L’âge de déraison

Papo

Papo, c’est mon éléphanteau. Tout nouveau, tout beau. Déniché parmi maintes peluches par mon épouse pour les décos de Noël. Dès que je l’ai vu, je me le suis accaparé. L’éléphant est mon animal préféré. En regardant Papo assis paisiblement sur son fauteuil, je jette vers le néant le souvenir douloureux du jour de mes 7 ans. Depuis tout petit, Dumbo, un éléphant en peluche et bourré de paille m’accompagnait dans la maison. Je lui parlais, le câlinais, lui confiais mes petites misères, le grondais aussi de temps en temps parce que j’aurais bien voulu parfois gronder mes parents mais je n’osais pas. Arrive le jour de mes 7 ans ! L’âge de raison, m’annoncent Papa et Maman. Tu es grand maintenant ! Plus besoin de doudou ! Débarrasse-t’en ! Enfant conciliant j’étais. Ni une ni deux, Dumbo finit dans le poêle à bois. Jeté par ma petite main. Je me souviens de mes pleurs en le regardant s’embraser à toute vitesse et se ratatiner en un petit monticule de cendres. Plus de soixante ans plus tard, Papo me fait entrer dans l’âge de déraison. Et c’est très doux quand un éléphanteau paisible sèche les larmes d’un Papet.

Printemps #5 Descendre dans les graves

Le pommier paradis. La feuille papillon. Le merle en récital. Les radis du dimanche. Tout semble si léger. Pourtant, la mélancolie rode et je descends dans les graves.

After Bach, par Clovis Nicolas (extrait de l’album Autoportrait)

Plongé dans ce morceau de contrebasse, je réalise que je n’ai plus entendu la voix de mon père depuis qu’il est parti, voilà bientôt quinze mois. Je lui parle souvent, surtout lorsque j’écoute Bach. Je sens qu’il est là mais je n’entends plus sa voix. Lorsque je joue du violoncelle aussi, il est présent. Je sais qu’il est content de savoir que le cello qu’il m’a offert quelques mois avant de mourir me procure joie et réconfort. Mais Papa reste muet. Sa voix me manque. En observant mon petit-fils de cinq ans et demi écrire avec application et jubilation chaque lettre de l’alphabet, je le retrouve dans sa blouse bleu-pétrole, lui qui fut instituteur de la République. Et je le réécoute se raconter.

 

 

L’écouter encore et continuer de lui parler en lui offrant ces rosaces dessinées et coloriées par ses deux arrière petits-fils.

Quelques pensées de mistral

mistral

Qu’en entendent-ils du mistral les disparus il fait danser les mouettes écumer les flots hurler trembler les fenêtres de ma chambre qui fut ton bureau Maman l’entends-tu toi dis ce vent de folie le sentent-ils les morts pousser et pousser encore les dalles de leurs tombes s’engouffre-t-il dans les fissures délaissées les pots de fleurs les ex-voto les plaques aux mots offerts qui tapent sur le marbre en perçoivent-ils les claquements et ces cendres dispersées au jardin du souvenir qu’en reste-t-il lorsque le vent se déchaîne et nous vrille la tête avec toutes ces pensées sombres tu peux me dire Maman ?

« … Mistral mistral mistral
On voudrait bien que tu t’arrêtes … »

Sous le grand mimosa

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Les yeux tendus vers l’azur,
comme souvent
j’ai entendu soudain
– approche, approche donc !
alors, j’ai avancé à petits pas
pour savourer l’offrande

enfoui ma tête sous le grand mimosa
laissé la voix de mille abeilles m’envahir
et tournoyer parmi les pompons d’or
jusqu’à parer mes pores d’éphémère poussière

ivresse légère d’un matin à chérir
parmi les souvenirs précieux
d’un hiver qui se meurt

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On attend quoi ?

 

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Mortes de froid

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retournent en terre

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qui s’en souviendra ?

il fait surtout froid pour les femmes et les hommes
sans toit
gel ou pas
tant de morts dans la rue
chaque mois
qui s’en souviendra ?

