Nuit d’équinoxe
Exquis théâtre d’ombres
Nō ins Kino
Nu
Qui ?
Les dés roulent
Exit la nuit
Sans équivoque l’exil
No limits
Ite nox est.
À quoi ressemble celle des Inuits ?
poésie
Le printemps naissant
Calligraphie tremblante
Elles sont passées sans prévenir
Bien au-dessus des toits
Calligraphie tremblante
Hésitante et pourtant
Points de suspension lancés dans le ciel bas
Comme un essaim éclaté
Une noria de nuages éparpillés au vent
Une flotte de barques accrochées à leur cap antique
De retour de pays plus chauds.
Mentons tendus vers ce large V gris foncé
Nous avons écouté les grues chanter.
Se rapprocher du printemps.
Cheminer à pas lents aux côtés de Rixile
Plus donné signe de vie depuis notre VaseCommunicant du début du mois, Rixile. N’étais pas inquiet. Me disais qu’elle avait sans doute plein de partitions à déchiffrer, à vivre et à jouer, la pianiste maîtresse de choeur. Et puis hier, ce très beau texte sur son blog. C’était un lent. Poème mélancolique. Un voyage en forme de rêve paisible où pointent quelques reflets d’un océan chagrin. La lenteur. Prendre le temps de s’échapper un peu du tourbillon. Tenter de. Savourer l’instant fugace. Plaisir de réciter ce lent survenu par surprise, en y mêlant Chopin. Choisi par elle sur Rixilement.
Nocturne en do dièse mineur (posthume).
Livres de ma vie / Les Nuits / Alfred de Musset
Il vient d’entrer dans ma vie, ce tout petit livre doré sur tranche. Collection Bibliothèque Miniature, aux Editions Payot. L’ai déniché en chinant sur le marché de Salies. L’ai toute de suite repéré sur l’étal du bouquiniste. Caresser le tissu de la couverture. Respirer son parfum de papier vieilli, de poussière et d’encens léger. Ouvrir une page au hasard. 74. Nuit de décembre. Réciter ces vers en murmurant. Entre marchand de pain et vendeur de primeurs.
… Comme j’allais avoir quinze ans
Je marchais un jour à pas lents
Dans un bois, sur une bruyère,
Au pied d’un arbre vint s’asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d’une main,
De l’autre un bouquet d’églantine.
Il me fit un salut d’ami
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.
À l’âge où l’on croit à l’amour,
J’étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s’asseoir
Un étranger vêtu de noir
Qui me ressemblait comme un frère.
Il était morne et soucieux ;
D’une main il montrait les cieux,
Et de l’autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu’un soupir
Et s’évanouit comme un rêve …
Alfred de Musset ( 1810 – 1857 )
Le rêve froid d’Anna Jouy
Pas un jour sans être remué profond par le journal d’Anna Jouy. Pas la première fois qu’un de ses textes fait naître en moi un désir de lecture à voix haute. Chaque jour, son blog Mots sous l’aube est une escale espérée. Guettée avec impatience au coin de la Toile. Une étape douce et souvent bouleversante. Sa poésie singulière cherche son chemin dans l’immensité de nos solitudes. Je dormais, debout contre la fenêtre, c’était… évoque un rêve froid, un voyage immobile, une traversée d’un paysage intime qui interroge sur l’humaine fragilité. Pour accompagner cet enregistrement, j’ai choisi Froid, une oeuvre de la coloriste et aquarelliste Claudine Sales. J’adore son travail sur les couleurs et les formes. Je trouve qu’il s’acccorde avec justesse à la poésie d’Anna.
Une hirondelle en hiver
https://soundcloud.com/nobutosuda1101/a-swallow-in-winter
Un son d’hiver. Un nom d’oiseau. Alors que depuis deux jours ici dans le sud s’échappe de la buée de nos bouches lorsque nous parlons, j’ai voulu partager cette évocation poétique d’une hirondelle par Nobuto Suda. Le compositeur japonais nous entraîne en douceur dans le proche basculement vers l’hiver. Les hirondelles, elles, ont déjà pris le chemin de l’Afrique. Pour prolonger cette écoute, découvrir la richesse des oiseaux du Japon sur oiseaux.net et se replonger dans la lecture de haikus de grands maîtres japonais, Issa, Buson, Bashō, ou Sôseki
Sur l’aile du vent
Légère et lointaine
L’hirondelle
Natsume Sôseki (1867-1916)
Hirondelle, d’après Kano Naonobu (1607–1650)
Novembre au lendemain des morts
Juste aux pieds de cette montagne où je suis, une prison — et les types dedans, au bord de la mer, tournent sans doute au milieu de murs qui ne laissent rien passer des embruns. » Tant d’humanité au coeur de cette phrase. Émotion douce à la lecture de cet extrait de Novembre au lendemain des morts, l’un des billets du Journal qu’Arnaud Maïsetti tient sur son site Carnets. Ce texte poétique, je l’ai lu et relu plusieurs fois avant d’oser me lancer dans son récit à voix haute. Savouré les mots qu’il choisit pour se raconter dans Marseille, pour raconter son regard singulier sur la ville. Séduit par la douceur du rythme imprimé à ses phrases. Bouleversé par la conscience exprimée de ce lien permanent qui rapproche les morts et les vivants.
Romancier, docteur en littérature, Arnaud Maïsetti enseigne les études théâtrales à l’Université Aix-Marseille.
Ses Carnets recèlent aussi une multitude de photographies.
Le silence noir sur le chemin tournant
De Serge Marcel Roche, l’auteur de ce poème Le silence noir, je sais peu de choses sinon qu’il vit en Afrique centrale. Peu importe après tout. Ce qui compte, c’est la beauté brute et grave qui imprègne ses textes. C’est l’ancrage bouleversant de ses mots et de ses vers sur la terre d’Afrique. Continent oublié, sacrifié, abandonné souvent, après tant d’années de pillage et de colonisation, l’Afrique de Serge Marcel Roche marche debout. Droite et fière. Douloureuse et légère à la fois. Et puis il y a les oiseaux. Ces oiseaux magnifiés par toute la tendresse du poète. Je n’oublie pas non-plus qu’il a publié Génésie et Lignages, deux oeuvres disponibles en téléchargement sur son site Chemin tournant. J’ignore dans quel pays vit Serge Marcel Roche mais je sais que c’est au bord d’un fleuve.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=ct5ZoFUC7Vc]
Serge Marcel Roche se rencontre aussi sur Twitter @Chemintournant
Tours et détours chez Lucien Suel
Lire les poètes c’est l’un de mes dadas. À voix haute, j’adore. Apprends peu leurs textes par cœur – pardon Monsieur Hessel – mais m’y plonge souvent. Avec Lucien Suel, le plongeon est jubilatoire. Langue imagée, sonorités amusantes, rythme déroutant, propos teinté d’absurde et de mélancolie, humour à fleur de mots. Je suis fan. « Tours et détours » est un texte déniché sur le site de Lucien Suel, Silo. Je vous le recommande vivement. Vous y trouverez entre autres fantaisies et gourmandises surréalistes des poèmes express comme celui-ci