Sous le vent, le carillon de bambou

Hier-soir, le mistral s’est levé et le petit carillon de bambou s’est agité sur la terrasse. Il m’a attiré dehors alors que je commençais à chercher le sommeil. Avant de m’endormir, j’ai écrit ces quelques lignes, à retrouver par ici.

Ce matin, le mistral dort encore. Le carillon s’est tu. Il a laissé la place aux oiseaux.

 

Les Acacias #7

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J’ignore pendant combien de temps je suis resté à écouter les arbres en pleurs. Malgré les conversations alentour, je n’ai pas perdu le fil de leur plainte. Je me suis demandé si les tilleuls criaient aussi.

Dans la cour de l’école, nous avons cinq tilleuls.

– La commande, c’est quand vous voulez !

J’’ai sursauté. L’inconnue ne souriait plus. Le patron s’est approché l’air agacé et lui a tendu une carafe d’eau, pour le client de la quatre.

J’ai à peine eu le temps de remarquer que la serveuse avait un oeil noir et l’autre vert.

J’ai renoncé à mon riz-supions. Trop tard.

C’était l’heure de remonter travailler.

Les calanques d’Izzo, featuring Miles

Ce texte est un extrait* du roman Solea de Jean-Claude Izzo, le troisième de la série des aventures du flic Fabio Montale après Total Khéops et Chourmo. Je l’ai choisi car hier avec ma compagne Chantal, nous avons marché sur ces sentiers des calanques si chères à l’écrivain marseillais. Pendant plus de 4 heures 30, nous avons parcouru ce chemin exceptionnel de beauté qui mène depuis Callelongue à la calanque Podestat, au col de Cortiou, au plateau de l’Homme mort, au col de la Galinette et retour vers la calanque de la Mounine puis retour. Tout au long du parcours parfumé de pins, de romarin, de bruyère et d’iode, m’est revenu en mémoire le souvenir d’Izzo, amoureux de Marseille et de ses calanques. *Vous aurez reconnu Blue in green de Miles Davis que Jean-Claude aimait tant.

1Podestat

La calanque Podestat

2marseilleveyre

Le massif de Marseilleveyre

3plateauhommemort

Sur le plateau de l’Homme mort

4coldeCortiou

Depuis le col de Cortiou

5versredescente

La redescente vers la mer

6marseille

Marseille

7couchersoleil

L’île Maïre au couchant

Les Acacias #6

P1010770Toujours pas de patron à l’horizon.

Mon ventre a commencé à gargouiller.

Une silhouette longue et haute m’a soudain distrait de mon estomac.

J’ai dressé la tête et je l’ai aperçue. Debout face à moi, immobile et calme, les bras croisés. Élancée comme une madone moderne avec son jean et ses baskets, souriante et muette.

D’habitude, les femmes me laissent de glace.

Mon regard les traverse et va se poser au delà de la lumière qu’elles agrègent à leur odeur et à leurs gestes. Je n’accroche plus leur chroma. Les mots qu’elles prononcent se noient tout autour de moi.

Depuis que Lou s’en est allée, j’ai fermé le verrou.

Mais aujourd’hui, l’improviste a su se faufiler en douce et il a pris le dessus.

Je me suis demandé ce qu’elle faisait là, droite et paisible sous les acacias. Si je l’invitais à déjeuner ? Je n’ai pas osé.

J’ai vite avalé ma question en retournant à mes nouvelles : la santé-record de la Bourse; l’expulsion d’un déserteur algérien à bord du Liberté; le triomphe de José Van Dam à l’Opéra.

J’ai fredonné Le Tilleul de Schubert et puis la douceur de Mars m’a fourré dans sa housse.

Je me suis laissé happer par sa caresse, les paupières relâchées face au soleil, concentré sur des cris minuscules encerclant les tables.

Les acacias criaient en silence comme des cigales à l’agonie.

Les épines palpitaient, les branches gémissaient, les troncs s’étouffaient, les racines tremblaient.

(à suivre)

Un bain à la calanque Marseilleveyre

Ce fut un bain express mais délicieux. À même pas une heure de Marseille, après une marche paisible sur le GR 51 / 98 au départ de Callelongue. Peu de monde, contrairement à dimanche sur le chemin d’En-Vau. La mer est très fraîche un treize mars, mais je n’ai résisté ni à ses clignements ni à ses clapotements. Ceci me vient de l’enfance. Longtemps vécu à quelques poignées de minutes des rochers du Petit Nice, en dessous de la Corniche. D’avril à octobre, nous y passions tout notre temps libre ou presque. Je n’ai jamais renoncé au plaisir de me lancer dans cette mer qui me serre le corps et me laisse avancer à mon gré, même pour une petite minute. Joie en sortant, de se sentir vivant. Un peu comme un rappel fugace de la beauté du monde avec nous autres humains à l’intérieur. 3joie4verselesîles

Les vestiges d’un sémaphore trônent en hauteur et à main gauche sur ce sentier qui longe la mer en direction de la calanque Marseilleveyre.