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et nous
bien au chaud
on fait quoi ?
on attend quoi ?

on-attendquoi

Te retrouver ici et là-haut

 

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C’est donc ainsi
encore une année sans toi
la troisième
en naîtront d’autres où tu vivras encore
chaque jour et chaque nuit

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retournerons à la mer
sur ces rochers qui se souviennent
de la femme que tu fus
de l’enfant que j’étais
des baignades et des embruns
des gabians et des crabes
des aubes et des midis et des crépuscules
à écouter ensemble

 

nous repartirons aussi en montagne
approcherons des sommets
monterons marcher dans la neige

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prendrons le temps de retrouver ces lacs
qui gardent en mémoire
le reflet de ton regard émerveillé
face aux silence des cimes

 

 

 

encore une année sans toi
mais chaque seconde de ma vie
te nomme et te ressuscite
c’est donc ainsi

 

Le temps des coquelicots

Je suis revenu sur nos pas
ce chemin bistre
où nous aimions jouer
c’était joli en été
tu te souviens ?
des coquelicots à foison
poussaient jusqu’à la porte
en apportions au chevrier
s’amusait de nos mains blanches

nous laissait caresser les bêtes sous le toit frais
se moquait de nos grimaces
quand buvions un coup de son vin
partagé à la bota
puis l’abandonnions à ses bêtes
collions nos bras contre les pierres
osions parfois quelques baisers

revienne le temps du vin vert
des murs chauds et du chemin bistre
des grimaces et des coquelicots

Grêle et je me souviens

Tempête et souvenir

Venais juste ou presque d’achever la lecture de Les choses, le roman de Georges Perec lorsque soudain, orage de grêle de  folie sur le toit d’en face

grêle comme celle qui l’été s’abattait sur les oliviers de Bauduen, mon village d’enfance en Provence
accompagner ensuite les vieux auprès du désastre
maudissaient les orages
serraient les mâchoires
ramassaient branchages fracassés de glaçons
les jetaient dans brouettes en bois
roues grinçaient sur le chemin du retour vers les maisons
noyés de cagnard étions tous

Bauduen

noyés
avons failli l’être en août 73
lorsqu’un projet de barrage EDF a voulu rayer villages de la carte
la providence ou pas du tout a fait que le notre fut épargné de la noyade
nourri par le Verdon un lac est né
au ras de Bauduen l’eau s’arrête
les pieds dans le lac sommes depuis
l’été, les orages de grêle poursuivent leur saccage
sur le peu d’oliviers qu’il reste à récolter sur les terrasses
là-haut vers Saint-Sauveur
reste ce Je me souviens publié ici il y a quelques années

 

Je me souviens de l’eau vive du Verdon

Je me souviens des bains dans le Verdon

Je me souviens du danger du Verdon

Je me souviens du carrefour de Sainte-Hélène au bout de la route

Je me souviens des paniers du goûter au bord de la rivière

Je me souviens des saules et des galets en face de Sainte-Croix

Je me souviens des truites de Fontaine l’Evêque

Je me souviens du pont de Garruby

Je me souviens des mûriers et des chênes truffiers disparus sous l’eau

Je me souviens des vergers du vallon aujourd’hui inondés

Je me souviens de l’allée de marronniers sur la route d’Aups

Je me souviens de l’estafette blanche qui nous montait d’Aups

Je me souviens du village des Salles, si proche, si loin de Bauduen

Je me souviens que ma mémé Zoé parlait patois avec Madame Rouvier

Je me souviens des Iscles et de ses champs bruns aux sillons réguliers

Je me souviens des départs aux champs de Monsieur Paix sur sa bicyclette

Je me souviens des remorques pleines à ras bord de lavande

Je me souviens des mas de Tante Berthe

Je me souviens des lucioles des soirées d’août

Je me souviens du cheval au sexe immense de mon grand-oncle

Je me souviens de Monsieur Coindet et de ses mouches pour la pêche

Je me souviens de Monsieur Gabin et de son pantalon bleu roi

Je me souviens de Elie le boulanger à la voix tonitruante

Je me souviens de Madame Cauvin et de son poulailler

Je me souviens du lait livré à la maison par Monsieur Bagarry

Je me souviens de Gisèle sur son balcon et moi en bas sur le parapet

Je me souviens de mon oncle Auguste partant à la chasse en face du village

Je me souviens de la trompettaïre et sa voix de crécelle

Je me souviens des marchands de légumes sur la place

Je me souviens des séances de cinéma sur la place

Je me souviens du miel de l’apiculteur

Je me souviens de l’école de ma mémé Zoé au Château

Je me souviens des bals devant l’Auberge du Lac

Je me souviens des cachettes dans la falaise

Je me souviens des amandiers en fleurs

Je me souviens des cailloux jetés à la nuit sur les terrasses

Je me souviens des fontaines au coin des rues et de leurs manivelles rondes

Je me souviens du grenier frais où couraient les souris

Je me souviens des bulldozers et des plaies sur la terre

Je me souviens que Bauduen faillit être noyé

L’année de la chèvre, commençons-la en Chine et en douceur

Pour tous les Chinois du monde, l’année a donc débuté sous le signe de la chèvre. À l’astrologie chinoise, je ne comprends pas grand chose. Comme d’ailleurs à l’astrologie occidentale. Mais bon, l’animal m’est sympathique depuis l’enfance. Ma tante Berthe en promenait une au village. Blanchette elle s’appelait. Elle la tenait par une ficelle accrochée au cou. Je me souviens  de son odeur forte et de ses petites crottes noires comme des cachous qui nous amusaient beaucoup. Doux souvenir d’enfance, à accompagner d’une musique traditionnelle chinoise, histoire d’entamer cette nouvelle année en douceur. Les amoureux papillon, c’est le titre. Un jour, je saurai l’écrire en chinois.

