric, c’est l’heurrre de rrrentrrrer  !

Les chapacans qui nous gouvernent ne sont pas à une vilenie près : ils viennent de décider que c’est désormais à 64 ans, pas avant, que les travailleurs pourront partir à la retraite et donc entamer, s’ils le désirent, une carrière d’Umarell. Je ne vois guère qu’une grève générale pour tenter d’empêcher ces nuisibles de continuer à bousiller la vie des gens.

*La RATVM, Régie autonome des Transports de la Ville de Marseille, est l’ancêtre de la Régie des Transports de Marseille, aujourd’hui Régie des Transports Métropolitains

Photo d’illustration @Wikipedia : le trolleybus de la ligne 63 qu’empruntait mon Pépé au départ de chacun de ses périples. Il montait au Terminus Église d’Endoume près duquel nous vivions.

Trois fois clic clac et puis s’en va (28) Au pays des jouets…

Garçon Souris : – Il paraît qu’on s’en va aujourd’hui…

Fille Souris : – On s’en va où ?

G. – On se lève et hop !

F. – Comment ça, hop ?

G. – Le magasin rouvre, quoi !

F. – On redevient essentiels ?

G. – Il paraît que oui

F. – Et le virus alors ?

G. – Tout pareil

F. – Tout pareil quoi ?

G. – Il est toujours là

F. – Rien ne change alors ?

G. – Si, Noël approche !

F.- On va revoir le soleil alors ?

G. – Peut-être

F. – Pas sûr ?

G. – Il faudra se faire acheter !

F. – Et si personne ne veut de nous ?

G. – Nous resterons cloîtrés au pays des jouets

F. – On est bien quand même ici sur nos petits fauteuils

G. – Mouais… ça manque de vie, tu ne trouves pas ?

F. – La vie, c’est donc dehors que ça se passe ?

G.- La vraie vie, ce n’est pas dedans

F. – La vraie vie, c’est au-dedans de soi aussi

G. – Oui, oui. Mais pas de dedans de soi sans le dehors

F. – Tu philosophes maintenant ?

G. – Depuis le printemps, j’ai appris ; nous avons eu le temps de réfléchir, non ?

F. – Donc là, toi tu dis Youpi Tralala ?

G. – Je dis Ouf, surtout !

F. – Ouf, tu sais, c’est fou à l’envers…

G. – Oui, oui, c’est fou ! À l’image de nos vies…

Oui Oui au Pays des Jouets – Générique

Contribution #25 J’accueille aujourd’hui les photos et les mots de Delphine. Mille mercis !

Sur les hauteurs de Foix. De là-haut, rien n’a changé…

En suspension, hors du temps, retrouver la foi, miracle de la nature. 
Rien n’a changé.
Un jour, un jour – Jean Ferrat chante Aragon

Remerciements chaleureux à Claude, Dany, Mimi, Dominique, Éric, Josie, Chantal S. C. , Anne, Noémie, Christine, Zoé, Chantal H. , Romain, Georges, Joss, Momomi, Toshiko, Paule, Annick, Franck, Mireille, Patricia et Delphine pour leur amicale participation au feuilleton, en photos et en mots. Ce fut un grand plaisir de lecture et de partage.

(À bientôt…)

Trois fois clic clac et puis revient (27) Des oui et deux non…

Oui, ils nous bastonnent. Oui, ils nous passent à tabac. Oui, ils nous contraignent. Oui, ils nous humilient. Oui, ils nous serrent la vis. Oui, ils n’ont pas de figure. Oui, ils nous pompent l’air. Oui, ils se croient tout permis. Oui, ils nous épouvantent. Oui, la casse va être terrible. Oui, nous nous souviendrons que nous avons eu peur. Oui, nous avons honte. Oui, nous sommes en colère. Oui, nous gardons la foi. Oui, la vie retrouvera un visage paisible. Oui, un jour, ça finira par passer. Oui, la route se dégagera bientôt. Oui, nous nous reprendrons à chanter et semer ensemble. Non, nous n’oublierons pas. Non, nous ne pardonnerons pas.

Esperanza – Ryon

Contribution #24 J’accueille aujourd’hui les photos et les mots de Patricia. Grand merci.

Il renferme bien des secrets, le lac où baigne mon village. Bien des souvenirs aussi. Du temps où nous vivions dans l’insouciance. Comme en apesanteur, dans cette Haute-Provence baignée des dieux. Mais l’accord parfait de ce ciel et de cette eau nous donne confiance en des jours plus souriants, plus paisibles, plus joyeux, plus légers. Comme au temps d’avant…

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (26) Désir de mer…

Comme un soudain désir de mer, de flots, d’embruns, de vagues qui tapent, d’écume qui danse, de palmes et de tuba, de nage vers le large, d’yeux qui piquent, de rochers salés, de crabes qui pincent, d’algues qui glissent, d’arapèdes qui s’accrochent, de poissons qui promènent, de coquillages qui coupent, de bateaux qui croisent, de gabians qui crient, de soleil qui cuit, d’horizon qui se dégage. Désir, ô désir, calme-toi, mon ami ! Tempère-toi si tu le peux ! D’ici, la mer t’attend hélas bien au-delà des vingt kilomètres autorisés. Alors, prends le large autrement. Évade-toi sur d’autres voies et poursuis ton inlassable et pénible marche sur les sentiers de la patience…

Well You Needn’t – Thelonius Monk (Live à Paris 1961)

Contribution #23 Accueillons aujourd’hui les photos et le texte adressés par Mireille. Mille fois merci !

Malgré cette période difficile, je voudrais être optimiste car je me sens privilégiée tous les matins lorsque j’arpente toutes ces jolies petites rues du Roucas et que j’aperçois cette belle Méditerranée si bleue si calme et solitaire sans les bateaux. Je recharge mon esprit de positif et je reprends espoir. Alors je voulais partager ce moment de bonheur avec ceux qui n’ont pas cette chance. Bonne journée à vous tous !

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (25) Essentiel Moment…

Le Moment. C’est un bien joli nom pour une librairie indépendante. Laure et Olivier, les libraires de la commune où je vis l’ont choisi. Avant le re-confinement, il m’aurait fallu l’écrire au pluriel parce que j’y passais du temps au Moment. Régulièrement. C’était essentiel de venir y flâner, échanger avec eux, s’entendre suggérer une lecture, conseiller un auteur, partager un coup de cœur, se laisser tenter et souvent acheter illico. Essentiel, oui. Depuis début novembre, ces moments se sont fait forcément moins nombreux et surtout très fugaces. Il a fallu se résoudre au clique et collecte. À chaque fois, entrer pour payer, prendre le(s) livre(s) puis ressortir dare-dare. Très frustrant pour eux comme pour moi. Mais bon, pas question de se couper les uns des autres. Le lien n’est pas rompu et c’est déjà ça. La pile de mes livres commandés par téléphone puis collectés s’est agrandie et ça n’est pas fini. Provisions pour l’hiver et les mois de claustration supplémentaires qui se profilent. Essentiel aussi de bien prendre la mesure de ce que l’adjectif non-essentiel – nos gouvernants n’ont quand même pas osé imposer d’en fabriquer des étiquettes en grosses lettres à coller sur les vitrines – a pu et peut encore provoquer comme colère, dégoût, sentiment d’injustice et d’humiliation chez Laure et Olivier tout comme chez tous les commerçants * contraints de rester fermés depuis toutes ces semaines, sauf pour le clic and collect. Et même si les librairies et autres commerces – à l’exception des restaurants et des bars – pourront rouvrir ce samedi 28 novembre, il est essentiel de ne pas oublier qui sont les responsables de cet abandon majuscule. Pas de pardon pour ces saboteurs de la culture et de notre vivre ensemble, qui permettent sans état d’âme dans le même temps à Amazon de continuer à étendre son réseau en France.

