Revenir au pays
là où marchions ensemble
il y a combien de jours et de jours, dis ?
poser les yeux où si longtemps tes yeux se posèrent
d’est en ouest
vers Planier aussi
et puis auprès des bateaux de retour des îles
lancer le regard jusque derrière les limites de cette ville
où tu me donnas vie
guetter la fuite du jour
et savoir
ce soir peut-être encore plus profond que les autres soirs
que demain il fera beau
Je suis d’ici
de la ville-pays
où les oiseaux caressent les statues
où Hassen est mon frère
comme Frank
comme Youssou
comme Igor
et tant d’autres
je suis de cette ville où les fleurs poussent sur les murs
où les licornes rosissent lorsque tu leur dis qu’elles sont belles
où les ports sont quasi morts
je suis de cette ville-pays
où survivent les traces des combats de libération
où la misère hurle à force de se taire
où les cinémas ferment en attendant l’an que ven
cette ville où nuit et jour la Corse s’invite après Planier
je suis de Marseille
où en toute saison
fleurissent les rires des enfants
près de leurs coquillages