 

Quand Paulette se souvient de Lucette

Trois mois aujourd’hui que Maman est partie vers l’autre monde. Paulette, sa voisine, ne l’a pas oubliée. Restons vivants à travers les mots de celles et ceux qui nous survivent. Maman savait elle aussi évoquer avec tendresse le souvenir des chers disparus.

Le balcon trempé

Sur ce balcon où Maman aimait venir s’asseoir pour contempler la rade, le fauteuil bleu-ciel où elle s’asseyait pleure toutes les larmes de son pauvre corps transi de pluie.

Supplique aux morts et Violoncelle

https://soundcloud.com/ericschulthess/supplique-aux-morts-et-1

Parler aux morts. S’adresser aux disparus. Leur écrire. Leur dire qu’ils existent toujours. Leur faire savoir qu’il en sera ainsi tant que nous vivrons. Tant que nous saurons les chérir de mots et de pensées belles. Leur rappeler que tant que persistera cette ombre chinoise par eux projetée sur nos murs, sur nos peaux, sur l’immensité de nos nuits intérieures, ils continueront de vivre. Ils seront là. À nos côtés. Découpés de lumière au fond de notre obscurité. Isabelle Parienté-Butterlin est l’auteur de cette sublime Supplique aux Morts. La onzième qu’elle écrit et publie sur son blog Au bord des mondes. À chacune d’entre elles, je suis bouleversé. Ses mots sonnent avec une telle justesse. Une telle poésie. Une telle puissance aussi, teintée de douceur et de désespérance. Ces Suppliques résonnent en moi au plus profond car comme Isabelle, je suis saisi au quotidien par ce paradoxe. Comme les jours anciens, nos disparus ne reviendront plus et pourtant les voilà qui continuent de vivre en nous, de nous frôler, par la grâce des mots que nous leur adressons depuis notre nuit intérieure en convoquant leur souvenir. Cette onzième Supplique, j’ai désiré la lire à voix haute et la mêler à l’un des morceaux de musique que je préfère. Vous aurez sans doute reconnu le Prélude de la 4ème Suite pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach, joué par Mstislav Rostropovitch. Bach, Rostropovitch. Souvenir d’eux aussi, lumineux et précis dans la nuit intérieure qui nous englobe.

Supplique aux Morts 11

« Froissement de vous, des souvenirs de vous, frôlements de vous dans la nuit intérieure, frôlement de vous, froissement, dans cette nuit intérieure que nous portons en nous, qui pas un instant ne nous quitte, même en plein vent, plein soleil, il reste, il demeure un repli, un recoin

de nuit intérieure

dans notre pupille, froissements de vous, un tissu qu’on froisse, un crissement, qu’on n’entend pas dans le monde, froissements de vous, et le monde passe, et s’étire, et nous : repli de nous,

dans la nuit intérieure où nous connaissons,

de nous les angoisses, de nous les impossibles, de nous les replis, ce qui nous empêche, nous retient, nous englue, bitume de nous, dans la nuit intérieure, qui nous enveloppe, ruban de Mœbius, de nous se retournant sur nous, nous engluant

et le souvenir de vous, lumineux et précis dans la nuit intérieure qui nous englobe

ombre chinoise du bonheur de vous, qui fut, qui s’enfuit, ombre chinoise et découpée, sur la nuit intérieure de nous, nous engloutis dans la nuit intérieure, et vous, silhouettes, se découpant, bordures fines, sur la nuit intérieure

je ne sais pas combien de temps nous surnagerons, j’ai rêvé plusieurs fois qu’elle nous engloutissait, nous surnageons, elle nous engloutit, cela sans fin, engloutissement, de nous, dans la nuit intérieure, nous tentons, de surnager, nous tentons, et elle nous engloutit, et nous descendons, nous nous absorbons

dans cette nuit intérieure sur laquelle vous vous découpez. »

Isabelle Parienté-Butterlin

 

Au monument Arthur Rimbaud, la mémoire fragile des Marseillais

Marseille. Plages du Prado. Une balade au soleil le long de la mer avec Noémie, ma fille aînée. En haut d’une petite butte, le monument dédié à Arthur Rimbaud, venu s’échouer à Marseille, son dernier voyage, et mourir à l’Hôpital de La Conception le 10 novembre 1891. Depuis bientôt un quart de siècle une sculpture de Jean Amado et une stèle en contrebas évoquent le poète et son Bateau ivre. Monument discret, fortin bistre penché vers la mer. Mémoire fragile. Polie comme un ancien galet. Pour combien de temps encore ?

