Shanghai est un perroquet

perroquet

Assis sur son scooter il lui dit à voix basse
des mots que tu ne comprends pas
l’après-midi avance le soleil se devine
le perroquet écoute
comme surpris que son maître le sorte enfin un peu de la cage
où il tourne en rond à longueur de journée
bien sûr il n’est pas libre de s’envoler
une petite chaîne discrète lui enserre la patte
peut-être espère-t-il sans trop y croire
un soudain sursaut d’humanité

tu voudrais observer l’oiseau de plus près
contempler le lustré de ses plumes
le vermillon de son bec recourbé
saluer en souriant son petit œil cerné
lui souhaiter tout le courage du monde
alors tu t’approches doucement du scooter
et là patatras
le maître cesse de chuchoter te dévisage et lance
money !

 

Le migrateur

reflet

Migrateur
migrateur
trime
gare
la ruelle
tuera
le rat git
la truite rame
le tigre mugit
la grue tire et le rate
lutte
ma mie
trie la lie
grime
et remue la lame

Hirondelle du toit d’en face

 

hirondelle1Juste en face est un nid
tout seul
tout rond
sous le toit bâti

dès l’aube il émet les cris
lancés par la petite hirondelle
à sa mère déjà partie
vers le ciel et ses insectes

je guette son retour fugace
quelques secondes à peine accrochée
pour donner la becquée
puis repartir sans tarder

j’aime quand elle virevolte
et trace de son ventre blanc
ses fugaces calligraphies
arabesques gorgées de vie

elle plane au-dessus des toits
jusqu’au crépuscule gris
où peu à peu s’efface et s’oublie
la déchirure de son cri

hirondelle du toit d’en face
reste encore un peu avec moi
le temps que ton petit s’envole
de ce nid rond comme une nasse

pourvu que bientôt reviennes
lorsque l’été s’éteindra
j’attendrai tout le temps qu’il faut
pour contempler tes ébats

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L’été jamais ne soulage

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L’été m’a donné des ailes
me suis échappé de la mer
et suis remonté vers le nord
porté par des flots d’air brûlant

parvenu en rivage de Seine
me suis posé près de l’eau
où flottaient bateaux par centaines
tous en papier, blancs et légers

vers où voguez-vous coquilles frêles
si loin encore est l’océan
votre appel à la mémoire vive
rend hommage à tous les migrants

l’été jamais ne soulage
ni la douleur du souvenir brûlant
de ceux qui en mer disparurent
ni le deuil de tous les survivants

 

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C’était hier la Journée mondiale des réfugiés

L’Oiseau, de Pierre Gamarra

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Chez mon bouquiniste préféré
déniché ce petit recueil
Le sorbier des oiseaux
de Pierre Gamarra
ne résiste pas au plaisir
de lire l’un de ses poèmes
à voix haute
comme il se doit

me souviens qu’à l’école primaire
au CP ou au CE1
avions appris quelques poèmes
de Pierre Gamarra
comme celui-ci

Mon cartable

Mon cartable a mille odeurs,
mon cartable sent la pomme,
le livre, l’encre, la gomme
et les crayons de couleurs.

Mon cartable sent l’orange,
le bison et le nougat,
il sent tout ce que l’on mange
et ce qu’on ne mange pas.

La figue, la mandarine,
le papier d’argent ou d’or,
et la coquille marine,
les bateaux sortants du port.

Les cow-boys et les noisettes,
la craie et le caramel,
les confettis de la fête,
les billes remplies de ciel.

Les longs cheveux de ma mère
et les joues de mon papa,
les matins dans la lumière,
la rose et le chocolat.

Le Rouge-gorge d’ici et de là-bas

rouge-gorge

Le matin parfois
surgit sur mon écran
une merveille
une parcelle de grâce
un fil précieux
relié à la vie paisible qui bat
juste à côté
un fragment de  beauté
niché par surprise
juste en face de mon silence

rougegorgeterresdencre
ce rouge-gorge de là-bas
offert par terres d’encre
l’ai désiré ici aussi
tout près de ce ciel
qui nous unit
ai déniché sa voix
et me suis assis
sur le vieil amandier
pour l’écouter

Retrouver terres d’encre par ici et sur Twitter 

L’oiseau du cimetière

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Comme par enchantement
l’oiseau s’est juché là-haut
juste en face de toi
là où depuis un mois
reposes en paix, mon Jacques

sur l’arbre vigie des tombes
il est venu te conter
les joies et les regrets
les espoirs et les tourments
les souvenirs et les silences
qui peuplent nos journées
et nos nuits ici-bas

 

