Une frise de feu strie la montagne
L’air doux chuchote la chute
Ombres voilées en danses libres
Cligner des yeux, incrédule
Esquisser un chemin d’ailes noires
Une fois encore promené par les oiseaux.
Étiquette : oiseaux
Les entends-tu ?
Si tôt de retour –
comme ivres de fatigue,
les grues sauvages.
Tissue N7, Philippe Glass, par Camille Thomas au violoncelle
Hiver #5 Gabian, yachts et kamikazes
Sur les hauteurs de Cannes j’ai croisé un gabian paisible juché sur une murette et qui contemplait la ville. Il n’a pas bronché lorsque je me suis approché pour lui demander où il nichait, s’il avait des petits, s’il appréciait la vue depuis le Suquet. Il a juste esquissé quelques pas de côté quand il a vu que je cherchais à percer le mystère de son œil jaune assorti à son bec et ses pattes palmées. Puis il est allé se poser en contrebas sur un petit mur en briquettes bistres comme des tomettes. J’avais encore quelques questions à lui poser, alors je suis descendu vers lui sans me presser, en savourant la lumière vive de janvier au bord de la Méditerranée. Lorsque j’ai voulu prendre place à ses côtés, il s’est envolé. Je l’ai photographié. J’aurais bien aimé qu’il m’offre son rire acidulé, mais même pas. J’ai seulement entendu remonter de la ville des cris d’écoliers à la récré et une sirène de bateau de retour des Îles de Lérins. Un de ces quatre, il faudra que j’aille goûter au silence qui entoure les moines de l’Île Saint-Honorat. Les gabians y vivent nombreux paraît-il.
Un autre matin s’est levé sur les yachts alignés le long de la jetée Albert Édouard, derrière le Palais du Festival. Désertés pour la plupart. Vides de présence humaine, vigiles et agents d’entretien exceptés. Pavillons multicolores, odeur de fric, éclats de luxe, relents de paradis fiscaux. Silencieuse nausée rythmée par le frottement à peine exaspéré des cordes et des bouées sur les coques rutilantes en bord de quai. Culbute de mots et de rime pauvre dans ma tête. Voyage, sabotage, partage, ravage, dommage, abordage.
Mon écoute-podcast de la semaine. Des mots d’adieu à la radio. D’ultimes poèmes avant le départ vers la mort. L’émission L’Expérience sur France Culture les donne à découvrir : « Tombez, fleurs de cerisiers » : 1945, derniers mots de kamikazes japonais. Bouleversant voyage sonore autour des nombreuses lettres adressées à leurs familles, leurs enfants, leurs amis par de tout jeunes soldats, au dernier jour de leur courte vie, la veille de leur ultime mission à bord de leurs avions-suicide. Ces poèmes pour quitter le monde prolongent une tradition aristocratique et lettrée, pratiquée jadis par les moines et les samouraïs.
Envie de rester encore un peu au Japon, et de partager ces trois merveilles dénichées sur Twitter, signées Keizaburo Tejima (Les cygnes), Shiho Sakakibara (Le prunier et la mésange) et Kiyoshi Niiyama (Le temple sous la neige).
Hiver #3 Partitions et lectures en tous genres
Se sentir un peu ours sur les bords. Ou marmotte. Tortue aussi. Penser l’hibernation tout en promenant. Deviner soudain les petites taches noires sur la partition embrouillée des nuages. Imaginer une destination à ces nuées d’oiseaux. Près de l’océan, là-bas.
De retour, retrouver James, mon cher violoncelle. Une bonne heure. Comme chaque jour. Réviser les morceaux déjà appris : L’Ave Verum de Mozart, la petite berceuse de Brahms (Wiegenlied opus 49, N°4) et puis Das Blümchen Wunderhold de Beethoven. Pour la première fois, réussir à jouer ce petit lied sans crisper les lèvres, en cherchant le plus de relâchement possible dans les bras, les doigts et notamment main droite, celle qui tient l’archet. Sentir James vibrer contre ma poitrine et le haut de mes cuisses. Plaisir physique. Mesurer les progrès à toutes petites touches. Peut-être ce mois-ci, la découverte de la quatrième position. Vraiment hâte, mais… apprendre le cello, c’est une école de patience et d’humilité.
