Motchus, oh fan, déjà 1200 !

Douze cents ! Y’a rien là ? En faisant mon Motchus hier-soir peu après minuit, j’ai réalisé que c’était la douze centième fois que je m’adonnais à ce jeu de mots marseillais, tout comme un moulon de valables de par le monde et la planète entière. Alors, je me suis amusé à griffonner ce petit poème qui ressemble à pas grand chose mais qu’il me plaît de partager.

Oh fan, déjà douze cents

Douze cents Motchus à deviner
À découvrir, à réviser
Douze cents mots du parler d’ici
Teintés de provençal ou d’italien, pardi

Oh fatche, déjà douze cents
Douze cents motchus à goûter à voix haute
Des mots qui rappellent l’enfance
Des mots bijoux, des mots grossiers
Des mots rares, des mots oubliés

Tè vé, déjà douze cents
Douze cents Motchus à savourer
Des mots à transmettre, à partager
Des mots pour chaque jour célébrer
Notre patrimoine marseillais

Aïoli sur vous, Denis, Médé
Déjà douze cents jours que vous offrez
Esquiche teston et rigolade
Estraïques ou estramassade
Merci beaucoup et siouplé
N’arrêtez pas de nous faire Motchuser !

La musique qui accompagne les mots dans mon petit montage sonore, c’est l’intro de  » Les Rivalités « , la première chanson du nouvel album de Chichi et Banane, les poètes musiciens de la Ciotat. Je ne sais s’ils jouent à Motchus, mais les mots, ils savent les faire chanter. Pas vrai ?

Le merle et l’angélus

Pas la fête du travail le 1er mai, non. C’est la fête des travailleuses et des travailleurs. Comme chaque année, au premier jour de mai, je pense à mon Pépé Paul, travailleur de toute une vie. De pontonnier à Zürich à chauffeur-livreur chez Savons-Frères à Marseille, d’horticulteur dans l’arrière-pays niçois à ouvrier agricole à Gèmenos, il vendit sa force de travail et lorsqu’il prit sa retraite, dans les années 70, il passa beaucoup de temps à se rendre sur les chantiers de la ville pour regarder les travailleurs travailler. Il y a 9 ans, le 1er mai 2016, j’évoquais sa mémoire sur sonsdechaquejour.com, en écoutant le concert offert par une église et un merle.

Il suffit de s’asseoir là
lorsque le jour résiste fort encore
au surgissement attendu de l’obscur
s’installer dans la lumière et guetter l’angélus
qui sonne le retour du calme
même pour ceux qui n’entendent rien du tumulte du monde
de jour comme de nuit

de mai à avril et d’avril à mai
se laisser absorber par ces cloches qui sonnent aussi le retour des champs
elles chantent même pour ceux qui n’ont jamais travaillé la terre
jamais semé, jamais récolté
jamais vendu leur force pour un plat de lentilles
s’asseoir là dans avril qui se meurt
et sourire au merle posé en face sur la murette
pour un concert à la mémoire des paysans

me revient l’odeur de mon grand-père de retour des vignes
des arbres fruitiers
des plants de tomates et des sillons à patates
il sentait la sueur et la terre et le bois et l’herbe
il sentait la force de travail louée jour après jour
l’angélus pouvait sonner dans le lointain
il travaillait jusqu’à la nuit noire

perché sur le balcon d’en face
il y avait un merle déjà
s’arrêtait de chanter lorsque Pépé allait se coucher
de mai à avril et d’avril à mai
et même le 1er

C’est à entendre sur L’aiR NU

Comme un jeu, c’est. Pas un jeu de lumières. Ni un jeu de mots. Un jeu de sons, plutôt. Mieux : un jeu à partir de sons. C’est ça, oui. Ce jeu invite à créer ce qui émerge de soi-même après un plongeon et une immersion dans trois sons. Ces sons sont à choisir parmi la ribambelle que contient la sonothèque de L’aiR NU. L’aiR NU, c’est un site créé par un collectif d’autrices et d’auteurs qui se régalent à mescler les mots, les sons et les images. L’onglet « C’est entendu » est la porte d’entrée du jeu, elle ouvre sur le chemin vers les sons. Ensuite, on se laisse guider et surtout on écoute et puis on imagine. Je me suis lancé avec gourmandise dans ce jeu. Trois sons ont accouché d’un petit poème. C’est à entendre et c’est ici .

En promenant ma curiosité sur L’aiR NU, j’ai déniché de petites merveilles : Minutes papillon, les collages sonores de Christine Jeanney, à écouter et savourer ici.

Autre ravissement, les épiphanies poétiques de Pierre Ménard. Sonores et visuelles, elles se laissent approcher ici.

Bonne(s) écoute(s) !

Onze à la douzaine

onzeheuresdusoir

 

 

Les mots pour le dire

« J’ai entendu onze coups. Onze. Plus qu’un seul et c’en sera fini de ce jour. Onze fois résonnent. Onze. En toi tu le prononces ce mot. Onze. C’est un son grave qu’il produit. Onze. Il y a aussi ce ze qui est joli. Si tu le répètes en accélérant tu te crois auprès d’une cigale. Si tu espaces le tempo tu aperçois une petite scie. Si tu la dis continuo cette petite syllabe, tu revois l’écriture du sommeil dans les bulles d’un BD. Ze c’est aussi ainsi que les tout jeunes enfants se nomment quand ils parlent d’eux-mêmes. Les grands disent défaut de langue. Les grands passent à côté du charme parfois. Les grands ne jouent plus souvent avec le je. Onze. Onze. Onze coups de cloche au-dessus de la ville. Plus qu’un seul et c’en sera fini de ce jour à la douzaine. »

La douce harpe de Rixile

Découvert ce joli son sur le blog de Rixile. Doux, poétique et mélancolique. Joyeux aussi parfois. Comme lorsque Jean Giono émerge à petits pas et éclaire notre chemin. Rixile est aussi sur Twitter : @Rixilement.

« Et, au fond, ça donnait tout à coup l’idée que sur un de ces chemins ou peut-être sur tous on pouvait rencontrer la joie. Et alors, on avait envie de partir et on pensait que peut-être la joie était au-dessus des chemins de la terre comme un arc-en-ciel… »

Jean Giono – Que ma joie demeure.