C’est l’une des plaies de la mégalopole
l’un des facteurs aggravants de l’affreuse pollution qui l’étouffe
et qui comme elle asphyxie tant d’autres grandes villes de Chine
omniprésente automobile trafic de folie
dès le petit matin et jusqu’à tard le soir
ralentissements bouchons embouteillages
sur trois files sur quatre files
patience indispensable
et vigilance extrême au volant
car on dirait que point de règles établies
point de code de la route
à gauche à droite on double partout
on déboite on klaxonne on queue de poisson
on accélère sur vingt mètres pour freiner presque aussi sec
on veut passer le premier arriver le premier au prochain pare-choc au prochain croisement on conduit à la six quatre deux
point de distance de sécurité
et curieusement miraculeusement peu d’accidents peu d’accrochages
partout priorité au plus gros au plus volumineux au plus puissant
camions bus camionnettes voitures scooters vélos piétons c’est la hiérarchie
le reflet désolant affolant d’une société où les plus petits ne sont rien ou presque rien
d’un pays où les plus humbles ne valent rien ou pas grand chose
davantage chaque année au volant il faut briller
faire péter les cylindrées
bien plus de voitures de luxe qu’à Monaco
des Porsche Maserati Lamborghini Mercedes à gogo
il faut exhiber son pouvoir d’achat
montrer qu’on roule gros puissant rutilant
tant pis si on fait souvent le plein si ça coûte cher
tant pis si en secret on se serre sur la nourriture à la maison
tant pis si jour après jour on se traîne à 50 à l’heure dans le trafic
pas grave si on perd son temps si on baille au travail si on arrive fourbu le soir chez soi
si on s’endort à table devant ses enfants
pas grave non plus si on emboucane la planète.
Après tous les « gros plans » plein de tendresse, drôles ou même graves, dans cette chronique on ressent un peu la fin d’un séjour avec un zoom arrière offrant un portrait plus large de la ville dans toute son inhumanité…
Si tu n’es pas encore sur le départ, peut-être nous pourrons retrouver encore quelques croquis du fond d’un hangar ou sur le pas d’une porte…
A te lire encore…
Pensées amicales et sudistes.
Pas impossible, Julie 🙂
Pendant le dernier épisode de pollution à Paris, il y a quelques jours (circulation automobile pendant un jour avec vignette CritAir valable jusqu’à 3), l’indice de ce « pic » était environ trois fois plus important au même moment qu’à… Pékin !
Pourtant, ce n’est pas encore l’anarchie « shanghaienne » telle que tu la décris ! 😉
On y arrive à grands tours de roue, Dominique…
Curieux de parler de la ville inhumaine quand finalement ce sont les gens qui font la ville 😉 mais je comprend on ressent à te lire une espèce de fatalité et de sens de l absurde, comme si les gens se voyaient dicter leur comportement et ne le choisissaient pas !
Absurde, oui, c’est vrai. Pareil que chez nous mais à bien plus large échelle ..
Nous sommes collectivement ds un train qui fonce vers la destruction de notre humanité mais la plupart des gens veulent rester dans ce train pourvus qu’ils y soient en première classe.
Je ne sais si ici comme chez nous, la plupart en sont conscients…