Non-loin du poêle, prendre le temps d’écrire. Retravailler Mireille la Trompettaïre et Aimé le cantonnier avant d’envoyer les deux textes à Céline pour traduction en provençal. Lire dans le semainier d’Anne Savelli « trouver enfin un éditeur ou une éditrice pour Volte-face, mon livre sur Marilyn Monroe ». Bauduennois.e.s anonymes et Norma Jean Baker, même combat… Continuer de fuir les news – télé, radio – , lire dans Le Monde Diplomatique un article passionnant consacré à la résurgence de l’antisémitisme en Allemagne et aux politiques de mémoire instrumentalisées par l’anticommunisme. (https://www.monde-diplomatique.fr/2021/01/COMBE/62660 ) Et puis retrouver avec bonheur, en podcast, Paul Auster, invité de la Masterclasse d’Arnaud Laporte, sur France Culture. « Je crois qu’il faut beaucoup lire et beaucoup vivre pour écrire », confie-t-il. Ça me plaît bien. Vivant je me sens, malgré le mode hibernation. Et lecteur vorace aussi, de jour comme de nuit. Ce n’est pas Herr Edgar Hilsenrath qui dira le contraire.
Hiver #1 Oiseaux et bain de mer
Entamer l’hiver nouveau auprès des oiseaux, près de la mer et du long étang où quelques pêcheurs tuent leurs heures, ignorés des canards et des poules d’eau. M’extirper des espaces de la ville où suintent la claustrophobie et la phobie tout court. Mesurer mon incapacité à nommer les êtres qui volètent et s’agitent autour des barques. Me contenter de suivre leur ballet et de savourer l’acidité de leurs petits cris. Ne comprendre rien de rien à un langage vivifie l’humilité, nourrit l’imagination, excite la curiosité.
« Pourquoi les oiseaux chantent » Dévorer cette petite merveille de livre – recommandé par mon libraire – et en ressortir sans voix devant le profond mystère de la création. Noter que les oiseaux chantent parce qu’ils s’aiment, se haïssent et voyagent. Retenir que pendant la Grande Guerre, Jacques Delamain tint son Journal d’un ornithologue. Extrait : « Les Moineaux piaillent, pendant que le bruit des 75 déchire l’air. Le Rossignol de muraille fait entendre sa note triste. Un 77 allemand tombe à une cinquantaine de mètres du bureau. Un Merle chante dans le lointain. Une Hypolaïs polyglotte chante sous le départ des coups de 90. Je remarque pourtant qu’une interruption de deux ou trois secondes a lieu aussitôt après la détonation, mais pas toujours. Par contre, une Fauvette des jardins ne suspend pas sa petite strophe commencée sous un coup de 90… » Delamain offre une initiale majuscule à chacun des oiseaux observés. Respect.
Le premier soleil d’hiver étire les secondes et lance quelques poignées de lumière en plus. Oser un bain de mer. Nager sans compter les minutes. Interroger un souvenir lointain : mes cheveux dans la mer. Le confronter au présent : mon crâne nu entenaillé d’eau frisquette. Tirer la langue au temps qui file, aux saisons qui défilent et replonger sans retenue. Face à l’horizon, tenter de visualiser le rallongement des jours vers le printemps. Déjà.
Trois fois clic clac et puis revient (20) Au temps où il y avait encore des fêtes…
La petite mésange charbonnière m’a dévisagé un court instant lorsque je suis sorti de la boulangerie. La rue était très calme. Il faisait frisquet. Je ne sais plus si c’est son chant qui m’a fait dresser l’oreille ou si c’est le balancement de la branche sur laquelle elle était posée qui m’a capturé le regard. Peut-être les deux à la fois, dans la même seconde. Je me suis approché et hop, la mésange s’est envolée de l’autre côté du petit pont, pour se jucher tout en haut du poteau en fer forgé où l’on accrochait le panneau des fêtes, au temps où il y avait encore des fêtes. Je ne sais pourquoi elle s’est arrêtée de chanter dès lors que j’ai lancé mon regard vers elle, au pied du poteau. J’ai osé siffler quelques notes pour l’encourager mais ça ne lui a pas donné envie de tenter un duo. Alors, je me suis tu. Elle a lâché une minuscule fiente et a disparu au-dessus des toits.
Alone Together – Chet Baker
Contribution #18 Accueillons aujourd’hui les photos et le texte de Momomi. Mille mercis.