 

Essentielles – Ibrahim Maalouf

* Quitte à être mis à poil par le gouvernement, on a choisi de le faire nous-même !

Olivier s’est associé aux commerçant.e.s et artisans solidaires – qualifié.e.s de non-essentiel.le.s – qui ont choisi de protester et de résister aussi en photo, lors d’une séance de pose qui décoiffe. Sauras-tu le reconnaître ?

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (24) Sur le vieux Bianchi…

Ressortir le vélo. Besoin de tourner les jambes, même condamné à rester loin de la montagne escaladée jadis mais aujourd’hui interdite. Me vêtir chaudement car ça commence à pincer. Tirer sur les cuisses quand ça monte un peu. Grimacer. Respirer plus vite. Plus fort. Souffler. Retrouver la bonne trajectoire vers le bas de la pente. Réentendre le petit clic clic clic métallique du pédalier en roue libre. Savourer le tout léger frottement de la chaîne sur les pignons en ajoutant quelques dents. Aller saluer en vitesse mes copines les brebis. Leur lancer quelques bêêêêêê. Sourire de leur indifférence. Me remettre en selle. Pédaler souple. Savourer l’air frais sur les joues. Revisiter le Ventoux et l’Izoard, par flashes teintés de plaisir et de souffrance. Me rappeler les si précieux mots de Franck et de son papa qui me portèrent un jour avec amitié jusqu’en haut de l’Aubisque et du Tourmalet. Un coup d’œil sur la montre. Me résoudre à m’arrêter au bout d’une heure. Maudire les interdits absurdes. Envoyer au diable les faiseurs de lois liberticides. Lancer ciao bello ! à mon vieux Bianchi en le remisant. Me languir de la prochaine sortie. Rêver à une randonnée tout là-haut avec mon ami. Accueillir sa photo et ses mots, pour la contribution #22 Mille fois mercis, Franckie !

photofrank

 » Ce n’était rien qu’un peu de miel, mais il m’avait chauffé le corps, et dans mon âme il brûle encore à la manière d’un grand soleil. »
Ne serait-ce qu’un instant, revenir dans le temps…

Chanson pour l’Auvergnat – Georges Brassens

(À demain, 8h30…)

 

Trois fois clic clac et puis revient (23) Onirique triptyque…

Comme une allégorie de nos vies confinées…

Parce que nous avons encore le choix des mots, allons-y, rimons !

Flic. Hic. Tique. Pique. Bique. Brique. Clic. Clique. Énergique. Économique. Sadique. Athlétique. Logique. Tique. Nique. Pudique. Tactique. Mécanique. Onirique. Bénéfique. Pacifique. Pudique. Philosophique. Psychiatrique. Poétique. Éthique. Politique.

À l’agonie – Massilia Sound System

Contribution #21 J’accueille aujourd’hui les photos et le texte postés par Annick. Mille mercis !

Quand l’heure du laitier ne veut plus rien dire

Quand Choupette dort encore

Quand personne ne sort si tôt, sauf les travailleurs du village

Quand le froid qui arrive à petits pas laisse les gens sous la couette

Quand le vent souffle fort

Quand les nuages se pressent à qui mieux mieux

Et que le jour se lève, lentement, offrant un décor de rêves à mes pensées bouillonnantes

Quand l’automne éclate de mille couleurs qui changent chaque jour pour mon plus grand bonheur,

Je sors Tzinky… tout simplement.

C’est mon rituel du matin ; café, pain grillé et chien, ça a de la gueule !

Tzinky je l’aime ; c’est ainsi.

Certains le trouvent collant, pénible ou têtu, mais moi je l’aime !

Je le sors chaque matin pour lui lancer la baballe ; car il est addict au lancer de balle ! Vraiment addict !

Chacun son truc !

Et finalement, en période de confinement, je trouve cette addiction fort sympathique !!!

Elle me permet de m’émerveiller chaque jour ; ciel, lumière, rivière, cailloux, branches, oiseaux…

Que la Nature est belle… 

N’hésitez pas à me mailer vos contributions : ericschulthess@mac.com

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (22) Ce serait Moby Dick…

allegoriemobydickDepuis quelques jours, me voilà plongé dans le roman fleuve d’Herman Melville et accompagné de Moby Dick presque partout. Longer de larges demeures aux murs tout blancs, elle apparaît en plein soleil. Entendre le vent s’engouffrer dans une ruelle, la voilà qui se met à souffler. Devant ce jet d’eau, tout en haut d’un boulevard au visage charmant et paisible comme celui de l’océan avant le surgissement de la blanche baleine géante, Moby Dick n’en finit pas de respirer par son évent. Au stade de ma lecture, le monstre n’est pas encore apparu mais je sais qu’il ne tardera pas. Je me languis de le découvrir. Pour l’heure, je navigue paisiblement sur un baleinier, juché au poste de vigie et je savoure le voyage :

« Les trois hauts mâts dont occupés constamment du lever au coucher du soleil, les gabiers de l’équipage y prenant poste à tour de rôle (comme à la barre), et s’y relevant de deux heures en deux heures. Sous les cieux sereins des tropiques, c’est chose extrêmement agréable que d’être de vigie ; non, non ! pour un esprit méditatif et rêveur, ce sont de pures et suprêmes délices. Vous êtes planté là-haut, à quelques cent pieds au-dessus des ponts où l’on entend plus rien, déambulant à travers l’océan comme si les mâts étaient pour vous d’immenses échasses ; cependant qu’à vos pieds, entre vos jambes mêmes dirait-on, naviguent dans les eaux les plus fabuleux monstres de la mer, exactement comme autrefois passaient les voiles des bateaux entre les bottes du célèbre Colosse de Rhodes. Vous êtes là, perdu dans l’infini de la houle incessante et le déferlement immense des vagues de la mer ; pas d’autre bruit que le souffle de ces eaux. Le navire en extase se berce avec indolence et lenteur ; des alizés, les somnolentes brises vous caressent ; tout en vous se fond et s’évanouit en langueur. C’est que vous êtes la plupart du temps, dans cette vie de baleinier du Sud, dans une sublime ignorance de tous les évènements : pas de nouvelles à apprendre ; nulle gazette à lire ; nul article sensationnel avec des titres à tout casser pour des banalités, qui vous entraîne en des excitations indues… »

Another Day In Paradise – Phil Collins

Contribution #20 Ce sont les photos et les mots de Toshiko, adressés depuis Kamaishi au Japon, que nous accueillons aujourd’hui. Grand merci ! ありがとうございます

Beau ciel ! Aujourd’hui, je suis allé à l’intérieur des terres. La préfecture d’Iwate possède l’un des observatoires astronomiques nationaux. Le directeur, le professeur Homma, est le représentant de l’équipe japonaise pour le Black Hole Photo Project lancé l’année dernière. Le ciel était très beau grâce au beau temps. Le paysage des rizières après la récolte du riz était aussi magnifique.

Trois fois clic clac et puis revient (21) Trois haïkus d’automne…

viignes

Les gros doigts de Pépé,

parmi les vignes nues

Sa chemise en sueur

vignes

L’automne avancé

Quelle vie mène-t-il,

mon voisin ?

