Mardi, c’est Cernobori

superheros

Les belles retrouvailles que voici
avais quitté Julien Cernobori
et son baladeur classique
dans la matinale
de France Musique
l’ai retrouvé
dans le podcast documentaire Superhéros
produit par Binge Audio
et diffusé sur internet

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le projet est beau
donner à entendre des femmes et des hommes ordinaires
au parcours extraordinaire

toujours aussi posé
Julien Cernobori
dans une vraie empathie
à l’écoute de l’autre
à l’écoute du silence aussi

la première série est dédiée à Hélène
c’est un récit de vie en 12 épisodes
accompagné d’une musique originale
écoutez et découvrez
moi, j’ai adoré

Écouter au port, comme à la radio

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J’ai toujours aimé écouter aux portes
depuis tout minot
si curieux suis des voix et des murmures
des paroles et des accents
des soupirs et des cris
qui passent et jaillissent et traversent
depuis l’autre côté
toujours été aimanté par la face cachée
celle qu’il faut deviner
imaginer
désirer
ceci explique sans doute mon amour de la radio
pas la triste et fade et formatée radio filmée de today
non
la vraie de vraie
la vibrante
celle qui s’écoute les yeux fermés
dans le noir
ou le regard accroché à la lumière des nuages
celle qui nourrit les images à l’intérieur

écouter aux portes
je continue bien sûr
aussi souvent que le puis
laisse trainer mon enregistreur
désire que restent ces sons
ces vibrations humaines
ces échanges
les mettre au chaud
les revisiter
les partager
les transmettre

écouter au port hier à Marseille
le lieu béni de ma prime enfance
près des bateaux amarrés ou à réparer
un court moment de radio vivante
improvisée
une femme
son homme
leur ami
avec l’accent d’ici
la légèreté d’ici
l’humour d’ici
gens du peuple marseillais que j’aime
mon peuple
que je ne me lasse pas d’écouter

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Tu sais

MèreaveugleEgonSchiele.1914

Tu sais
sans cesse
les gens passaient
sifflotaient
le silence blessaient
le froid saisissait
tandis qu’elle seule
les mains gercées
les yeux percés
se taisait
berçait son bébé
son pouce suçait
elle seule sentait
ses jambes usées
son corps essoré

les gens passaient
s’avançaient
s’embrassaient
insouciants
sans dessus dessous
en suspens
sans lancer de pièce
comme ça
sans parler
sans regarder

un soir soudain
saisis de stupeur
certains l’aperçurent
esseulée dans le sombre
elle avait cessé de respirer
sur son sein
le bébé sanglotait

difficile
de verser ces secondes au passé
tu sais

Illustration : Mère aveugle, Egon Schiele 1914