Qui a dit que la vie parisienne était stressante ? En temps normal, peut-être.
Mais quand on a de beaux couchers de soleil et que le chat me regarde travailler de mes mains, que voulez-vous de plus ?
(À demain, 8h30…)
Un petit Prrri réussi
On a souvent besoin d’un plus petit que soi… La tête vers le ciel, je me délecte toujours du ballet furtif des hirondelles. Il me remplit de joie. Surtout en ce moment. Elles sont plus nombreuses que les années passées. Vestige provisoire du temps du confinement ? Les enregistrer, ces demoiselles, pas compliqué. J’aimerais n’entendre qu’elles mais pas trop le choix. J’ai pris mon parti de capter aussi les divers sons de ma rue. Les travaux, la circulation, les passants, les autres oiseaux. Réécouter ensuite et repérer leurs fugaces Prrri Prrri Priii. Les photographier, c’est plus difficile. Hier, j’ai installé mon poste de guet sous une fenêtre et attendu l’instant, le cou un peu crispé à force. Failli me faire un torticolis. Désirais saisir la petite seconde de l’hirondelle. Son surgissement contre le nid lorsqu’elle déboule du haut du ciel pour nourrir ses jeunes. D’abord, je n’ai pas réagi assez vite. Hop, hop. Prrri Prrri Prrri. Présente au monde plus vite que son ombre la pitchounette. En à peine une seconde, la voilà qui était repartie. Prrri Prrii Prrri. Je déclenchais. En rafales. Mais sur les photos, rien de plus que la fenêtre, la corniche aux nids de boue brune et le ciel. Le temps de me moquer de mes réflexes très élastiques, je me suis souvenu que patience et longueur de temps… Quelques bonnes poignées de minutes plus tard, clic clac, j’avais réussi mon petit Prrri.
Allegro du Concerto pour 2 violoncelles en sol mineur RV. 531 d’Antonio Vivaldi, par Ophélie Gaillard et l’Orchestre Pulcinella
Les poireaux et les pioupious
Poireaux
poireaux
lire aux prairies
puiser les eaux
replier les pipeaux
serrer les roseaux
pousser le sureau
repasser les pailles
exiler la poix
saper les appeaux
appeler les oiseaux
parler aux poules
puis riper
partir piller les rois
liasser les ripailleurs
plier leurs axes
piler les pires preux
lisser le luxe
parer les rixes
passer la lie
saler les rassis
laper les plaies
puis le soir
lueur
espoir
puiser les ors roux
peler les poires au sirop
peu repus
se relaxer
perles
se plaire
se lisser la peau
laisser les saxos rire
priser la paix pour les pioupious
prier
Si j’étais un oiseau
Déniché cette merveille hier sur Twitter
Murmuraciones o el arte del vuelo: dos poéticos vídeos de estorninos https://t.co/vJi00MHlK8 pic.twitter.com/z0PJ4gPrqJ
— Cultura Inquieta (@culturainquieta) 10 décembre 2017
https://platform.twitter.com/widgets.js
Ces murmurations des étourneaux m’ont captivé un long moment me suis repassé en boucle ces images tournées par la cinéaste Jan Van Ijken puis ai écrit ces menus vers histoire de rester le plus léger possible pour qui sait apprendre un jour à m’envoler moi aussi
Si j’étais un oiseau
serais un étourneau
je danserais là-haut
avec tous mes potos
il ne ferait pas chaud
mais juste ce qu’il faut
nous partirions très tôt
entourés de bravos
comme un joli cadeau
offert par les badauds
Photo de ci-haut @CulturaInquieta
S’il te plaît
Ne me dis pas que ce fut un mirage non raconte-moi plutôt quels oiseaux chantaient là juste à côté de toi lorsque apparut cette merveille oui vas-y dis-moi leur plumage la taille de leur bec la grâce de leurs ailes dépeins-moi le dessin des écorces les nervures des feuilles la trame des rameaux d’où se lançaient leurs voix décris-moi s’il te plaît les secondes offertes à la peine du ciel lorsque tu pris ton envol vers là-bas.