Bashō

grues

Cet automne,

pourquoi ai-je vieilli ?

Oiseaux dans les nuages

Bashō

Autumn Leaves – Nat King Cole

Contribution #19 Place aujourd’hui aux photos et au texte adressés par Paule. Gratitude.

Et les jours s’égrainent, inexorablement. Ils passent dans notre vie comme passent les nuages dans le ciel, parfois teintés de rose, parfois de gris. Le temps qui s’écoule nous prive désormais de tous ces voyages improbables, de ces longues promenades sur des grèves oubliées, sur ces sentiers de montagne esseulés, sur ces plages lointaines où les alizés font frémir les grands filaos, sur ces larges avenues où les feuilles des platanes tombent en pluie dorée l’automne venu… Mais, peu à peu reviendra l’espoir de réaliser nos rêves d’évasion et de liberté. Soyons confiants. Le bonheur, il faut le goûter lorsqu’il est là, à portée de notre main, de notre cœur. Intensément, pour que son souvenir vienne adoucir nos jours de grande nostalgie et accrocher un sourire sur nos lèvres…

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (20) Au temps où il y avait encore des fêtes…

La petite mésange charbonnière m’a dévisagé un court instant lorsque je suis sorti de la boulangerie. La rue était très calme. Il faisait frisquet. Je ne sais plus si c’est son chant qui m’a fait dresser l’oreille ou si c’est le balancement de la branche sur laquelle elle était posée qui m’a capturé le regard. Peut-être les deux à la fois, dans la même seconde. Je me suis approché et hop, la mésange s’est envolée de l’autre côté du petit pont, pour se jucher tout en haut du poteau en fer forgé où l’on accrochait le panneau des fêtes, au temps où il y avait encore des fêtes. Je ne sais pourquoi elle s’est arrêtée de chanter dès lors que j’ai lancé mon regard vers elle, au pied du poteau. J’ai osé siffler quelques notes pour l’encourager mais ça ne lui a pas donné envie de tenter un duo. Alors, je me suis tu. Elle a lâché une minuscule fiente et a disparu au-dessus des toits.

 

Alone Together – Chet Baker

Contribution #18 Accueillons aujourd’hui les photos et le texte de Momomi. Mille mercis.

Qui a dit que la vie parisienne était stressante ? En temps normal, peut-être.
Mais quand on a de beaux couchers de soleil et que le chat me regarde travailler de mes mains, que voulez-vous de plus ?

(À demain, 8h30…)

 

Trois fois clic clac et puis revient (19) Nos petites lâchetés…

Redescendre sur terre. Revoir avec la nausée les violentes images de la répression des manifestants massés autour de l’Assemblée Nationale ce mardi, venus dénoncer le projet de loi de sécurité globale examinée par les députés. Relire Matin Brun, le livre de Franck Pavloff. Méditer sur nos petites lâchetés et nos renoncements… Remettre une bûche dans le poêle…

Extrait : « Ce matin, Radio brune a confirmé la nouvelle. Charlie fait sûrement partie des cinq cents personnes qui ont été arrêtées. Ce n’est pas parce qu’on aurait acheté récemment un animal brun qu’on aurait changé de mentalité, ils ont dit. « Avoir eu un chien ou un chat non conforme, à quelque époque que ce soit, est un délit. » Le speaker a même ajouté : « Injure à l’État national. » Et j’ai bien noté la suite. Même si on n’a pas eu personnellement un chien ou un chat non conforme, mais que quelqu’un de sa famille, un père, un frère, une cousine par exemple, en a possédé un, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, on risque soi-même de graves ennuis. Je ne sais pas où ils ont amené Charlie. Là, ils exagèrent. C’est de la folie. Et moi qui me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun. Bien sûr, s’ils cherchent avant, ils n’ont pas fini d’en arrêter, des proprios de chats et de chiens. »

Prélude de la Suite 4 pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach – Mischa Maisky

Contribution #17 J’accueille aujourd’hui la photo et le texte adressés par Josie depuis Pau, où d’ailleurs a eu lieu ce mardi-soir un rassemblement de protestation contre la loi de sécurité globale. Gratitude.

photojosie

Belle initiative à Pau. Les professionnels de la culture veulent dénoncer leur détresse. Et pourtant, permettre l’accès la culture est un important facteur à l’intégration sociale. Un très grand sentiment d’injustice pour eux et pour nous tous. L’art et la culture font du bien. L’échappée dans l’imaginaire et la sensibilité qu’ils procurent permettent à nombre d’entre nous de garder le cap sur l’espoir en ces temps difficiles. Il est donc légitime de nous demander si la culture et ses publics reçoivent tout le soutien qu’ils méritent de la part de nos gouvernants et de chacun d’entre nous à l’heure actuelle. Messieurs du gouvernement, revoyez votre copie !

Trois fois clic clac et puis revient (18) À volonté…

À quelques minutes à peine de la maison, grimper là-haut pour retrouver le banc au pied du chêne. C’est mon oloé préféré. Lorsque la pente se fait un peu plus forte, sur le petit sentier humide qui serpente, me reviennent à chaque fois les parfums et les sons des chemins de randonnée où se lançaient nos pas vers les sommets, au temps d’avant. Le cœur battait plus vite, plus fort. L’air offert se faisait plus frais. Plus léger. Parvenu sur le banc, le souvenir s’estompe et laisse place à la replongée dans les pages. Rien d’autre ne vaut plus alors que ce voyage-là. Près des oiseaux. Face au soleil. À volonté. Hors du temps imposé.

Like a bird – Leonard Cohen (Live in London)

Contribution #16 Voici les photos et le texte que m’a envoyés Georges. Mille fois merci.

Avec ma compagne, nous y montions sur cette montagne au temps d’avant. C’était une joie de marcher sur le sentier qui mène à cette grande dame de Provence. Le souffle toujours en contrôle, nous nous souvenions des tableaux de Cézanne et nous imaginions ceux que Van Gogh aurait pu dédier à cette merveille des merveilles. Aujourd’hui, les couleurs de ces toiles nous aident à garder l’espoir de retrouver bientôt le chemin de Sainte-Victoire.

Continuez à m’adresser vos photos et textes sur cette adresse mail : ericschulthess@mac.com Grand merci !

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (17) Pour un temps seulement …

Parfois, tu marches, le regard vissé sur la pointe de tes chaussures, et tu peines à relever la tête. Colère sourde au fond de la gorge face aux libertés qui rétrécissent. Lassitude des jours empesés. Faux rythme infusé par la claustration. La flemme aussi qui rode et n’attend qu’un signe pour te gangréner le cycle des heures. Le temps de soixante petites minutes tu avances et tu rumines. Tu racles semelles, tu piétines quelques cadavres de feuilles, tu envoies valdinguer un caillou, une pigne, un bout de bois atterri là va savoir quand et comment. Et puis survient l’embellie. Tu ne t’y attends point lorsqu’elle t’incite à te taire dedans, à te redresser et à oser pointer le regard là-haut, là où jamais personne n’osera te demander de montrer papiers ou patte blanche. Tu clignes des yeux, tu t’émerveilles et tu t’écries – ciel, ces cieux ! Alors tu restes là, tu te poses, tu te juches sur le plus haut sommet de lumière possible, tu survoles le plus haut des nuages et tu oublies qu’avant qu’il ne soit trop tard, il te faudra surveiller ta montre, redescendre et t’en accommoder. Jusqu’au jour d’après. Peut-être toucheras-tu alors du doigt la chance qui est tienne de te voir offert tant de grâce, en dépit des pesanteurs présentes, des menaces qui approchent et des colères contenues. Sans doute pour un temps seulement. Carpe Diem, te prendras-tu à murmurer. Mais jusqu’à quand ?

