Shanghai est un sent bon

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Dans le taxi qui te ramène à l’aéroport de Pudong tu aperçois les arches géantes du grand pont blanc franchi il y a un mois dans l’autre sens
heureux de tout ce que tu as vécu et vu et appris depuis
saisi aussi par le mal du pays
sans doute las d’étouffer dans cette ville si polluée si peu lumineuse si peu apaisée

dans cet ultime embouteillage tu t’amuses aussi de ces petites boules blanches roses et vertes qui trônent sur un socle en plastique près du pare-brise avec leur deux pompons mauves pour chasser les mauvais esprits
il y a du liquide dedans
ce n’est pas de l‘eau bénite
peut-être un sent bon un désodorisant bienfaisant
dehors l’air est déjà chargé de son lot de particules fines et de mauvaises odeurs
tu t’en vas et te dis que ça va être bon de changer d’air.

Shanghai est un trafic de folie

trafic

C’est l’une des plaies de la mégalopole
l’un des facteurs aggravants de l’affreuse pollution qui l’étouffe
et qui comme elle asphyxie tant d’autres grandes villes de Chine
omniprésente automobile trafic de folie
dès le petit matin et jusqu’à tard le soir
ralentissements bouchons embouteillages
sur trois files sur quatre files
patience indispensable
et vigilance extrême au volant
car on dirait que point de règles établies
point de code de la route
à gauche à droite on double partout
on déboite on klaxonne on queue de poisson
on accélère sur vingt mètres pour freiner presque aussi sec
on veut passer le premier arriver le premier au prochain pare-choc au prochain croisement on conduit à la six quatre deux
point de distance de sécurité
et curieusement miraculeusement peu d’accidents peu d’accrochages

partout priorité au plus gros au plus volumineux au plus puissant
camions bus camionnettes voitures scooters vélos piétons c’est la hiérarchie
le reflet désolant affolant d’une société où les plus petits ne sont rien ou presque rien
d’un pays où les plus humbles ne valent rien ou pas grand chose

davantage chaque année au volant il faut briller
faire péter les cylindrées
bien plus de voitures de luxe qu’à Monaco
des Porsche Maserati Lamborghini Mercedes à gogo
il faut exhiber son pouvoir d’achat
montrer qu’on roule gros puissant rutilant
tant pis si on fait souvent le plein si ça coûte cher
tant pis si en secret on se serre sur la nourriture à la maison
tant pis si jour après jour on se traîne à 50 à l’heure dans le trafic
pas grave si on perd son temps si on baille au travail si on arrive fourbu le soir chez soi
si on s’endort à table devant ses enfants
pas grave non plus si on emboucane la planète.

Shanghai est une illusion

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Joie ce matin en sortant du sommeil un filet de lumière vive filtre à travers les rideaux tu les ouvres laisses entrer en grand l’air vif dans la maison accueilli par le bleu du ciel
plus salué l’azur depuis ton arrivée à Shanghai il y a dix jours
la promesse d’un beau dimanche la tentation d’une promenade au parc caresser les arbres parler aux gens admirer les danseurs
et là maintenant dehors comme une mélodie de printemps sur les branches quelques oiseaux célèbrent ce miracle

l’un des premiers gestes appris ici activer l’application Airvisual pour suivre à la trace la pollution sur la ville
aujourd’hui c’est du mauve qui s’affiche indice 203 très mauvais un cocktail de monoxyde de carbone de dioxyde de soufre de dioxyde d’azote et surtout de particules PM2.5 ces particules fines absorbées dans le sang lorsqu’on respire
santé attention danger
dans les maisons purificateur d’air recommandé éviter les activités de plein air conseillé

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chaque hiver la Chine étouffe sous ce couvercle effrayant ici le charbon continue de faire tourner les usines les centrales électriques et comme la circulation automobile ne connaît pas de sensible ralentissement tout comme le trafic des avions le beau temps qui surgit parfois sonne comme une illusion

sortir quand même oser malgré tout mettre le nez dehors et rejoindre le Parc Jing An dans le centre de la ville
constater en chemin que le ciel bleu a disparu évanoui dissous dans l’insidieux fog shanghaien.

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Record de pollution à Shanghai 上海

Au téléphone aujourd’hui depuis Shanghai, ma fille et ses enfants étaient bien enrhumés… la faute à un exceptionnel pic de pollution qui frappe la ville depuis vendredi. Du coup, masques protecteurs obligatoires pour aller à l’école ou au travail et gala de danse en plein air annulé… Allez, pour consoler Noémie, Alexandre, Clément et Dawei de ce brouillard malfaisant, un peu d’air pur en musique, en attendant leur venue en France pour les fêtes.

Des photos de Shanghai dans le brouillard pollué.