5semaphore7calanquemarseilleveyre8gabiansciel

Ce massif de Marseilleveyre est le paradis des gabians. La première calanque en partant de Callelongue s’appelle la Mounine. C’est ainsi qu’à Marseille l’on désigne parfois le sexe des femmes.

11mounine

 

Les Acacias #5

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Sinon, tout est  réglé, calibré, préparé, minuté, cadré.

Du matin au soir.

Hormis à midi, pas de place pour la fantaisie.

Tout à l’heure donc, je me suis surpris à tenter d’improviser un repas, sans doute parce que le patron tardait un peu.

J’ai choisi sur une grosse ardoise posée contre un parasol avec des plats et des prix écrits à la craie.

Je me suis décidé pour riz-supions et puis j’ai attendu, en attrapant le journal sur la table d’à côté.

A la une, la photo d’un train de marchandises couplée à un gros titre, sur trois colonnes : “ Scènes de Far West à l’Estaque, des ados affamés attaquent un convoi ! “.

Je me suis imaginé au pied d’une locomotive à vapeur, le visage masqué d’un foulard rouge, entassant des boîtes de conserve dans un chariot de supermarché sous la protection de pistoleros en short.

(à suivre)

Les Acacias #4

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La terrasse est au calme, à l’écart de toute circulation.

Elle donne sur une petite place ronde cernée de douze acacias plantés par les premiers propriétaires.

Un arbre pour chaque mois de l’année. Il paraît que ça devait porter bonheur.

Aujourd’hui, pour une fois, j’ai consulté la carte.

D’ordinaire, dès que je suis attablé, le patron vient me serrer la main et me propose  – bolo ou  trois fromages, Monsieur Louis ?

Pâtes ou pizza, pizza ou pâtes,  je tranche selon mon humeur.

C’est le seul moment de la journée où frémit en moi un zeste d’incertitude, d’indécision.

(à suivre)

L’Académie de Chant Populaire

Ce Bella Ciao interprété par l’Académie de Chant Populaire de Marseille, je l’ai savouré hier-soir à la Friche Belle de Mai où se tenait le Forum du Front de Gauche consacré à la culture, en vue des prochaines élections municipales. Au passage, ce fut le seul débat de la campagne marseillaise sur ce thème, ce qui est tout à l’honneur de Jean-Marc Coppola, Alain Hayot et Agnès Freschel, candidats de la liste Marseille à gauche. Actrices et acteurs de la culture sont venus échanger et parfois confronter leurs idées et leurs propositions avec celles des candidats. La soirée a été ponctuée de très agréables respirations musicales grâce à la chorale créée et dirigée par Alain Aubin, qui fonda l’Académie il y aura bientôt vingt ans.

Alain Aubin est chanteur lyrique, compositeur et maître de choeur. Contre ténor, il s’est produit sur les plus importantes scènes lyriques d’Europe. Vous pouvez découvrir l’étendue de son talent par ici.

Les gabians de la Canebière

En remontant Canebière tard hier-soir, nous avons été accompagnés par des gabians qui s’époumonaient au-dessus des arbres et des toits. Auparavant, le lancement de mon livre « En attendant la pluie » s’était passé dans une ambiance très amicale au Miyadori-do, le magasin d’art et d’objets japonais de Françoise Potheau. Une quarantaine de personnes présentes. Parmi elles, Messieurs Masaki Sato et Masaki Morimoto, Consul général et Consul général adjoint du Japon à Marseille, Jean Darot, éditeur des Editions Parole et Franck Di Benedetto, 1er adjoint au maire de Digne-les-Bains. Plus de photos, par ici.

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Les Acacias #3

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À les entendre, le port c’était quand même autre chose du temps de leur jeunesse.

Depuis vingt ans, les bateaux se sont faits de plus en plus rares.

Le travail a filé à Gênes ou Barcelone et si ça continue les métiers finiront au musée.

Ils disent aussi que leurs enfants ne croient plus à cette ville, qu’en tournant le dos à son passé elle ne leur offre plus d’avenir.

Certains rêvent même de quitter Marseille.

N’empêche, moi, ce port-là je ne m’en lasse pas.

(à suivre)