Trois petits tours et puis revient (42) Un rêve étrange…

escargot

 

Contribution #23 Et puis petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Romain depuis Brassac : Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai, de Francis Cabrel. Merci beaucoup.

 

(À demain 8h30…)

escargot

Les mots pour le dire

« J’ai fait un rêve très étrange hier après-midi pendant ma siestounette. Il faut que je te raconte : fenêtre entrouverte, comme à chaque fois qu’il ne pleut pas, et ce bruit de tronçonneuse qui me tire du sommeil, mais pas complètement. Dans ce rêve donc, je sors de ma coquille, au ras du sol je repose, et de là, j’assiste à un spectacle étonnant : les arbres coupés se reconstituent. Oui, oui, les rondins de bois, les bûches, les branchages, tout ça se met à reformer un arbre, des centaines d’arbres, des milliers, oui, oui, toute une forêt qui se redresse, qui reprend sa place, une invasion d’arbres. Ça n’est pas angoissant toute cette vague de végétation, non, non,je respire même mieux soudain. Plus loin dans ce rêve, je fais ma mue, d’escargot je me transforme en oiseau, et je vais me poser sur des branches nouvelles, sur des rameaux tout heureux de ressusciter. C’est en essayant de chanter que je suis vraiment sorti du sommeil. La tronçonneuse s’était tue. »

Trois petits tours et puis revient (41) Mémoire mise à jour…

Muguet

 

Contribution #22 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Alma, depuis Palerme : Ciuri, Ciuri*, chanson populaire de Sicile. Grazie Mille.

 

(À demain 8h30…)

Muguet

Les mots pour le dire

« Entre deux rasades de pluie, hier, un agréable moment de balade et soudain, des corbeaux, plein de corbeaux qui hurlent dans les champs et sur les arbres. Ce ne sont pas trop mes collègues les corbeaux, alors, je leur réponds illico. De retour à la maison,je me suis senti bien ignorant en me promenant sur Twitter. J’ai découvert que le muguet du 1er Mai, notre chère tradition, en fait, c’est à Pétain que nous la devons. Tu le savais peut-être, mais pas moi. Pendant l’Occupation, Pétain imposa le muguet à la place de l’églantine rouge qui fleurissait les boutonnières des travailleurs lors des défilés du 1er mai d’avant. Il ne l’appréciait pas l’églantine, parce que rouge justement, trop révolutionnaire. Ça remet les idées en place ça ! Pétain qui baptise le 1er Mai Fête du Travail, alors que jusqu’alors, c’était la Fête des Travailleurs. Mémoire mise à jour. Plus que jamais active, et ceci vaut pour le futur. Nous n’oublierons pas. Nous n’oublierons rien. »

* Ciuri ciuri di tuttu l’annu / L’amuri ca mi dasti ti lu tornu…

Fleurs, fleurs, fleurs de toute l’année / L’amour que tu m’as donné, je te le rends…

 

Trois petits tours et puis revient (40) Travailleur de toute une vie…

avecPépéetMémé

 

Contribution #21 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a posté Jean-Marc, depuis Marseille : Bella Ciao. Mille fois merci.

 

(À demain 8h30…)

avecPépéetMémé

Les mots pour le dire

« À l’heure de l’angélus hier-soir, j’ai reçu dans ma boite mail un cadeau magnifique, posté par de l’un de mes amis d’enfance, un ami de plus de 50 ans.  Il a dédié sa vie à la musique, à la musique improvisée, vous l’écouterez dans un court instant. Chaque année c’est pareil, le premier jour de mai, je pense à mon grand-père, travailleur de toute une vie, mon pépé ouvrier agricole. Je réentends le merle que j’imaginais l’accompagnant sur le chemin du retour des vignes, des plants de tomates, des sillons à patates, des arbres fruitiers. Me revient l’odeur de sa chemise. Pépé sentait la sueur et la terre et le bois et l’herbe, Il sentait la force de travail louée jour après jour. Le merle, je suis sûr qu’avec Mémé il aimait l’écouter, de mai à avril et d’avril à mai, et même le premier… »

 

Trois petits tours et puis revient (39) Jouer le jeu du circuit court…

circouitcourt

 

Contribution #20 Et puis j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Marion et Renaud, depuis Bordes : Les Champs de Roses, de Danakil. Un grand merci.