Shine On You Crazy Diamond – Pink Floyd

Contribution #15 J’accueille aujourd’hui les photos et le texte adressés par Romain. Mille mercis.

En effet, on est pas les plus à plaindre, et notre rythme n’a pas tellement changé. Je travaille toujours et nos sorties quotidiennes avec Noon sont toujours de mise, avec un peu de verdure proche de la maison, même si nous sommes en ville !

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (15) Ne pas se laisser abattre…

Que voulez-vous, nous étions affamés. De paroles, d’échanges, de discussions autour d’une même table. Au grand air. Longtemps que nous n’y avions goûté. Même pas deux semaines de confinement, et déjà au fond de nous, le sentiment que ça fait des années… À cet isolement forcé qui nous renferme dans nos cases, au fond de nos coquilles, nous avons décidé de tirer la langue. De l’envoyer promener. Alors, C. a fait des crêpes, L. et W. ont apporté le cidre, nous avons invité D. et tous les cinq nous nous sommes régalés. Les choses partagées font du bien. Plus que jamais, ne pas se laisser abattre.

Piece of my heart – Janis Joplin

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (14) Retour de flamme…

De l’aube claire jusqu’au crépuscule, les heures filent leur laine de silence. Dedans, le feu et son murmure. Comme un retour au monde d’avant. Le feu vit sa vie de feu et ça console un peu du morne automne. Dehors, la ville apprend à se taire. Tant de rideaux baissés. Tant de volets clos. Et ces pas furtifs croisés sur les trottoirs humides où se faufilent des silhouettes masquées. Demain, une aube claire encore, et des heures à espérer un grand retour de flamme.

Concerto pour violoncelle d’Elgar (1er mouvement) – Jacqueline Du Pré (violoncelle) avec l’Orchestre Philharmonique de Londres, dirigé par Daniel Barenboïm

Contribution #12 J’accueille aujourd’hui les photos et les mots de Zoé. Mille mercis.

Sortie de nuit, temps suspendu
Plus personne dans les rues
Je suis seule et il est tard
Je n’entends rien, ne vois personne
Toute la ville s’est teintée de violet
Ma couleur préférée
Je me balade dans les rues
Bercée par Apocalypse de Cigarettes After Sex
Un brin mélancolique
Perdue dans mes pensées
Je passe près de cette vitrine
Des nains colorés me font un doigt d’honneur
Un sourire, une photo et me voilà repartie
Stranger In the Night de Sinatra dans mes oreilles
Je ne suis plus seule dans la ville.

Stranger in the night – Frank Sinatra

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (13) Rester bien sage…

poupoules

  • Monsieur le coq : – Tu l’as écouté Castex, hier-soir ?
  • Madame la poule : – Euh, non, je couvais tranquille. Mais j’ai entendu Mireille dire à la voisine que rien n’allait changer pour les quinze prochains jours
  • C. – Rien de rien ? Un peu de souplesse ? Un peu de mou ?
  • P. – Non ! Rien de rien. Les règles du confinement ne changeront pas
  • C. – Ah bon ? Et les commerces alors, toujours fermés ?
  • P. – Fermés, oui ! Les librairies, les fleuristes, les esthéticiennes, les coiffeuses, les salles de sport, tout ce qui est soi disant non-essentiel ne redeviendra pas essentiel. Il faudra patienter encore pendant au moins quinze jours avant d’espérer que ça bouge
  • C. – Et les bars et les restos ?
  • P. – Non-essentiels il a dit Castex. Enfin, il a fait comprendre que pour eux, pas d’embellie avant une paie…
  • C. – Et ensuite ?
  • P. – Ensuite, tu veux dire à l’approche de Noël ?
  • C. – Bè voui !
  • P. – Bè là, ça pourrait changer, c’est bien possible. Enfin, si on reste bien sages, bien gentils. Si on remplit bien nos déclarations de sortie, tout ça. On pourra aller dépenser nos sous ailleurs que sur internet. Mais après les fêtes, basta ! L’essentiel redeviendrait non-essentiel
  • C. – Une histoire de fous, non ?
  • P. – Ma foi, oui. Mireille a dit à la voisine que ça n’est pas près de s’arrêter…
  • C. – Ils nous prendraient pas un peu pour des c… ?
  • P. – Un peu beaucoup, oui, ça c’est sûr et certain !

Sûr et certain – Tonton David

Contribution #12 J’accueille aujourd’hui la photo et le texte adressés par Claude. Grand merci.

poulesclaude

On est dans une basse-cour où tout le monde caquette en même temps.
Je ne vois pas l’utilité d’y ajouter mes propres caquètements et de me mettre à hurler avec les poules ! (Tant pis si l’image est osée)
Cela suffit aujourd’hui, on entend tout et n’importe quoi et sur tous les sujets.
Finalement, je préfère le caquètement de mes poules et le cocorico de mes coqs.

Toy – Netta

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (11) Pour combien de temps ?

Je me faisais la réflexion hier en marchant vers les jardins partagés de la commune pour déposer les déchets verts dans le bac à compost. Pas le moindre coup de feu aux alentours. Pour l’instant, je n’ai vu ni entendu aucun chasseur là où je promène chaque jour pendant mon heure règlementaire. Ou dérogatoire, je ne sais plus trop. Ce silence bienfaisant pourrait ne pas durer puisque pour des raisons d’intérêt général, la chasse est autorisée. Ils ont osé, oui. Depuis leurs bureaux et leurs salons dorés, ils ont osé donner leur feu vert à une heure de détente cygenétique, bref, aux coups de feu sur les sangliers, les cerfs, les chevreuils, les lapins, entre autres gêneurs de l’ordre public…  Honte à eux ! Aux dernières nouvelles, la secrétaire d’État chargée de la biodiversité n’a pas osé interdire la fréquentation des jardins partagés. Un silence inhabituel y règne. Une vraie détente que de s’y balader et d’y contempler les fleurs et légumes. En écoutant les oiseaux. Rêve éveillé. Parenthèse enchantée. Pour combien de temps ?

Le Cygne – (Le Carnaval des animaux), de Camille Saint-Saëns, par Gautier Capuçon (violoncelle), Katia et Marielle Labèque (piano)

Contribution #10 Place aujourd’hui aux photos et aux textes de Christine. Mille mercis.

En cette belle lumière automnale quelle surprise de découvrir tant de beautés, de fleurs et de fruits dans mon jardin. Les jolies roses jaunes de printemps continuent de dévoiler leurs couleurs même en cette saison, juste à côté du fruit d’automne, l’olive. Tant de fruits sur ce petit arbre qui ne donneront pas d’huile mais peut-être quelques olives salées pour l’apéro, partagé entre amis, hélas sur les réseaux sociaux uniquement… en cette triste période de confinement.

(À demain, 8h30)

Trois fois clic clac et puis revient (10) Fragile espérance…

bambous

Muraille de bambous

Remplie d’êtres vivants

Désir de Chine.

bambooo

L’espérance fragile

En nos jours confinés

La vie d’après ?

