Shanghai est cruauté

cruauté

Ces volailles passent leur journée en cage à tourner virer à mêler leurs plumes et lancer leurs coups de tête à chercher une sortie 
à se marcher sur les pattes dans la puanteur de leur fiente amassée en dessous

si peu de cot cot cot 


tant d’angoisse et de peur palpables derrière les barreaux lorsque tu t’approches d’un peu trop près
 toutes conscientes du sort qui leur pend au bec
 surplombées qu’elles sont juste à côté par de longues et hideuses saucisses et des cadavres de canards exposés en plein air

occis depuis quand

elles attendent en s’agitant que quelque client du boui boui aux cartons de bière éventrés réclame viande fraîche ou sèche
 cou tranché ou sursis jusqu’à quand

destins mêlés

tristesse immense

dégoût intense

ici comme ailleurs dans ce monde côtoyer à mots et cris étouffés cette cruauté admise banale ancestrale

elle te fait horreur et renforce profond en toi le désir de suivre le chemin que depuis plus d’un an tu t’es tracé et continuer à ne plus manger d’êtres sentients
non plus jamais.

 

Sont passés où les cochons noirs ?

cochons2

Rien ne m’inspire davantage que ce que j’entends que ce qui surgit impromptu à mes oreilles et que j’écoute en prenant le temps l’automne filant et l’hiver approchant me revient en douceur le désir de ressortir l’enregistreur pour aller capter les sons des alentours pas pu graver le cri des grues avant-hier frustré volaient trop haut mais ces deux cochons noirs croisés au détour d’un chemin dans leur enclos ai gravé leurs grognements il m’ont approché de bon matin le groin humide et gourmand n’ai pas trop su quoi leur dire sinon que je les trouvais beaux dans leur habit soyeux puis m’en suis allé en pensant à leurs petits yeux curieux l’après-midi repassant devant leur champ ils avaient disparu les ai cherché ai guetté leurs pas et leurs voix mais non rien envolés ai soupiré en me souvenant des canards croisés l’hiver dernier non-loin d’ici et plus jamais retrouvés aujourd’hui sans doute hélas transformés en pâté ai campé un moment silencieux devant le grillage puis me suis rentré résolu à continuer au quotidien à avancer serein et décidé sur mon chemin végétarien.