 

(À demain 8h30…)

circouitcourt

Les mots pour le dire

« Des petits pois, tu en veux combien ? Un kilo ? D’accord, un kilo de petits pois ! Et toi ? Euh, pas de petits pois, deux bottes de radis et trois kilos de carottes ! C’est noté ! Ça sera tout ? Des fraises, tu veux pas des fraises ? Allez va pour des gariguettes ! Ces derniers temps, notre petite rue a trouvé un moyen de tirer la langue aux longues journées : jouer le circuit court, pour court-circuiter l’interdiction des marchés de plein vent. Je te raconte : depuis 6 semaines, à moins de 15 kilomètres d’ici, Michel le maraîcher confine chez lui entre ses serres et ses cagettes, et jour après jour, il voit sa production faire de l’œil au ciel, désespérément. Du coup, un petit coup de fil, et hop, Chantal organise la collecte des commandes des voisins. Nous avons même assuré la livraison, la semaine passée : du tout frais, du tout bon, sans pesticides, et je te dis pas le goût, mmm… de la régalade ! Jouer en direct le jeu du circuit court, il faudra s’en souvenir durablement, même s’il paraît que début mai, les marchés de plein vent seraient de retour. »

 

Trois petits tours et puis revient (38) Tellement à fleur de peau…

Rose

 

Contribution #19 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Zoé, depuis Nîmes : Il neige, de Voyou. Mille mercis.

 

(À demain 8h30…)

Rose

Les mots pour le dire

« L’autre matin, incapable de dire à quelle heure, je sursaute en entendant le passage des éboueurs, et je me demande : quel jour on est ? Lundi, mardi ? Je ne sais pas si ça te le fait à toi aussi, mais depuis six semaines maintenant, c’est fou comme nous perdons la notion du temps. Les heures s’écoulent sur un curieux tempo, comme si nous étions légèrement anesthésiés. Ça n’est sans doute pas pareil pour ceux qui travaillent, ceux qui n’ont pas cessé de travailler et puis aussi pour tous ceux qui depuis le début de cette interminable parenthèse, ressentent une vive incertitude, une profonde angoisse de ne pas parvenir à repartir, à relancer leur activité, à vivre de leur travail comme au temps d’avant. J’ai croisé Fatima la fleuriste hier en allant acheter le pain et les tomates. C’est une artiste des fleurs et une battante, Fatima. Elle est toujours allée de l’avant, elle n’a jamais renoncé. Nous avons bavardé un court instant devant sa boutique désertée par les clients et puis elle m’a dit : – tu sais, le 1er mai approche et personne n’a la tête au muguet, personne. Nous sommes tous tellement à fleur de peau ! »

 

Trois petits tours et puis revient (37) Faudrait pas que ça dure trop longtemps…

Albrecht_Dürer_hieronymus Holzschuler

 

Contribution #18 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Annick, depuis Tence : Il en faut peu pour être heureux. Grand merci.

 

(À demain 8h30…)

Albrecht_Dürer_hieronymus Holzschuler

Les mots pour le dire

« C’est vraiment pas grand-chose, mais il faut quand même que je te raconte. En allant chercher quelques fruits chez Francis hier-matin, je rêvasse, comme d’habitude, je lambine, lorsque j’entends une voix connue, là, derrière moi : – Éric, Éric ! Je me retourne et j’aperçois, à distance règlementaire bien sûr, j’aperçois Philippe, un copain du temps d’avant. – Ça va ? il me dit – ça va je lui réponds. Je le dévisage un peu et et je lui dis : – toi aussi tu te laisses pousser la barbe ? Il me répond –  oui, oui, depuis le début du confinement, je fous la paix à mon rasoir ! – Tout pareil, je lui réponds. Moi aussi je le laisse tranquille mon rasoir, la barbe, je la laisse pousser. Tu me diras, à part la barbe, y’a pas grand-chose à laisser pousser, hein ! Mis à part le nez, peut-être… Bon, faudrait pas non-plus que ça dure trop longtemps ces histoires de virus et de confinement, nous commençons à devenir gagas ! »

Illustration : Portrait de Hieronymus Holzschuher, d’Albrecht Dürer

 

Trois petits tours et puis revient (36) Le sourire de mon fils…

surlaroute

 

Contribution #17 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Samuel, Noëlle et Marco, depuis Bérenx : On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime, de Louis Chédid. Mille mercis.

 

(À demain 8h30…)

surlaroute

Les mots pour le dire

« L’autre jour sur la route, en montant chercher mon fils, il y avait en moi un mélange de joie, de tristesse et de colère. La joie de le retrouver bientôt, presque 50 jours après. J’imaginais tous les parents coupés de leurs enfants depuis tout ce temps et sur la route des retrouvailles. C’était doux, c’était bon. Il y avait de la tristesse, oui aussi, en pensant à l’état de manque dans lequel nous plonge la catastrophe que nous traversons, à cette exigence de limitation des contacts, cette impossibilité de nous serrer dans nos bras, cet appauvrissement de notre toucher, cette incertitude sur le futur. Et puis il y avait de la colère, et ça remontait de partout :  les courbes statistiques des décès dus au virus, l’hécatombe dans les EHPAD, les hôpitaux systématiquement paupérisés depuis plus de 30 ans, les violences conjugales en hausse, les policiers en mode open bar qui tabassent les jeunes dans les quartiers populaires, les verbalisations abusives, les actionnaires qui continuent de palper, de toucher leur part, cet empaffé de Donald Trump chantre de l’Eau de Javel, et ces pébrons dans leurs palais et leurs ministères à Paris, qui naviguent à vue et nous promènent depuis le début. Bon, je me suis calmé, et le sourire de mon fils a fait le reste lorsque je l’ai retrouvé et que je l’ai embrassé. »

 

Trois petits tours et puis revient (35) C’était si bon de se taquiner…

 

Contribution #16 Et puis, petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’a envoyé Paule, de Salies-de-Béarn : Le P’tit Quinquin, chanson traditionnelle du Nord. Je suis sûr que Francis appréciera. Merci beaucoup.