Les grues sauvages
Hirondelles des matins clairs
Jamais ne vous arrêtez
joyeuses hirondelles
le tournis toujours me donnez
à tire d’ailes
j’entends là-haut vos tout petits
les becs offerts
criez criez donc les chéris
un jour aussi fendrez l’air
prisonnier de la pesanteur
je vous envie
jamais ne vivrai le bonheur
de frôler vos nids
hirondelles des matins clairs
jamais ne cessez de voler
que monte vers vous ma prière
pour l’éternité
Jacques a rejoint les oiseaux
Tu t’es envolé –
mon Jacques,
rejoindre ces oiseaux que tu aimais tant
De passage
L’amoureux des perroquets
Enfant, ses amis l’appelaient Jean-des-oiseaux
toujours entouré d’oiseaux il était
une vraie volière, sa maison
aujourd’hui, Jean-Michel-perroquet lui irait très bien
très bavard le Monsieur
et surtout amoureux des huit spécimen qu’il côtoie
de sa salle à manger à sa véranda
de sa cuisine à son jardin
parmi eux, Charlie, un perroquet amazone à front bleu
Voyageuses
Fendent l’air en triangle
les grues cendrées
de retour vers le nord
parfois font demi-tour
puis repartent à l’endroit
ivres sans doute de tant d’oxygène
de tant de caresses aux nuages
les salue et les envie, ces voyageuses
frileuses et courageuses
côtoient les vents et les courants
ne redoutent que les aigles
épousent les saisons
Migrateur
Puisqu’il faut rentrer
redescendre de la montagne
retourner sur le sol d’avant
non-pas cheminer à reculons
non
se placer dans l’autre sens
revenir dans les contrées laissées en friche
redessiner les contours effacés
laisser le ciel peser sur les silences et les cris d’ici
puisque l’heure sonne d’un nouvel abandon
chaque fois il le faut
oui
abandonner encore
toujours pareil
c’est
enfouir à nouveau le lien ténu avec la neige et la glace
gommer l’éclat des roches
rayer l’alphabet des écorces
écrire cette lumière et repartir
puisqu’il faut oser l’au-revoir
tourner le dos
quitter
couper
perdre
s’en remettre à présent aux calligrammes des migrateurs
redécouvrir leur grâce au-dessus des branches frêles
goûter les traces laissées aux pieds, aux doigts, au corps tout entier
puis, savoir se fondre dans les rêves de départ
Der Wanderer – Franz Schubert – chant : Dieter Fischer-Diskau – piano : Gerald Moore
De passage
En fugue
Je marche au soleil sur les traces évanouies des disparus
leurs pas passèrent ici, c’est sûr
mikado d’allées et venues
le sol sait
se souvient mais se tait
s’offre à la multitude
me baisse pour en saisir le sens
tenter
sans cesse surgissent les anciens
seuls
silencieux
en fugue, la substance des trépassés.
J’effleure à l’ombre les empreintes abandonnées des évanouis
leurs mains ouvrirent ces portes connues
claquèrent au mistral
résistèrent au mistral
les poignées recèlent stries de doigts mêlées
ont oublié les sésames
caresse le galbe pour extraire le code
tenter
toujours réapparaissent les enfuis
seuls
silencieux
en fugue, les atomes parfumés des perdus.
Je lance les yeux là-haut vers les oiseaux
le temps d’un clignement ont déserté les fils
bientôt il fera lune et à mon tour m’éclipserai.
Glenn Gould joue la Fantaisie & Fugue en Do majeur K394 de Wolfgang Amadeus Mozart
Au sommet des grands pins
Le printemps naissant
En attendant la fonte des neiges
De l’eau à profusion. Jaillissement brut sur les pierres. Les oiseaux n’osent approcher. La neige décore encore les branches. Guetter la délivrance. Patienter en relisant les haikus des grands maîtres.
« Dans la vieille mare
a coulé une sandale
tombe la neige fondue. »
Buson
« Si tienne est la neige
tu penses, légère elle sera
sur ton chapeau. »
Kikaku
Calligraphie tremblante
Elles sont passées sans prévenir
Bien au-dessus des toits
Calligraphie tremblante
Hésitante et pourtant
Points de suspension lancés dans le ciel bas
Comme un essaim éclaté
Une noria de nuages éparpillés au vent
Une flotte de barques accrochées à leur cap antique
De retour de pays plus chauds.
Mentons tendus vers ce large V gris foncé
Nous avons écouté les grues chanter.
Se rapprocher du printemps.