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L’affiche qui semblait une tache de sang

Joan Pau Verdier, le poète et chanteur occitan fait partie de la longue liste des artistes qui ont chanté  » l’Affiche rouge », ce sublime poème d’Aragon écrit en 1955 pour rendre hommage aux 22 membres des Francs tireurs et partisans – Main d’oeuvre immigrée morts pour la France, fusillés par les nazis au Mont Valérien le 21 février 1944 *. Sur cette liste figurent aussi bien sûr Léo Ferré, Leny Escudero, HK, Marc Ogeret… et Bernard Lavilliers.

70 ans après leur assassinat, la mémoire de ces résistants communistes se perpétue, notamment chez moi, à Marseille, où depuis 2010, un square est dédié à  Misak Manouchian, que les nazis qualifiaient de chef de bande. Une statue du résistant communiste arménien surplombe l’entrée du Vieux Port. Ce samedi 22 février aura lieu sur ce square une cérémonie du souvenir.

* La seule femme du groupe, Olga Bancic, a été décapitée le 10 mai 1944.

L’affiche rouge

Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

Louis Aragon ( 1897 – 1982 )

Dans la loco avec mon père

En partance pour Marseille demain pour rendre visite à mes parents, il me revient à la mémoire un souvenir d’enfant. Gare Saint-Charles. Mon père m’emmène au bout du quai voir de près la locomotive qui dans quelques minutes va s’en aller. Je serre bien fort sa main, fasciné par la machine bouillonnante. Et voilà qu’elle lance vers moi un énorme jet de vapeur accompagné d’un cri strident. Je sursaute. Mon père sourit et me dit – n’aie pas peur mon chéri ! Quelques dizaines d’années plus tard, j’aimerais tant pouvoir monter avec lui à bord de la Pacific 231 d’Arthur Honegger.

Pacific 231 est une œuvre orchestrale créée en 1923 par Arthur Honegger.
Plus d’un quart de siècle a passé lorsque Jean Mitry réalise un court-métrage à partir de ce mouvement symphonique. En 1949, ce film reçoit le prix du meilleur montage au Festival de Cannes.  Pour le regarder, c’est par ici

 

Salies-de-Béarn s’est souvenue de tous les soldats de la Grande Guerre

Salies sous une pluie fine hier-matin. Un vrai temps de 11 novembre. De nombreux Salisiens se sont retrouvés autour du monument aux morts pour raviver la mémoire des victimes du carnage de 14-18. Recueillement de rigueur pendant toute la cérémonie, notamment pendant la lecture du message de Kader Arif, le ministre des anciens combattants, par Claude Serres-Cousiné, le maire de la commune. Lui qui est aussi conseiller général n’oublie pas le terrible tribut payé par les jeunes hommes du canton pendant la Grande Guerre. Il n’oublie pas non-plus les mutins, ceux qui se rebellèrent contre leur hiérarchie.
La paix. C’est parce qu’il appelait à la paix que Jean Jaurès fut assassiné le le 31 juillet 1914. Il n’est pas inutile de se remémorer ses paroles.

 

L’arrivée du train électrique

A chaque fois qu’un train entre en gare, je me remémore mon tout premier face à face avec une locomotive fumante et sifflante, prête à partir, en bout de quai, gare Saint-Charles à Marseille. J’étais petit – 5 ans peut-être – à la fois effrayé et émerveillé. Au fil du temps, les machines ont perdu de leur beauté mais leur musique est toujours aussi fascinante.

« Il faut beaucoup d’efforts pour ne pas se figurer que le cheval de fer est une bête véritable. On l’entend souffler au repos, se lamenter au départ, japper en route; il sue, il tremble, il siffle, il hennit, il se ralentit, il s’emporte »… « D’énormes raquettes d’étincelles jaillissent à tout moment de ses roues ou de ses pieds, comme tu voudras, et son haleine s’en va sur vos têtes en beaux nuages de fumée blanche qui se déchirent aux arbres de la route. »

Victor Hugo (1802 – 1885)