 

(À demain 8h30…)

Les mots pour le dire

« Ça va peut-être te sembler idiot, ou déplacé, ou les deux, mais je t’avoue que ça commence à me manquer de regarder le foot à la télé, de me poser devant un bon match avec du beau jeu, des actions de classe, de l’intensité, de la virtuosité, des buts de folie, comme le Liverpool de Mohammed Salah et de Sadio Mané, tiens par exemple ! Oui,ce spectacle-là me manque, je le confesse. Ce que j’ai peut-être encore davantage hâte de retrouver, c’est de pouvoir se chambrer en souriant avec Francis l’épicier, comme au temps d’avant… Lui, il est pour Lille. Normal, c’est un CHTI, Francis. Et moi je suis pour l’OM, évidemment ! Avant – j’allais dire autrefois – qu’est-ce que c’était bon de prendre le temps de bavarder, entre une pesée de légumes et une découpe de fromage. Oui, c’était si bon de se taquiner, d’être gentiment chauvins, de rigoler un bon coup en parlant ballon. Aujourd’hui, dans son alimentation, il faut se tenir à distance, il y a d’autres clients qui attendent dehors, il faut aller vite, tous deux derrière nos masques, lui à sa caisse derrière la petite cloison en plexiglas, nous n’avons plus le temps de nous poser, plus le temps de prendre le temps. Dis-moi, ça te fait ça à toi aussi ?« 

Trois petits tours et puis revient (34) Nous jouions ensemble…

billet33

 

Contribution #15 Petit bonus, j’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Nicolas et Alain, de Salies-de-Béarn : Le chant des sirènes, de Fréro Delavega. Grand merci.

 

(À demain 8h30…)

billet33

Les mots pour le dire

« Au petit matin, j’ai été réveillé par un tic tic tic, ou un tac tac tac discret. Il remontait de la rue, ce tac tac tac, comme une vieille horloge un peu mouillée, avec le roulement de la rivière en toile de fond. Les oiseaux n’étaient pas encore debout. Alors, je me suis rendormi, et dans le rêve qui a suivi, nous jouions ensemble à un jeu de société avec des feuilles  et des stylos. Je crois bien qu’il s’appelait le Petit Bac ce jeu. Je suis sûr que tu t’en souviens toi aussi : tu dis un mot, pays ou ville ou plat ou fleur ou métier, et puis tu choisis une initiale et il faut trouver cinq mots qui commencent par cette lettre. Le chronomètre tourne, tic tic tic, tac tac tac, et c’est le premier qui a trouvé cinq mots qui a gagné, et on repart pour une autre lettre. En me réveillant, j’ai repensé à ce rêve et je me suis dit qu’il faudrait peut-être penser à réviser un peu nos mots, pour la prochaine fois où nous jouerons ensemble. Il nous faudrait réviser les noms de fleurs par exemple, les noms d’oiseaux, les noms d’arbres, les noms de tout ce qui nous tend les bras bien souvent et que la plupart du temps nous négligeons, que nous ne savons pas nommer. »

Trois petits tours et puis revient (33) Trois mois après le temps d’avant…

PHOTOPETITSFILS

 

Contribution #14 J’accueille aujourd’hui l’enregistrement que m’ont envoyé Alexandre, Clément et Raphaël, depuis Shanghai. Mille mercis, les pitchouns.

 

(À demain 8h30…)

petitsfilsfooteux

Les mots pour le dire

« Les jolis cadeaux arrivent du lointain ces temps-ci. Tu te souviens des cerisiers en fleurs japonais, l’autre jour, du chant de Kamaishi, eh bien figure toi qu’hier, mes petits-fils m’ont envoyé depuis Shanghai l’enregistrement de petites chansons, bien joyeuses. Tu vas les écouter dans un court instant. Il faut dire que trois mois après le temps d’avant, leur horizon s’est un peu éclairci : ils ont enfin pu retrouver leurs copains de foot et partager leurs entraînements. Plus de 100 jours après le début de leur confinement. Bon, pour la reprise de l’école et du collège, ça sera à la mi-mai, pas avant… Chez nous, en France, il paraît que le retour en classe est prévu pour le 11 mai. Mmmmouais… Sérieusement, tu y crois, toi, au début du temps d’après, le 11 mai ? »