Devant les stupéfiantes photos de Boris Mikhaïlov*, j’ai applaudi le génie poétique de cet artiste frondeur et provocateur, à la fois photo-reporter, peintre et performeur. Depuis les années 60, il a documenté avec humour et gravité la lente et inexorable agonie de l’Union soviétique, depuis l’Ukraine, sa terre natale. J’ai ressenti une immense tendresse pour ses anti-héros photographiés dans des lieux ordinaires. J’ai frémi devant les photos de ces gens à la rue, les laissés-pour-compte, totalement abandonnés une fois écroulée l’URSS.
Je me suis souvenu avec tristesse du communiste que je fus et qui crut longtemps aux lendemains qui chantent teintés de rouge et décorés d’une faucille et d’un marteau… En sortant de l’expo, je me suis mis à fredonner « Le communisme sans les inconvénients », une chanson de Moussu T e lei Jovents.
« Le mot russe pour rouge (krasni) comporte la même racine que celle du mot beauté. Il signifie aussi la Révolution et évoque le sang et le drapeau rouge. Tout le monde associe le rouge au communisme. Mais peu de gens savent à quel point le rouge a traversé nos vie, à tous les niveaux. »
Boris Mikhaïlov
*Rétrospective à la Maison Européenne de la photographie, jusqu’au 15 janvier 2023