Prolonger le délice jusqu’à la mer

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De chacune de ses balades, Nicolas Esse donne à voir une photo, postée sur Twitter, avec deux seuls petits mots pour accompagner : à vélo. Aussitôt, me voilà en Suisse à ses côtés. Il y a souvent un lac, des coteaux, des champs de blé, des mélèzes, des collines et des montagnes avec encore de la neige au sommet. Nous sommes en terrain de beauté. Paisible. Nous montons et descendons. J’imagine l’effort et le plaisir. C’est délicieux. Il y a une dizaine de jours, je trouve ce texte sur son site : Le Tour de rien : Jusqu’à la mer. Tiens tiens, je me dis ! Il est allé jusqu’à la mer ! Pour prolonger le délice, le lire à voix haute.

Le Tour de rien : Jusqu’à la mer

 

Photos @NicolasEsse

Le tocsin éternellement ?

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Encore le tocsin hier matin tout près de la maison ces deux notes lancées en boucle par les cloches novembre déroule sa peine il n’y a que Bach pour me consoler m’empêcher de trop m’enfoncer sur le sentier glacé du chagrin penser aux chers disparus partis trop tôt penser à la mort à la mienne dans longtemps ce serait bien désir d’aller respirer dehors aussi de marcher vers les tombes au pied des arbres et juste avant de sortir presque par hasard mais existe-t-il vraiment le hasard tomber sur ce Tweet énigmatique de Nicolas Esse dont j’apprécie la poésie les photos de rando à vélo au bord du Lac Léman il me semble et puis l’humour décalé

Nous ne sommes pas faits pour mourir éternellement forcément je clique vers son site je lis le billet et je partage à voix haute

 

une fois le texte lu et enregistré et mixé je réalise que Nicolas Esse le publia en décembre 2014 à peine un peu plus de deux mois après le départ de Maman trop tôt envolée vers l’autre monde je suis sûr qu’elle aussi aurait été touchée par ces mots puissants ces vérités glaçantes sûr qu’elle non-plus n’aurait pas désiré mourir éternellement…

Dans le Petit Monde de Nicolas Esse

Regarder les nuages qui passent avant d’aller mourir. Il a suffi de cette invitation juste en dessous du titre de son site – Le Petit Monde de Nicolas Esse – pour que je me laisse séduire. Ce quinqua né en Suisse ne manque ni d’humour, ni de poésie, ni d’un sens aigu du tragique. Il se définit comme lecteur précoce et compulsif. Ralenti par le besoin de dessiner dans les marges, ajoute-t-il en déroulant sa bio. Ça tombe bien. Les marges m’attirent depuis l’enfance. Les ai longtemps préférées aux pleines pages. Elles me troublent et me captivent souvent. Et puis dessiner avec des mots est un plaisir que je partage avec cet auteur dont j’ai découvert il y a quelques semaines la savoureuse série Épitaphes Utiles pour ne pas être pris de cours en cas de mort imprévue. Épilation du langage, le texte lu ici, met du rythme et de la pensée sur ce que nous sommes sans doute quelques uns à déplorer : l’affadissement des mots, la paresse intellectuelle, la fausse pudeur de la parole, les raccourcis faciles, la récurrente et affligeante mollesse de l’expression individuelle et médiatique. Du coup, je me laisserai bien tenter un de ces quatre par la lecture à voix haute – et jubilatoire à coup sûr – de quelques uns de ses billets publiés par exemple dans la catégorie Vu sous la jupe des étoiles, Gialloverde ou Ze English Coin. Au fait, l’entrée dans Le Petit Monde de Nicolas Esse c’est par ici.