Les oiseaux te diront
Tu envoies des oiseaux
Prendre nouvelles d’ici-bas
Rien n’a changé tu sais
Rien de rien
À peine un peu plus de foncé
Aux paupières du monde
Aux commissures de la Terre
Et cette rage qui gronde
Cette rabia
Cette colère
Cette douleur
Juchées aux cimes
Cette misère
Abandonnée aux caniveaux.
Les oiseaux te diront
Tu n’en reviendras pas
Les guetterai encore
Leur sourirai
Tant que je puis sourire
En cet hiver mauvais
Qui souligne en miroir
Le cri de ton absence.
Je vous laisse avec les oiseaux
Blog en jachère. Nécessaire pause avant que le vent se lève à nouveau. Reviendrai dans quelques jours ou plus tard. Je vous laisse avec les oiseaux. Par ordre d’apparition, le Venturon Montagnard, l’Huitre Pie, la Grive dorée, le Troglodythe mignon et l’Océanite Tempête. Prenez soin d’eux. Pouvez en enregistrer vous aussi et me les garder au chaud pour quand je reviens…
Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #5
Le Vacher à tête brune et le Macareux Moine. Le couple du jour évoque le travail de l’homme et son besoin de prière. Il nous emmène à la campagne et à la mer. Le chant du premier est familier. Étrange celui du second. Oiseaux.net vous en dit plus sur l’un et sur l’autre.
Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #3
Le Chevalier Arlequin, le Rougequeue à front blanc. Les deux oiseaux du jour. Prononcer leurs noms à voix basse. Puis à haute voix. Puis écouter et réécouter leurs chants. Ne pas oublier de fermer les yeux. Recommencer à volonté. Pour prolonger ce plaisir, découvrir sur le site Oiseaux.net les portraits détaillés de l’un comme de l’autre.
Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #2
Chaque jour jusqu’au passage en 2015, s’envoler en compagnie de deux oiseaux. N’ont pas forcément grand chose en commun, si ce n’est le plaisir qu’ils me procurent lorsque je prononce leurs noms et découvre leur langage. Aujourd’hui, la Cigogne Noire et le Pouillot à grand sourcils sont mes invités. Pour prolonger la découverte, lire les fiches que consacre le site Oiseaux.net à la Cigogne Noire et au Pouillot à grands sourcils.
Vers 2015, s’envoler avec les oiseaux #1
Pour cheminer jusqu’à l’année prochaine, envie de légèreté. De grand air. De fêter les oiseaux. Ils nous accompagneront de leurs chants. Chaque jour, deux par deux. Sans forcément grand rapport entre eux. Excepté le plaisir de prononcer leurs noms et de découvrir leur langage. Pour commencer la série, voici le Pic Mar et le Sterne Hansel. Pour prolonger le plaisir, le merveilleux site Oiseaux.net vous présente le Pic Mar et le Sterne Hansel.
Promener sur le sentier de pluie
Marché deux bonnes heures en pleine campagne sous la pluie. Sentier jonché de feuilles. Flaques. Boue. Châtaigners et pins. Quelques petites bambouseraies. Quelques troncs d’arbres assassinés. Longé des fossés gorgés d’eau et un séchoir à tabac abandonné. Un peu de houx, nombre de bourgeons d’hiver et d’oiseaux frigorifiés. Comment font-ils tous ceux qui n’ont pas de toit ?
Les oiseaux du stade au crépuscule
Au crépuscule, accompagné Marius à son entraînement de foot. Quelques oiseaux aux premières loges du stade bordé de grands arbres et de quelques rues, avec le trafic routier en bruit de fond.
Duo matinal de hiboux
Apaisant. Fascinant. Merveilleux échange que ce duo de hiboux grands-ducs enregistré sous la pluie du petit jour par Martyn Stewart, spécialiste de fieldrecording naturaliste.