La course de chevaux – Lang Lang (piano) et Guao Gan (erhu)

Contribution #8 J’accueille aujourd’hui les photos et les haïkus adressés par Noémie. Grand merci.

nono1

Sortie éphémère

Sable, mer et ciel doré

Une éclaircie au loin ?

nono2

Ciel lourd et pesant

Réalité déformée

Seul est le phare.

(À demain, 8h30…)

Merci de continuer à m’adresser vos photos et textes : ericschulthess@mac.com

Trois fois clic clac et puis revient (9) Si et seulement si…

tas

Une question, ce tas, si tu es curieux

Un constat, si tu es lucide

Un regret, si tu vécus non-loin

Un cauchemar, si tu t’attardes

Une collection, si tu retombes en enfance

Un projet, si tes mains sont d’or

Une montagne, si et seulement si tu continues de rêver.

La Marelle (Amarelinha) – Rosemary Standley et Dom La Nena

Contribution #8 J’accueille aujourd’hui les photos et le texte que m’a adressés Anne. Gratitude.

À plus d’un kilomètre, rendre visite à Maryse. Il fait beau, personne sauf une dame qui vit peut-être ici, un arrosoir en main. Au loin, des bruits de travaux. Devant, une corneille. Le monde n’existe plus, surtout pas celui d’après, à plus d’un kilomètre.

(À demain, 8h30)

N’hésitez pas à continuer de m’adresser vos photos et textes : ericschulthess@mac.com

Merci à toutes et tous !

Trois fois clic clac et puis revient (8) Va-nu-pieds…

chaussureslété

Elle est colère la marchande de chaussures tout près de chez moi. Et elle le fait savoir. Tout comme le libraire, la fleuriste, la coiffeuse, entre autres commerçants de proximité non-alimentaires, elle n’a pas le droit de recevoir de clients. Du coup, confinement oblige, on commande sur le pas de la porte et on n’entre – sur la pointe des pieds – que pour passer à la caisse. Déclarés non essentiels, ces commerces sont traités comme des va-nu-pieds par des technocrates parisiens bien au chaud dans leurs Derbies ou leurs Richelieus.

 

Blue Suede shoes – Elvis Presley

Contribution #7 J’accueille aujourd’hui la photo et le texte de Chantal. Mille mercis.

sanglierchantal

Quelque peu dérouté notre sanglier !
Il m’a dit, au creux de l’oreille, ne pas comprendre de voir si peu de monde depuis une semaine.  
– Ne t’inquiète pas, lui ai-je répondu, les gens sont confinés pour réfléchir à laisser la nature en paix, te protéger, toi et tes amis animaux, protéger notre mère nature et inventer un nouveau monde meilleur.
– Enfin ils ont compris que c’est leur dernière chance, il m’a répondu …

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (7) Tu parles…

Lire la suite « Trois fois clic clac et puis revient (7) Tu parles… »

Trois fois clic clac et puis revient (6) Éphémères…

« … J’ai rêvé d’une fleur, qui ne mourrait jamais… J’ai rêvé d’un amour qui durerait toujours… Pourquoi, pourquoi faut-il hélas que sur la Terre… Les amours et les fleurs soient toujours éphémères ?… » Je fredonne souvent cette chanson de Moussu T e lei Jovents – paroles d’Alibert – quand je promène – dans mon rayon d’un kilomètre autour de la maison – en croisant toutes sortes de fleurs dont j’ignore pour la plupart le nom. En fleurs comme en arbres ou en oiseaux, c’est fou ce que je suis inculte… Ce confinement me le fait davantage toucher du doigt.

Éphémères. Je trouve qu’il sonne joli ce mot. Propice à quelques rimes, à quelques jeux de sons, quelques mélis-mélos de sens. De bref passage ici-bas sont les fleurs comme nous autres les humains. Si ne l’étions pas, les garderions-nous longtemps en amour ? Pendant combien de temps nous resterait le goût d’en savourer les charmes ? 

 

Petite fleur – Claude Luter et son orchestre

Contribution #5 Place aujourd’hui aux photos et au texte adressés par Josie. Grand merci.

Si la vue du ciel rouge et bleu vous remplit de joie, si les fleurs des champs ont le pouvoir de vous émouvoir, si les choses simples de la nature ont un message que vous comprenez, réjouissez-vous, la vie est belle !

Continuez à m’adresser vos photos et textes : ericschulthess@mac.com Merci à toutes et tous !

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (5) Où tout paraît plus beau…

làhaut

Pendant ce court instant de pause en altitude, à quoi penses-tu, toi l’ouvrier qui surplombes la ville ? Au vertige que tu maîtrises ? Au travail qu’il te reste à accomplir pour gagner ta journée ? À l’attestation de déplacement dérogatoire oubliée chez toi ce matin avant de partir au boulot ? À tes enfants serrés comme des sardines dans leur salle de classe ? À la bibliothèque rénovée qui bientôt ouvrira sur ce chantier et aux livres que tu viendras y chercher ? Aux arbres que tu domines du regard et qui nous observent en silence depuis des années et des siècles ? Aux montagnes que tu aperçois sans doute, là-bas ? Ces montagnes où il se raconte et se chante que tout paraît plus beau ?

Là-haut – Ryon au Festival No Logo BZH 2019

Contribution #4 J’accueille aujourd’hui la photo et le texte envoyés par Éric. Gratitude.

photoéricchague

Quelque part au-delà de l’arc-en-ciel

Bien plus haut

Et les rêves dont tu as rêvés

Un jour dans une berceuse

Quelque part au-delà de l’arc-en-ciel

Les oiseaux bleus volent

Et les rêves dont tu as rêvés

Ces rêves se réalisent

Un jour je ferai un souhait en regardant une étoile

Me réveillerai là où les nuages sont loin derrière moi

Où les ennuis fondent comme des gouttes de citron

Haut au-dessus des cheminées, c’est là que tu me trouveras

Quelque part au-delà de l’arc-en-ciel les oiseaux bleus volent

Et le rêve que tu oses faire, pourquoi, oh pourquoi pas moi ?

Oui, je vois les arbres verts

Et les roses rouges aussi

Je les verrai pousser pour toi et moi

Et je me dis en moi-même

Quel monde merveilleux !

(À demain, 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (2) Bénédiction et apparition

 

 

 

 

Fleurir la mémoire de nos disparus et croiser soudain un prêtre, goupillon et petit seau d’eau bénite en mains, affairé à bénir les tombes et à prier pour les morts avec les vivants. Scène inédite pour moi, ma foi. Qu’en ont-ils pensé, mes défunts, de ce service sur mesure ? Je me le suis demandé en rentrant à la maison. Mémé Zoé, très catholique, a dû apprécier. Pépé Paul, protestant non-pratiquant, a probablement regardé ailleurs. Maman, qui perdit la foi à la trentaine, a sans doute haussé les épaules sans un mot. Papa, athée mais passionné de religions, a préféré j’en suis sûr, la Sarabande de Bach que je lui ait fait écouter au pied du Jardin du souvenir.

Contribution #1 J’accueille aujourd’hui la photo et le texte que m’ont adressés Claude et Dany. « Une apparition« . Grand merci.

Nous étions tranquillement confinés à la maison, quand tout à coup, est arrivée une famille bizarre. Ou tout du moins dans un accoutrement particulièrement bizarre. Nous avons eu peur. Mais vite après nous avons sorti l’apéro, et tout est rentré dans l’ordre.
La vie est drôlement faite : finalement la Covid 19, ce n’est pas le plus effrayant…
Il y a aussi la fête d’Halloween ! Restez chez vous ! Fermez la porte à double tour !