L’oiseau artificiel

Un chantier permanent, cette ville
à chacun de mes voyages, depuis plus de dix ans
la périphérie se retrouve repoussée un peu plus loin
à tour de bras, Shanghai détruit, bâtit, érige, pousse le béton vers le ciel
et fait fleurir résidences géantes pour nouveaux riches

enconstruction

ici, dans la démesure, les agences immobilières jouent la carte séduction

residence

les intérieurs des maisons témoins à 200.000 euros sentent le luxe
transpirent le douillet clinquant dans chaque pièce

decorinterieur

dehors, parmi les arbres, perce un chant d’oiseau puissant et paisible
la nature semble survivre
le chercher du regard vers les branches
et découvrir sans tarder que ce chant et celui d’un oiseau artificiel
enfermé dans une cage cylindrique discrètement posée à l’écart des visiteurs

lorsque l’oiseau s’arrête, une autre musique prend le relais
le grincement du tricycle de pauvres gens
du matin au soir
de chantier en chantier
glanent et entassent planches et plastique
revendus au poids pour quelques dizaines de yuans.

glaneuse

 

Vers le soleil

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Chantait tranquille quand l’ai aperçue
juchée sur le cyprès

prenait le frais
attendait peut-être l’orage
se préparait déjà à l’arrivée du crépuscule, qui sait
à pas lents ai avancé vers elle
alors, s’est tue
sa longue queue oscillait dans le concert du soir approchant
petites rafales de tramontane et chants des grenouilles
ai tenté de lui parler
et pie s’est envolée vers le soleil

 

Petite mésange

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En quête de miettes
sautillais sans peur
petite mésange
serais bien rentrée
piquer une miche
mais porte fermée
as raflé l’infime
sans te presser
puis t’es envolée

ai cherché tes noms
pour partir aussi
nonette ou lapone
noire ou azurée
bleue ou boréale
huppée ou lugubre
nord-africaine ou

charbonnière
crois que tu étais
petite mésange qui sans peur sautillais

Le Rouge-gorge trempé

Sur le bouleau frissonnais
Rouge-gorge trempé
joyeux pourtant

t’ai fait un petit signe
pour attirer par ici
le beau temps

as sifflé puis silence
Rouge-gorge glacé
la pluie s’en est allée

 

Et passe un milan noir

Il a survolé les arbres en tournoyant. Je n’ai pas su imiter son cri. Le milan noir ne s’est pas attardé, appelé par d’autres cibles. Je me suis répété qu’il ne fallait surtout pas croire aux oiseaux de mauvaise augure.

L’homme au merle

L’homme est resté un bon quart d’heure à regarder le merle chercher sa pitance sur l’herbe, parmi les feuilles. Je les ai observés tous deux. L’un amusé et replongé en enfance. L’autre amusé aussi peut-être et sans doute en attente d’une miette de pain ou de gâteau. Ensuite, me suis approché de l’homme au merle et avons un peu bavardé. Prendre le temps d’observer les oiseaux. D’échanger avec les humains aussi. De parler de la vie simple et belle. De faire remonter de jolis souvenirs. 2015 a bien commencé.

La petite mésange charbonnière

Dans un grand parc de Marseille l’autre jour. Parti pour me rapprocher le plus possible d’une pie qui jacassait à tue tête. Arrivé au pied des grands arbres, envolée plus loin la pie. Noyée parmi les cris d’enfants qui naviguaient depuis un jardin en contrebas. Me suis alors planté en face d’un gros tronc d’arbre. Observé les allées et venues de la mésange qui nourrissait ses petits. Un merveilleux ballet entre le nid, au creux de l’arbre, et le ciel.

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Sortir juste la tête avant de s’envoler

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Repartir en quête d’insectes.

L’oiseau du petit matin

Quatre heures du matin. Il ne pleut pas encore. Un oiseau en profite pour chanter. Là, juste de l’autre côté du Saleys qui coule au pied de la maison.

Le rossignol de Shanghai

Bienvenue dans mon blog sonore !

Chaque jour viendra s’y installer l’un des sons enregistrés à deux pas de

chez moi ou de l’autre côté du monde.

Pour commencer la série, voici le chant matinal d’un rossignol de Shanghai.

Avant que le tumulte de la grande cité chinoise le réduise au silence,

l’oiseau a trouvé sa place au lever du jour.

« Les nuits suivantes, quand le rossignol se remettait à chanter, le pêcheur redisait à chaque fois: « Mon Dieu! Comme c’est beau !  » Des voyageurs de tous les pays venaient dans la ville de l’empereur et s’émerveillaient devant le château et son jardin; mais lorsqu’ils finissaient par entendre le Rossignol, ils disaient tous: « Voilà ce qui est le plus beau! » Lorsqu’ils revenaient chez eux, les voyageurs racontaient ce qu’ils avaient vu et les érudits écrivaient beaucoup de livres à propos de la ville, du château et du jardin. Mais ils n’oubliaient pas le rossignol: il recevait les plus belles louanges et ceux qui étaient poètes réservaient leurs plus beaux vers pour ce rossignol qui vivaient dans la forêt, tout près de la mer. »

Le Rossignol et l’Empereur, conte d’Andersen