Tarifa #1 Descendre au sud du sud

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Descendre à Tarifa
au bout du bout de notre vieille Europe
le plus au sud de tous les bouts du continent
tout en bas de la carte
magique endroit du monde
où deux mers se mélangent

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la Méditerranée, paisible et ensoleillée
à gauche en regardant l’horizon

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et l’Atlantique, au ciel et aux flots plus tourmentés
de l’autre côté de l’Isla de las Palomas
l’Île des colombes

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de Tarifa se touche presque le Maroc
à vol d’oiseau Tanger nous lance
– venez, traversez !

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alors que dans l’autre sens
lorsque la mer est calme
accostent de temps en temps des embarcations de fortune
avec hommes femmes et enfants
échappent aux garde-côtes marocains
et entament ici leur exil
dans notre Europe pourtant si peu accueillante

il y a trois ans, plus de 1.400 immigrants avaient été recueillis sur les côtes de Tarifa

demain, rencontre avec une bénévole de la Cruz Roja, qui accueille les réfugiés et les sans-abri de Tarifa

Jamaica Roots Time

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Toujours dit à mes enfants et mes amis
lorsque jouons parfois
au jeu emmener quoi sur une île déserte
que parmi les cinq musiciens que choisirais
Bob Marley prendrait grande et belle place

du coup n’ai pas résisté à l’appel de l’expo
Jamaica Jamaica
proposée par la Philharmonie de Paris
et dédiée à l’histoire de la musique jamaïcaine
unique et universelle
de Marley aux deejays

ai découvert l’empreinte des conflits postcoloniaux
le poids de la foi Rastafari
et la ribambelle de styles créés par les artistes de l’île
des Sound System aux dancehall queens
toute une galaxie fascinante
où brille
éternel
le cher Robert Nesta Marley

l’expo est richement documentée
en objets films documents et musiques à écouter (en ambiance et au casque)
ai concocté une petite bande son
pour rester – et vous inviter – dans l’ambiance de cette merveille d’expo
à visiter jusqu’au 13 août à la Cité de la musique

Jamaica Jamaica – Une bande son

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Le chariot musical de Cosmo White

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Rastafari et son fils @ Patrick Cariou

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Sound System

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Costume de scène de Lee Perry, le Salvador Dali du dubIMG_4478Marley en 1979 au Home Studio du 56 Hope Road @ Adrian Boot

 

 

Belle étoile, ange rouge et chute rose

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Jeudi dernier ici même
évoquais aux côtés de l’un des gardiens
l’exposition À pied d’œuvre(s) *
proposée par le Musée de la Monnaie
pour fêter les 40 ans du Centre Pompidou

concept très conceptuel
j’écrivais
le passage de la verticalité propre à la sculpture et au monument à l’horizontalité et à son rapport immédiat au sol … je confirme

déroutante expo
déconcertante
navrante par endroits (éviterai de me moquer)
mais séduisante aussi dès l’entrée

me suis immergé dans cette vidéo contemplative
À la belle étoile
créée par la Suissesse Pipilotti Rist
et projetée à même le sol

elle m’a amusé cette vidéo
et j’ai aimé qu’elle me conduise vers l’œuvre de James Lee Byars
Red Angel of Marseille
autour de mille boules de verre rouge
conçues avec le CIRVA de Marseille *

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suis resté longuement autour de ces arabesques élégantes
tracées au sol par une combinaison de sphères

selon l’artiste
la sphère interroge tout, critique tout, est tout
et le rouge représente l’immortalité
ça sonne joli et profond je trouve
une immortalité carmin ou vermillon ou rouge drapeau
je m’y projette volontiers
rendez-vous le 6 mai …

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Ci-gît l’espace de Yves Klein m’a laissé perplexe
ai plaint ces pauvres roses désormais enchâssées dans du plastique
les préfère au grand air en bouquets d’espoir ou en pétales séchés au creux des livres

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l’Infini de Fabro m’a séduit
avec sa mescle de matériau brut – un câble d’acier
et ses morceaux de noble marbre blanc de Carrare
ignorais tout du mouvement d’avant-garde Arte Povera
je ne pourrai plus le dire

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ai marché avec précaution sur les vivre
tracés à la craie par Jochen Gerz – mais fixés par du vernis sur le parquet
cheminer dessus, comme un pied de pieds à l’évanescence de chacune de nos vies