Photo et texte @Claude&Dany

Merci de continuer à m’adresser vos contributions sur ericschulthess@mac.com

(À demain 8h30…)

Trois fois clic clac et puis revient (1) Un oloé

Nous revoilà donc coupés les uns des autres. Pour un mois au moins. À nouveau confinés. Chacun chez soi et la peur du virus pour tous. Au printemps dernier, vous vous souvenez que notre désir de maintenir le lien entre nous s’était raconté en musique. Ensemble, nous avions fait vivre ici au quotidien « Trois petits tours et puis revient ». Nous avions partagé chaque matin des airs et des chansons. À distance mais ensemble, nous les avions découverts et fredonnés. Ce feuilleton sonore fut souvent joyeux. Mélancolique parfois. Poétique et émouvant aussi. Nous nous étions sentis moins seuls au fond de nos confinements. Je nous propose aujourd’hui de prolonger ce chemin commun non plus en sons mais en images et en mots. « Trois fois clic clac et puis revient », ça pourrait s’appeler.

Chaque jour, nous pourrions photographier ce qui nous entoure lors de notre « déplacement bref, dans un rayon maximal d’un kilomètre autour de notre domicile… » Nous pourrions partager ici une, deux ou trois de nos photos, accompagnée(s) d’une légende ou d’un poème, de quelques lignes de notre choix, histoire de faire découvrir aux autres le tout proche environnement de notre lieu de vie confinée et ce qu’il nous inspire.

Je vous propose d’accueillir vos photos et vos textes sur ma boîte mail ( ericschulthess@mac.com) et de les publier ici chaque jour à 8H30.

Allez, en ce premier jour de novembre, j’ouvre la voie de ce deuxième feuilleton et vous espère au rendez-vous demain et chaque jour, aussi longtemps qu’il nous faudra patienter avant de pouvoir à nouveau nous revoir en vrai et nous serrer dans les bras.

Marcher sous le soleil d’octobre. Oublier un instant toute contrainte. Faire fi de ma colère. Respirer profondément. Sourire à l’automne encore tiède et à cet oloé couleur ciel. Une heure, c’est bien court pour se poser ici. Manquerait du temps pour bouger les gambettes. Se promettre de revenir en savourer la quiétude, livre en main, dès que possible. Et pourquoi pas y  faire sonner mon violoncelle un de ces quatre matins…

Photo du haut @ZoéSchulthess

(À demain 8h30…)

Onze à la douzaine

onzeheuresdusoir

 

 

Les mots pour le dire

« J’ai entendu onze coups. Onze. Plus qu’un seul et c’en sera fini de ce jour. Onze fois résonnent. Onze. En toi tu le prononces ce mot. Onze. C’est un son grave qu’il produit. Onze. Il y a aussi ce ze qui est joli. Si tu le répètes en accélérant tu te crois auprès d’une cigale. Si tu espaces le tempo tu aperçois une petite scie. Si tu la dis continuo cette petite syllabe, tu revois l’écriture du sommeil dans les bulles d’un BD. Ze c’est aussi ainsi que les tout jeunes enfants se nomment quand ils parlent d’eux-mêmes. Les grands disent défaut de langue. Les grands passent à côté du charme parfois. Les grands ne jouent plus souvent avec le je. Onze. Onze. Onze coups de cloche au-dessus de la ville. Plus qu’un seul et c’en sera fini de ce jour à la douzaine. »

Si tu rêves de silence…

canisses

Si tu entends la mer au-delà, franchis la frontière. Si tu oublies son parfum, recrée-le. Si tu crois qu’elle n’existe plus, invente-la. Si tu te souviens des obstacles, avance. Si tu sais le chemin, ne fais pas demi-tour. Si tu n’y parviens pas, regarde plus haut. Si tu remercies le ciel, n’oublie pas la terre. Si tu as peur du vide, écoute les oiseaux. Si tu désires la paix, accueille la. Si tu rêves de silence, offre le.

 

Le chant des oiseaux – Camille Thomas

Shanghai est un petit feu

petitfeuShanghai

Tu tombes en pleine rue sur un petit feu peut-être un brasero tout rond et déjà bien rouillé surplombé d’un bidon noir
tu demandes au Monsieur si c’est pour préparer le thé qu’il l’a allumé il ne te répond pas ne te sourit pas te dévisage comme pour te faire comprendre que tu le déranges
il a raison tu le gênes c’est peut-être un rituel précieux une cérémonie en plein air cette sortie de son logis pour lancer son feu et chauffer son eau dans le bidon alors tu t’éloignes
peut-être aussi as-tu mal prononcé le thé chá et ce faisant en te trompant as-tu lancé un mot méchant ou pas beau alors que ce chá qui s’énonce en remontant la voix joyeusement est une merveille de mot

tu voudrais revenir le lui dire comme il faut mais trop tard le Monsieur a disparu derrière l’épaisse fumée alors tu te consoles en t’appliquant à répéter à voix haute huō qui s’écrit et signifie le feu très facile à écrire et drôlement joli aussi dans son extrême dénuement.

Shanghai est un cahier d’écriture

 

cahierécritureLe cahier vert t’attendait patient bien au chaud dans ton sac à dos de voyageur curieux
il savait les mots déjà écrits et laissés en repos
il les avait oubliés un peu comme pour offrir plus tard lorsque le désir rejaillirait la joie de la redécouverte

cadeau silencieux et précieux

les pages quadrillées attendaient tes mains et tes yeux émerveillés
tu te souviens tu nommes à nouveau tu hésites aussi et parfois ta mémoire te fait défaut
tu acceptes ton immense petitesse face à la masse des mots
puis tu te remets à faire danser le crayon sur le papier et oses sans tarder orner le silence de ces sons et de ces tons

en confiance

à présent certains mots te sourient comme jadis ils réapparaissent paisibles depuis les cachettes où ta mémoire les avait déposés
tu en découvres de nouveaux et tu mesures l’immense chance de nommer le monde autrement.

L’au-revoir

aurevoir

Au-revoir
au-revoir
l’avouer
l’ire erre
la virer
rouler la roue
voir le rio
avoir le rare
relier le lierre
la vie ravie
la vraie
lalala
lalalaire

La rivière

riviere

Rivière
rivière
vire vire
l’aval
vrille arrière
la ville varie
elle lève l’avarie
l’air ravi
irai errer
verrai le vivier
laverai le rare ver
vive le rire
la vraie vie

Nivellement

nivellement

Nivellement
nivellement
le vil ment
il mine le lin
net
il le lime en miette
lente envie mienne
elle vient
vite le vin
mille et mille
vieille ville en vie
vive le vent tien

Guirlandes

Guirlandes

Guirlandes
guirlandes
en l’air
le dernier druide
guide le désir de gui
seul dans la lande
gai
agile
il danse alangui
le saluer
le langer
se lasser
garer la grue
la reluire de lie
engager la suie
lire la saillie
ruiner le suaire
enlaidir les darnes grasses
graisser les dards
enrager la laie
saler les lards gris
ranger les salades
relire les grades
glisser la drisse
nager
gagner la raie
guili guili
aglagla

La crèche

lacrèche

Crèche
crèche
chère crèche
le hale rare
hèle le char
cache ce hara
crache ce lac
relâche ce lâche
racle le cercle
carre la cale
hache le chacal
crac
clac
haha

La rouille

rouille

Rouille
rouille
relire le rôle rare
rouler la lie
louer la ruelle
leurrer la roue or
aïe
la raie aillée rira
relou le roi roro râlera
loule le raillera
lol

