Découvert Léopold Sédar Senghor sur le tard. L’avais écouté parler à la radio. Négritude. Homme noir. Colonisation. Esclavage. Émancipation. Libération. Rêvé de l’Afrique noire grâce à lui – ses poèmes – et Césaire et Youssou Ndour. Et puis un jour, le Sénégal en vrai. En chair et en ciel. Ancrer mes pas sur cette terre berceau. Visiter la maison natale du poète à Joal et redouter au cœur du ventre le retour en Europe. Redouter cet arrachement. Quelques années plus tard, serai bientôt de retour là-bas. Emmènerai ce livre aux parfums d’amour et de liberté. Le montrerai aux enfants du Sénégal et à leurs parents.
Que fais-tu ?
» « Que fais-tu ? À quoi penses-tu ? À qui ? »
C’est ta question et ta question. Rien n’est plus mélodieux que le coureur de cent mètres
Que les bras et les jambes longues, comme les pistons d’olive polis.
Rien n’est plus stable que le buste nu, triangle harmonie
Du Kaya-Magan
Et décochant le charme de sa foudre.
Si je nage comme le dauphin, debout le Vent du Sud
C’est pour toi que je marche dans le sable, comme le dromadaire.
Je ne suis pas roi du Ghana, ni coureur de cent mètres.
Or tu ne m’écriras plus « Que fais-tu ? »…
Car je ne pense pas, mes yeux boivent le bleu,
Rythmiques
Sinon à toi, comme le noir canard sauvage au ventre blanc. »
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