Une hirondelle en hiver
https://soundcloud.com/nobutosuda1101/a-swallow-in-winter
Un son d’hiver. Un nom d’oiseau. Alors que depuis deux jours ici dans le sud s’échappe de la buée de nos bouches lorsque nous parlons, j’ai voulu partager cette évocation poétique d’une hirondelle par Nobuto Suda. Le compositeur japonais nous entraîne en douceur dans le proche basculement vers l’hiver. Les hirondelles, elles, ont déjà pris le chemin de l’Afrique. Pour prolonger cette écoute, découvrir la richesse des oiseaux du Japon sur oiseaux.net et se replonger dans la lecture de haikus de grands maîtres japonais, Issa, Buson, Bashō, ou Sôseki
Sur l’aile du vent
Légère et lointaine
L’hirondelle
Natsume Sôseki (1867-1916)
Hirondelle, d’après Kano Naonobu (1607–1650)
Le silence noir sur le chemin tournant
De Serge Marcel Roche, l’auteur de ce poème Le silence noir, je sais peu de choses sinon qu’il vit en Afrique centrale. Peu importe après tout. Ce qui compte, c’est la beauté brute et grave qui imprègne ses textes. C’est l’ancrage bouleversant de ses mots et de ses vers sur la terre d’Afrique. Continent oublié, sacrifié, abandonné souvent, après tant d’années de pillage et de colonisation, l’Afrique de Serge Marcel Roche marche debout. Droite et fière. Douloureuse et légère à la fois. Et puis il y a les oiseaux. Ces oiseaux magnifiés par toute la tendresse du poète. Je n’oublie pas non-plus qu’il a publié Génésie et Lignages, deux oeuvres disponibles en téléchargement sur son site Chemin tournant. J’ignore dans quel pays vit Serge Marcel Roche mais je sais que c’est au bord d’un fleuve.
Serge Marcel Roche se rencontre aussi sur Twitter @Chemintournant
Approcher le Gabian du rocher noir
Ouvrir les fenêtres à l’automne
Ouvrir grandes ses fenêtres et respirer la campagne ariégeoise. Se retrouver face aux arbres avec plein d’oiseaux dedans. Savourer ce beau matin d’automne. Se dire qu’en bas, sur l’autre moitié du globe, le printemps installe son empreinte sur la terre comme au ciel. Rêver de s’envoler pour l’Argentine ou le Chili. Imaginer le Cap Horn. Revenir ici-bas la tête dans les nuages.
Les hirondelles du soir
En attendant le crépuscule, les hirondelles s’égayent au-dessus de toits. Haut elles volent. Leurs trissements descendent en flèche jusqu’aux maisons. Le temps d’une becquée à leurs petits et les voilà qui se lancent à nouveau vers les nuages où volent d’autres oiseaux. Plus gros et bien moins mélodieux.
Des oiseaux et des avions
Petit matin au sud de Paris hier matin. Un jardin en face de la chambre. De beaux arbres ouverts au vent de pluie, et des oiseaux heureux comme tout. Malgré le passage des avions tout là-haut. Entendre les oiseaux dès le réveil me met en joie pour la journée. Entendre les avions me donne encore un peu plus la bougeotte. Attise mon désir de voyage.
Les oiseaux du petit matin
Profusion d’oiseaux africains. Ils sont même réveillés avant le muezzin et son appel à la prière.
Livres de ma vie / Haiku. Issa #2
Une vie d’errance à observer le monde. Issa ne cessa de contempler la nature. À l’âge de 28 ans, il partit pour un pèlerinage à travers son pays. Crâne rasé et vêtu d’une simple robe. Il marcha pendant 7 ans. Entouré de fleurs, de vent et d’oiseaux.
« Hirondelles du soir
et pour moi un lendemain
sans le moindre but »
« Dans les fleurs de thé
ils s’amusent à cache-cache
les petits moineaux ! »
« Viens donc avec moi
et amusons-nous un peu
moineau sans parents »
Copyright @ Editions Verdier
Biscarrosse #3 Jacques, l’homme qui parle l’oiseau
Jacques, c’est mon beau-frère. Jacques a une âme de poète. Jacques écoute et partage. Jacques siffle du matin au soir. Mozart, Wagner, Pavarotti, La Marseillaise. Jacques parle aussi le langage des oiseaux. Dans la forêt de Biscarrosse, il a bien failli s’envoler les rejoindre là-haut. Jacques, j’en suis sûr, se transformera en oiseau lorsqu’il ne sera plus de ce monde-ci. Ce monde où l’on a tant de mal à s’ouvrir à d’autres langages. À se laisser séduire par la différence. À écouter ce qu’elle nous dit de ce que nous sommes. Pluriels dans ce monde de vivants.
Biscarrosse #1 / Parmi les pins
Biscarrosse. Sorti du sommeil de bonne heure par les oiseaux. Suis allé marcher parmi les pins et les fougères et j’ai écouté la forêt se réveiller. Là. Juste là.