Hibernation

hibernation

Hibernation
hibernation
tentation nette
noter ton teint noir
narrer ton brio
trier ta bio
boire ton bain en entier
hein
biner
braire
roter
niet
renier et bannir notre nation nantie
tarir notre rente
taire notre tain
rater notre train
borner notre bonnet
tirer notre taie
barrer notre trait
honnir notre honte
et renaitre

Les poireaux et les pioupious

poireaux

Poireaux
poireaux
lire aux prairies
puiser les eaux
replier les pipeaux
serrer les roseaux
pousser le sureau
repasser les pailles
exiler la poix
saper les appeaux
appeler les oiseaux
parler aux poules
puis riper
partir piller les rois
liasser les ripailleurs
plier leurs axes
piler les pires preux
lisser le luxe
parer les rixes
passer la lie
saler les rassis
laper les plaies
puis le soir
lueur
espoir
puiser les ors roux
peler les poires au sirop
peu repus
se relaxer
perles
se plaire
se lisser la peau
laisser les saxos rire
priser la paix pour les pioupious
prier

Le migrateur

reflet

Migrateur
migrateur
trime
gare
la ruelle
tuera
le rat git
la truite rame
le tigre mugit
la grue tire et le rate
lutte
ma mie
trie la lie
grime
et remue la lame

Peupliers si peu épuisés

Peupliers
peupliers
relier
les peuples
épier leurs peurs
puiser leurs sels
piller leurs rues
piler leurs pulpes
puis repus
se replier
pleurer
prier
sire
lire
si peu épuisés

Ce miracle

luneet feuille

Juste avant la naissance du crépuscule il arrive que des mots s’échangent en silence d’arbre à ciel et de feuilles à lune toi aussi tu parles au chaud de ton désir que tes yeux s’ouvrent demain encore sur ce miracle.

Misteriosa Rosa Barba

CAPC_Rosa_Barba_web

Trois minutes de mystère
avec l’Italienne Rosa Barba
et son intallation « De la source au poème »
proposée récemment au CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux

devant l’art contemporain
comme devant toute forme d’art
j’essaie toujours
de mettre mon cerveau de côté
de faire appel à mes sens
de me concentrer sur la perception sensitive des œuvres proposées
avant de tenter
dans un second temps
d’y associer des mots

pas changé de démarche
face à l’œuvre de l’artiste sicilienne
pas cherché à comprendre
seulement à me plonger
au cœur de la nef du CAPC
m’immerger sans préjugés
sans clichés
sans présupposés
et puis me laisser prendre
au fil des minutes
par les mots et les pensées suscités

obscurité
mystère
suspens
inquiétude
perte
abandon
deuil

et surtout ne pas souscrire
au facile et stupide jeu de mot
moulte fois ressassé
Art contemporien

Illustration de ci-haut @RosaBarba

Quand les mots humains manquent

img_2383

Parfois
quand les mots humains manquent
je m’échappe aux côtés des animaux
je tends l’oreille
à bonne distance
et je retrouve le tempo de l’enfance

Cascade de mots de nous trois #3

Nous ne pouvons résister, avec Zoé et Marius, mes deux jeunes enfants, à la tentation de jouer au jeu de la cascade de mots.

Cette fois encore, plaisir et sourires au rendez-vous.

Voici le troisième épisode

Parmi les mots de Francis Royo

Face à la mer tu te prends à voguer
vers main gauche, là-bas
bien plus loin que l’Orient
à l’extrémité de la carte
sur l’île au sol tourmenté
si souvent secoué de spasmes
de vagues géantes
tu respires profond et navigues parmi les mots
inventés par feu Francis Royo

Cascade de mots de nous trois #2

Avec Zoé et Marius, mes deux jeunes enfants, avons joué à nouveau au jeu de la cascade de mots.

Nous nous sommes bien amusés.

Voici le second épisode

Cascade de mots de nous trois #1

Avec Zoé et Marius, mes deux jeunes enfants, avons commencé à jouer au jeu de la cascade de mots.

Amusant, beaucoup. Déconcertant, un peu. Touchant, parfois.

Voici le premier épisode

Tormenta

neigeNewYork

New York City
Nueva York
cesser de mâchonner ici
recracher le chewing-gum sans suc
langues chaudes
rabâcher les sept syllabes
se les mettre en bouche et en nez
saliver
jouir jusqu’à l’envol
New York City
Nueva York
Snowzilla
blizzard
congères
neige jusqu’au bas ventre
Ground Zero mais haut désir
baisers à la pelle
empoigner
plonger
prendre
soulever
coups de reins
lancer loin
tracer passages
racler jusqu’au goudron
souffler
New York City
Nueva York
grelotter près des clochards
traîner parmi les errants
lèves gourdes
yeux gelés
partager un café
revenir aux mots
prononcer
New York City
Nueva York
puis tormenta
tempête en espagnol
tormenta.

Photo @AP/Julio Cortez

Manquer

manquer

En manque de désir d’écrire fus longtemps
en panne de mots,
flux à l’arrêt, tu sais

– Man, que me dis ?

Oui, dénué de sons et de couleurs, à court de souffle
tout vide, en cale sèche
du coup, resté à quai, clavier grippé, écran muet
rendez-vous des carnets séché

Jusqu’à ce lever de matin doré de janvier
sang en accéléré
feu relancé

Neuf mois jour pour jour après, passage à l’acte désiré

Cette éclipse, de peu manqué la prolonger
pas loin de louper encore le train d’écriture
wagon vide, gares désertes, tant de voies sans issues
jusqu’à ce frémissement de voix jailli de dedans l’obscurité

À quelques battements de cœur près, nous nous serions encore manqués, qui sait ?

Tenter, s’il te plait, oser.

Le feuilleton du parler marseillais #1 Peuchère

Peuchère. Le pauvre. Jean Échinard est l’un des auteurs du remarqué Dictionnaire du Marseillais, publié il y a près de dix ans. Historien, membre de l’Académie de Marseille, il a co-signé l’ouvrage riche de plus de 300 pages consacrées au parler de Marseille du début du XXe siècle à nos jours. Pendant 8 jours, Jean Échinard viendra nous raconter quelques mots choisis de ce parler populaire encore bien vivace dans sa (ma) ville natale. (à suivre)

Dans le Petit Monde de Nicolas Esse

Regarder les nuages qui passent avant d’aller mourir. Il a suffi de cette invitation juste en dessous du titre de son site – Le Petit Monde de Nicolas Esse – pour que je me laisse séduire. Ce quinqua né en Suisse ne manque ni d’humour, ni de poésie, ni d’un sens aigu du tragique. Il se définit comme lecteur précoce et compulsif. Ralenti par le besoin de dessiner dans les marges, ajoute-t-il en déroulant sa bio. Ça tombe bien. Les marges m’attirent depuis l’enfance. Les ai longtemps préférées aux pleines pages. Elles me troublent et me captivent souvent. Et puis dessiner avec des mots est un plaisir que je partage avec cet auteur dont j’ai découvert il y a quelques semaines la savoureuse série Épitaphes Utiles pour ne pas être pris de cours en cas de mort imprévue. Épilation du langage, le texte lu ici, met du rythme et de la pensée sur ce que nous sommes sans doute quelques uns à déplorer : l’affadissement des mots, la paresse intellectuelle, la fausse pudeur de la parole, les raccourcis faciles, la récurrente et affligeante mollesse de l’expression individuelle et médiatique. Du coup, je me laisserai bien tenter un de ces quatre par la lecture à voix haute – et jubilatoire à coup sûr – de quelques uns de ses billets publiés par exemple dans la catégorie Vu sous la jupe des étoiles, Gialloverde ou Ze English Coin. Au fait, l’entrée dans Le Petit Monde de Nicolas Esse c’est par ici.

a. il/leurs / Le poétique et sonore #VaseCommunicant de Candice Nguyen

Avec Candice Nguyen, nous partageons un pays de connaissance qui s’appelle Marseille. Depuis plus de vingt-six siècles, notre ville est le pays de tous les accueils et de toutes les mescles. De tous les ailleurs.

