Dans notre carnet des jours heureux

Plus de deux mois sans se voir, sans se parler autrement qu’au téléphone, sans rire ensemble. Arrive un jour beau où tout ceci devient lassant à force. Survient un jour béni où s’effacent les semaines de manque, où se gomme la distance pour se diluer dans un flot paisible d’instants à partager. Pour les savourer en beauté, avons choisi de randonner ensemble. Chacune et chacun sur son vélo équipé de la fée électricité. Ce fut une merveille de promenade en Hautes-Pyrénées. D’abord sur une voie verte, un ancien chemin de fer réhabilité, du côté de la Vallée des Gaves. Puis plus haut. Un peu plus haut. Tellement offerte à la splendeur qui nous entourait, cette escapade, que nous l’inscrivons dans le carnet des jours heureux. Au-dessus de nos silhouettes casquées, Le Cabaliros, le Viscos, le Hautacam. S’il vous plaît. Nous y revoir et nous réentendre pédaler, tranquilles, accompagnés par la paix de ces sommets.

 

L’air sent les foins et l’herbe coupée. Les maisons retrouvent du sourire aux façades. Les petits graviers crissent sous les roues. Un arrêt pour attendre les autres. La gourde sortie du sac à dos. Par là-haut, oui. Tu verras la vue qu’on a. Sentir la fraîcheur aux mollets aux passages à l’ombre. La route monte et tu lis Col d’Aubisque que tu gravis trois fois autrefois. Parlerons de Bahamontes plus haut. Toujours plus haut, l’Aigle de Tolède. Un virage et de l’herbe à hauteur de genou. Ici, c’est à main gauche. Le petit chemin mène à la chapelle. Dieu vous le rendra écrit sur la pierre blanche. Déguster le sandwich à l’omelette. Quelques noix de cajou. Un milan déploie ses ailes vers la vallée. Sa queue est échancrée. Une couleuvre se tortille à l’ombre d’une murette. Regarde, là-bas, le Pic du Midi. Des fontaines vivaces partout près des places. Refaire le plein des gourdes. Une bibliothèque de rue en face de l’arrêt de bus. Le soin accordé aux fleurs. Accueillir leurs couleurs. Mon Dieu, ce jaune pâle des roses. Les iris presque mauves. Les oiseaux ponctuent ton ascension. Voitures rares. L’entrée dans Gez-Argelès. Le village natal de Vincent. Une grande maison à la façade blanche. Plus loin en redescendant, la châtaigneraie aux kilos de cèpes en automne. Le champ pentu pour jouer au foot. Une enfance en regardant les cimes. L’école encore ouverte. Plus bas, fermées les mines de plomb et de zinc. Depuis des lustres. Allons voir ce petit lac, oui. Passage étroit. Avancer encore. Bientôt la redescente. Les freins font hiiii hiiii hiii. Jamais trop apprécié les descentes. Slalom comme au ski en soignant les courbes. Ouvrir le genou dans les virages comme Hinault. Retrouver le Gave de Pau et se poser pour déjeuner. Les tomates croque-sel. La tortilla. Le petit verre de rosé.

La promesse de se retrouver bientôt pour repartir ensemble.

Avant de se quitter, écouter Vincent chanter Bèth cèu de Pau.

 

Bach, Candice et Sama

grues

Pas un jour sans Bach violoncelle seul les six suites m’accompagnent en écriture Rostropovich Casals bien sûr et Queyras au jeu moins lyrique moins romantique disons davantage protestant l’écoute religieusement et l’emmène avec moi regarder les grues passer là-haut près des des traces fugaces laissées par les avions

un peu de Twitter aussi juste ce qu’il faut pour rester connecté avec celles et ceux dont j’aime la petite musique et justement hier un tweet de Candice Nguyen exilée à Montréal pour combien de temps je ne sais quand reviendra à Marseille reviendra-t-elle mystère mais savoir que tout le temps où je veux quand je veux sa merveille de site m’est ouverte

 

et donc ce tweet qui ouvre la curiosité « Un après-midi avec Sama, la DJ qui a ramené la techno en Palestine » et là je clique découvre l’interview de l’artiste dans Noisey son courage son engagement sa liberté de ton et en quelques minutes par la magie du Web passe du Québec à Ramallah en me disant que Twitter quand même c’est chouette j’écris quand même parce que souvent las me trouve devant la foire aux egos on s’aime mais surtout on aime qu’on nous aime vous me comprenez hein mais bon avec Candice c’est un autre feeling jamais déçu suis par sa curiosité sa poésie et son talent pour partager voilà à mon tour je partage avec plaisir les morceaux de Sama découverts alors que la nuit tombe ici qu’il commence à faire froid dehors moins beaucoup moins qu’à Montréal mais tellement chaud dedans comme à Ramallah cette musique c’est de la régalade.

https://soundcloud.com/sama_saad

 

Fenêtre à livres

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Sur le rebord de la fenêtre
ils attendent d’être choisis
livres en libre service
dormaient dans un coin
en attendant meilleur sort
après gros chantier à la maison
avec Chantal, ma femme, avons pensé qu’à la lumière du grand air
seraient plus heureux
plus ouverts à la vie qui va
aux passants qui passent
aux histoires à découvrir et à partager