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jamais imaginé m’interroger un jour sur le destin du papier toilette
La Chute de Michel Blazy m’a ouvert cette porte
avec ce grand collier tout de rose étalé sur un échiquier
j’avoue que j’ai souri
puis applaudi
en osant une parabole politique d’actualité
et m’en suis allé méditer sur la chute l’échec et les déchets
auxquels sommes in fine
tous un jour ou l’autre condamnés

*À pied d’oeuvre(s), jusqu’au 9 juillet 2017 au Musée de la Monnaie

**Le CIRVA est le Centre international de recherches sur le verre et les arts plastiques

Retomber en jeunesse avec Erri de Luca

Erri de Luca

Avais quitté Erri de Luca à Paris
après son passage sur la scène de la Maison de la Poésie
ses mots si puissants pour évoquer son Naples natal
et la tragédie de la Méditerranée transformée en cimetière pour migrants

l’avais remercié pour ses écrits et ses combats en lui offrant mon Marseille rouge sangs
avions posé ensemble devant le regard affectueux du photographe Hervé Boutet
puis chacun avait repris sa route

Erri de Luca

lui en partance vers le bateau de SOS Méditerranée
moi de retour parmi les miens
les yeux tournés vers ses merveilles de textes
en ce printemps qui laisse monter
dans l’air
chaque jour
le parfum d’un espoir possible
l’amorce d’un changement chez nous
un rêve éveillé de vraie rupture avec le règne du fric tous azimuts
un changement profond qui pourrait nous permettre
de parler à nouveau d’amour de partage de justice de paix de poésie
puis scintiller et rejaillir sur le monde

ce printemps de l’amour retrouvé
Erri l’évoque aussi
dans l’un des trente-sept textes
de son livre Le plus et le moins

Un poids délicieux
ou le souvenir vivace
universel ?
du tout premier baiser

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Photos de ci-haut @ Hervé Boutet

M comme Marseille, M comme Mélenchon

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Belle lurette que je ne crois plus à l’homme providentiel
belle lurette aussi
que suis un partisan de la paix
un amoureux de la paix des hommes

n’étais pas à Marseille hier
mais n’ai rien manqué du vibrant et poétique discours pour la paix
prononcé par Jean-Luc Mélenchon
sur le Vieux-Port
au cœur de cette cité qui m’a vu naître
comme tant et tant d’enfants aux sangs métissés

M comme Marseille
M comme Mélenchon

bouleversant dans ce silence convoqué par lui
rameau d’olivier à la boutonnière
en mémoire des migrants engloutis par la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe

convaincant dans sa condamnation des bombardements de la Syrie par Trump
et de tous les va-t-en guerre

touchant dans son amour déclaré à la France métissée et à tous ses enfants

émouvant dans son récit final de La Paix
le poème de Yannis Ritsos

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Mélenchon n’est pas un slogan, non
pas question pour moi de l’idolâtrer
mais il est le seul à mêler avec force et lyrisme
justesse de vue et poésie
à parler d’amour et de justice
à proposer de rompre vraiment avec ce monde d’argent qui broie les gens
à refuser que soit scandé son nom
à préférer que chacune et chacun prenne sa part
d’insoumission

Les Phuphumagnifiques bluesmen zoulous

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L’élégance et la grâce
des chanteurs et danseurs
de Phuphuma Love Minus
sur la scène du Musée du Quai Branly à Paris

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costumes impeccables
mains gantées de noir et blanc
chaussures vernies
et chants a capella
ils célébrent l’isicathamiya
cette tradition zouloue
enracinée depuis le vingtième siècle
dans les townships de Johannesburg

leurs chants puissants et bluesy
parlent d’amours impossibles
des êtres chers qu’il a fallu quitter
pour aller travailler aux champs ou dans les ports
ils racontent les fantômes des ouvriers migrants
leurs journées et leurs nuits
où surgissent larcins sida et violence
la beauté des cieux aussi

leurs danses souples et athlétiques
expriment un quotidien où se mêlent
ironie séduction et combat
elles évoquent par moments le haka maori

redécouverts par la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin
les artistes de Phuphuma Love Minus
devraient revenir en France l’an prochain
pour de nouveaux concerts festifs

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OJIKELE (le chant de ci-haut)

Afrique-du-Sud
Nous t’aimons terre magnifique
Nous sommes fiers de toi Afrique-du-Sud
Nous sommes fiers nous sommes fiers nous sommes remplis de joie
Nous sommes des champions