Ailleurs. Regardez-le bien ce mot. Pouvez jouer avec lui. Il a deux ailes. Singulier, il s’écrit comme un pluriel. Il est tourné vers les autres. Vers leurs ailleurs.

Ce mot, nous l’aimons tant que nous avons choisi de le célébrer comme une fleur à créer et à composer comme il nous plaît. À déposer dans nos deux vases communiquants. Chacun dans l’espace de l’autre. En ce mois de juin 2014, je suis heureux et fier d’accueillir l’ailleurs poétique et mystérieux inventé par Candice. Raconté en mots et en musique. Une musique venue d’un ailleurs lointain puisqu’il est australien.

J’ai reçu ce vase avec ravissement hier à mon retour d’Afrique. Cette Afrique d’où j’ai ramené le mien que Candice me fait l’honneur d’accueillir chez elle.

Un chaleureux merci à Brigitte Célérier, qui mois après mois veille avec grande attention et générosité aux rendez-vous des vases.

Remerciements aussi à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – . Sans eux, les Vases Communicants n’existeraient pas. Ce projet est simple et beau : le premier vendredi du mois,  chacun écrit et publie sur le blog d’un autre. Un autre de son choix à inviter selon son envie. La circulation est horizontale, histoire de produire des liens autrement. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. Si cette aventure vous tente, faites le savoir sur le groupe dédié sur Facebook, sur Twitter ou sur le blog http://rendezvousdesvases.blogspot.fr, qui vous permet aussi de circuler à votre guise entre les vases.

 

 

Livres de ma vie / Dictionnaire des mots rares et précieux #4

Verbes à foison dans la langue française. L’une de ses richesses. Peut-être la plus précieuse. Le verbe teinte. Nuance. Il invite au voyage. Dans l’espace et dans le temps. Difficile à conjuguer parfois mais on lui pardonne. En voici trois, en D. Comme deviner ou débroussailler. À vous de faire rouler les dés.

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DÉBACLER, v.tr. Mar. Faire sortir d’un port les vaisseaux vides afin de permettre aux bateaux pleins d’y venir décharger à leur tour.

DÉCOMPOTER, v.tr. Agric. Modifier l’ordre dans lequel se suivent les semailles et les fumures.

DUIRE, v.tr. Vieux mot qui a signifié accoutumer, dresser, et qui ne s’est conservé que dans le vocabulaire de la fauconnerie, où l’on dit duire un oiseau pour l’apprivoiser et lui enseigner à chasser.

Livres de ma vie / Dictionnaire des mots rares et précieux #3

Mots déguisés. Mots caméléons. Mots qui prennent un malin plaisir à nous induire en erreur. De nous entraîner sur de fausses pistes. Mots mosaïques. Précieux et mystérieux. Planqués derrière leur parure trompeuse. En voici trois en C. C comme cache-cache.

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CANON, n.m. Archéol. Pot à onguent. // Art. vétér. Partie de la jambe du cheval comprise entre le genou et le boulet. // Cost. Ornement d’étoffe attaché au bas d’une culotte, parure fort en vogue au XVIIIème siècle. // Techn. Corps d’une seringue. Pièce de la serrure qui reçoit la clé. Partie forée de la clef. Bâton de soufre. Instrument à l’usage des repasseuses pour tuyauter les dentelles. Tuyau de la plume d’oie. // Imprim. Nom donné à des caractères d’imprimerie qu’on emploie principalement pour des affiches. // Métrol. Petite mesure pourles vins d’une capacité d’un huitième de litre.

CARCAN, n.m. Collier d’orfèvrerie autrefois porté par les femmes.

CATIN, n.m. Bassin de réception du métal en fusion dans les fours à réverbère.

Livres de ma vie / Dictionnaire des mots rares et précieux #2

Mots de métiers, mots de labeur, mots qui soulignent un défaut, une anomalie. Mots qui se rapportent à l’écrit, à son histoire. La lettre B en regorge. En voici trois, pour la bonne bouche.

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BATTITURE, n.f. Se dit des petits fragments de métal incandescent qui jaillissent sous les coups du marteau de forge.

BLÉSITÉ, n.f. Vice de prononciation proche du zézaiement et consistant à substituer une consonne faible à une plus forte

BOUSTROPHÉDON, n.m. Paléogr. Manière d’écrire alternativement de droite à gauche et de gauche à droite, à l’imitation des sillons d’un champ. Les plus anciennes inscriptions grecques sont en boustrophédon.

Copyright @  les Éditions 10/18, sous la direction de Jean-Claude Zylberstein

Livres de ma vie / Dictionnaire des mots rares et précieux #1

Toujours aimé les mots. Pour leur sonorité surtout. Bavard depuis le berceau, toujours raffolé des mots dits, dictés, criés, lâchés en douceur ou énoncés. Et puis les accents. Tous les accents. Le pointu de Paris, le traînant de Corse, le brut de Lorraine et surtout les accents venus d’ailleurs. D’autres pays. Mon grand-père zurichois roulait les r et promenait des sonorités germaniques que j’adorais. Jesùs, mon ami de Valencia a du mal avec les g et les v. J’admire sa volonté d’apprendre. Son application. Je déteste les gens qui se moquent du français parlé avec les accents du monde.

J’aime aussi les mots qui ouvrent des horizons poétiques ou mystérieux ou les deux à la fois. Les mots rares. Ceux que l’on n’entend plus. Ceux que je n’ai jamais entendus. Dont j’ignore le sens. Rares et précieux. Rassemblés dans un petit dictionnaire où je me plongerai de temps en temps ici en vous invitant à picorer avec moi quelques pépites.

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ABROUTI, E, adj. Bois abrouti : dont les pousses ont été broutées par le bétail.

ACCON ou ACON, n.m. Navig. Chaland de faible tirant d’eau. // Embarcation utilisée dans les parcs à huîtres et à moules // Petit bateau plat permettant d’aller sur les vasières.

ALLEMANDERIE, n. f. Techn. Atelier de forge où l’on tranforme le fer en barres calibrées.

 

Copyright @  les Éditions 10/18, sous la direction de Jean-Claude Zylberstein

Soudain, de la grêle partout

L’orage n’a duré qu’une poignée de minutes. Suffisamment pour coiffer la ville d’un blanc grêlé qui nous a fait retomber en hiver. Dans le ciel gris sale, j’ai lu comme un écoeurement teinté de vilaine pitié pour ce pays, notre pays, – et notamment ma région – qui se laisse meurtrir sans trop broncher par les assassins d’horizon.

horizon

Cette photo est signée Candice Nguyen. Elle l’a postée sur Twitter dimanche-soir depuis Marseille. Comme moi, elle voyage avec les mots, les sons et les lumières du monde. Je vous recommande son superbe blog. C’est par ici.