Le monde de Sophie – Jostein Gardiner
Le parfum – Patrick Süskind
La mystérieuse flamme de la Reine Loana – Umberto Eco
Crime impuni aux monts Wuyi – He Jiahong
Vive la vie – Pierre Bonte
La queue du singe – Jorge Luis Camacho
Le dernier des Iroquois – Joseph O’Connor
C’est comment l’Amérique ? – Frank Mc Court
Chants d’été – Colette Matuszek
Une famille en péril – Carla Cassidy
Un dangereux admirateur – Sheryl Lynn
Nedjma – Kateb Yacine
L’enfer des ombres – Slaughter
Rouge Brésil – Jean-Christophe Rufin
Les petites filles modèles – Comtesse de Ségur
Le document secret – Cécile Aubry
Le baiser du congre – Del Pappas
Fantômette et le mystère de la tour – Georges Chaulet
Les trois jouvenceaux et les trois fées – Contes du XVIème siècle
Mémoires de porc-épic – Alain Mabanckou
Colette Matusek – Chants d’été
La Belle et la Bête – Mme Leprince de Beaumont & Mme d’Aulnay
Un instant d’abandon – Philippe Besson
Le voleur d’innocence – René Frégni
Mourir d’enfance – Alphonse Boudard
Le temps des secrets – Marcel Pagnol

Sans retenue

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Ouvre tes bras
toi qui ne crains ni les mains ni la lame
de celui qui t’accouche
balancée comme une danseuse
aux seins offerts
laisse affleurer les regards sur ton ventre
ne durcis pas ta peau
laisse tinter en elle les crocs des affamés
exauce leur désir sans retenue
ose accueillir leurs baisers et leurs mots
ouvre ta chair aux langues de partage
refuse les nuits d’encre rayées de famine
ouvre tes bras aux caresses de chaque jour

En attendant le printemps. Huit haikus et un poème

Premier vendredi du mois rime parfois pour moi avec VaseCommunicant. À l’initiative de François Bon et de Jérôme Denis, qui le désire se choisit un(e) partenaire et chacun(e) publie sur le blog (ou le site) de l’autre. Ce mois-ci, c’est avec Marie-Noëlle Bertrand * que j’échange. Elle a écrit 8 haikus, à découvrir sur carnet.sonsdechaquejour.com. Mon poème a trouvé place sur son blog la dilettante. Voici la lecture à voix haute de ce VaseCo inspiré par 4 mots : En attendant le printemps.

 

Marie-Noëlle Bertrand est aussi sur Twitter @eclectante

Angèle Casanova raconte « Le fils du guerrier » et « Jazz qui souffle »

https://soundcloud.com/vases-communicants/le-fils-du-guerrier-par-eric-schulthess-lu-par-angele-casanova

Le fils du guerrier est un texte publié sur le blog d’Olivier Savignat, avec qui j’ai partagé le VaseCommuniquant du mois de novembre vendredi dernier. C’est l’histoire que m’a inspirée cette photo par lui adressée.

PHOTOolivierpourVaseCo

J’aime la lecture qu’en fait Angèle Casanova, qui oeuvre désormais pour animer cette aventure d’écriture sur le blog d’un autre, initiée par François Bon et Jérôme Denis. Sur son blog Gadins et bouts de ficelle, Angèle propose – associée à Olivier Savignat – une lecture à voix haute des textes de tous les auteurs qui ont participé à ces VasesCommuniquants. Parmi les récits, j’ai été particulièrement séduit par Jazz qui souffle, un texte de Dominique Hasselmann, qui nous donne chaque jour rendez-vous sur son blog Métronomiques.

https://soundcloud.com/vases-communicants/jazz-qui-souffle-par-dominique-hasselmann-lu-par-angele-casanova

Les heures salubres – VaseCommunicant d’août 2014 avec Nolwenn Euzen

J’accueille ce mois-ci ce son mystérieux signé Nolwenn Euzen, accompagné de ce texte poétique

«Les heures salubres sont dispensées». J’ai cherché où. Une part de moi disait que je pouvais seulement y croire, seulement le vouloir. Une autre ne voulait pas faire cet effort, ne levait pas le pied. Si quelqu’un m’avait remonté du courant qui m’emportait j’aurais tout replié pour dire que j’avais une chance folle d’être où j’étais. Oui. Mais je continuais à chercher ces «heures salubres» passant une porte puis une autre, enchaînant les pièces. Tu aurais pu me dessiner la joie, m’inviter dans la ronde des plus beaux enfants, leurs jeux les plus familiers, ces heures salubres étaient ailleurs. Il me fallait rêver la «géologie de mon silence». Qu’un être entende ce jardin qui cache sa saison «sous les sédiments expressifs».
* (Emprunts à Emily Dickinson et Gaston Bachelard. Dijeridoo joué par une artiste place G. Pompidou, Paris.)

* Image: citation de Bill Viola, cartel d’exposition

Si vous prenez à la lettre le blog de Nolwenn Euzen, vous la prendrez pour une menuisière. Joli mot pour bel atelier que sa grande menuiserie. Jolis mots, jolis billets et jolis sons que ceux qu’elle cisèle au gré de sa fantaisie et de son inspiration. Pour ce VasesCo d’août, nous avions convenu de partir chacun d’un dialogue à partir d’une place. Ensuite, nous avons navigué et déroulé des chemins mystérieux qui se parlent à distance. Le mien est à découvrir chez elle sur son blog

Un grand merci à Brigitte Célérier, qui veille mois après mois avec tant d’attention et de générosité aux rendez-vous des vases. Remerciements aussi à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – , tous deux pères des Vases Communicants. Ce projet est simple et beau : le premier vendredi du mois,  chacun écrit et publie sur le blog d’un autre. Un autre de son choix à inviter selon son envie. La circulation est horizontale, histoire de produire des liens autrement. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. Si cette aventure vous tente, faites le savoir sur le groupe dédié sur Facebook, sur Twitter ou sur le blog http://rendezvousdesvases.blogspot.fr, qui vous permet aussi de circuler à votre guise entre les vases.