Jeudi en campagnes
Tailler. Couper. Raser. Désherber. Faire propre. Éliminer. Faire joli. Se débarrasser des mauvaises herbes. Des pousses indésirables. Nettoyer. Supprimer. Dans la campagne béarnaise hier après-midi, je me suis rappelé qu’il restait encore beaucoup de travail avant que dimanche, nous retrouvions le goût de chanter.
Barbelés et nuage
Tas de fumier
Prier et encore prier
Jachère
Sous le vent, le carillon de bambou
Hier-soir, le mistral s’est levé et le petit carillon de bambou s’est agité sur la terrasse. Il m’a attiré dehors alors que je commençais à chercher le sommeil. Avant de m’endormir, j’ai écrit ces quelques lignes, à retrouver par ici.
Ce matin, le mistral dort encore. Le carillon s’est tu. Il a laissé la place aux oiseaux.
Les oiseaux sous la pluie
Surpris par la pluie, hier en fin d’après-midi. Vite se mettre à l’abri et se demander comment font les oiseaux pour continuer à chanter ainsi dans le froid…
Marie aux oiseaux
Chez Marie, il y a un jardinet dehors, un buffet avec de jolis verres dedans, des photos d’enfants aux murs et puis une voix malicieuse empreinte de bonne humeur. Marie est une dame béarnaise qui ne se séparerait pas de sa pendule pour tout l’or du monde.
J’ai oublié de vous dire que Marie fêtera ses 90 ans le 19 mars prochain.
Des cris et des mots d’oiseaux
Albatros à sourcils noirs, de quel rivage ramènes-tu ce fard sombre ? Encre de Chine ? Khool du Maghreb ? A quel bal es-tu invité ? Que connais-tu des yeux clairs des enfants et des visages sans regard qui peuplent nos villes ?
Pélican blanc, combien de grenouilles t’es-tu offertes pour ainsi imiter leur chant ? Et ces chiens qui aboient depuis ton noble jabot, t’ont-ils déjà raconté les chasses à courre et les traques brutales ?
Le site Oiseaux.net se consulte ici
Voler avec les oiseaux
Dans la forêt
Réveillé par les oiseaux
Aube rose et bleutée. Oiseaux. Ainsi me suis-je réveillé ce matin
Japon #3 日本 : les oiseaux de Kamaïshi
Ce matin de très bonne heure, j’ai marché jusqu’au domaine maritime de Kamaïshi, à quelques centaines de mètres de mon hôtel. J’ai entendu en chemin de drôles d’oiseaux au chant répétitif – en fait, la petite sonnerie qui équipe les feux verts de la ville – et puis des oiseaux en vrai, qui chantaient non-loin des bateaux et des travailleurs du port arrivant à l’embauche, dans ce port dévasté par le tsunami de mars 2011 puis reconstruit.
J’ai posté cette bulle sonore sur Bobler, hier-soir depuis le domaine portuaire de Kamaïshi.
Le garagiste oiseleur
Près du ruisseau
Sénégal # 3 « Le salut du jeune soleil »
Petit matin à Mbour, Sénégal. Réveillés par les oiseaux alors que se lève le soleil
677 espèces d’oiseaux – résidentes ou de passage – sont recensées au Sénégal
Le salut du jeune soleil
Le salut du jeune soleil
Sur mon lit, la lumière de ta lettre
Tous les bruits qui fusent du matin
Les cris métalliques des merles, les clochettes des gonoleks
Ton sourire sur le gazon, sur la rosée splendide.Dans la lumière innocente, des milliers de libellules
Des frisselants, comme des abeilles d’or ailes noires
Et comme des hélicoptères aux virages de grâce et de douceur
Sur la plage limpide, or et noir les Tramiae basilares
Je dis la danse des princesses du Mali.Me voici à ta quête, sur le sentier des chats-tigres.
Ton parfum toujours ton parfum, de la brousse bourdonnant des buissons
Plus exaltant que l’odeur du lys dans sa surrection.
Me guide, ta gorge odorante, ton parfum levé par l’Afrique
Quand sous mes pieds de berger, je foule les menthes sauvages.
Au bout de l’épreuve et de la saison, au fond du gouffre
Dieu ! que je te retrouve, retrouve ta voix, ta fragrance de lumière vibrante.Léopold Sédar Senghor (1906 – 2001)