Un cri infini

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J’ignorais qu’Edvard Munch fut travaillé par l’angoisse et le doute existentiel à un point tel qu’il
déclina cinq fois le motif du Cri, son tableau le plus célèbre.
Je l’ai pris en pleine face, ce hurlement, au détour de l’exposition que lui dédie le Musée d’Orsay .*
Cette version imprimée, tellement épurée, m’a encore davantage horrifié que le célébrissime chef d’œuvre au coucher de soleil rouge sang.
Je l’ai entendue m’interpeler cette silhouette décharnée, depuis la passerelle qui s’allonge au-dessus du Fjord d’Oslo presque abandonné.
Comme si une momie surgie du fond des siècles surgissait pour jeter à ma face toute l’horreur que lui inspire notre temps présent.
Comme si elle se rapprochait de moi en lançant avec rage : – vous n’avez rien appris, rien de rien ! Ni des pogroms, ni des camps de la mort, ni des génocides et vous continuez à vous vautrer dans la saloperie du monde !
Dans son journal, en janvier 1892, Edvard Munch écrivit : « Je me promenais sur un sentier avec deux amis – le soleil se couchait – tout d’un coup le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtai, fatigué, et m’appuyai sur une clôture. Il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville. Mes amis continuèrent, et j’y restai, tremblant d’anxiété. Je sentais un cri infini qui passait à travers l’univers et qui déchirait la nature. »

*jusqu’au 22 janvier, « Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort »

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De glace et en feu

C’est comme un pèlerinage. Chaque fois que je monte à Paris, il me faut aller saluer Van Gogh. Au cinquième étage du Musée d’Orsay – il me semble que la dernière fois il était accroché plus bas – deux tableaux m’aimantent, peints lors du séjour de Vincent à l’hôpital de Saint-Rémy-de-Provence en 1899, un an avant sa mort.

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D’abord l’autoportrait au fond turquoise et au camaïeu de bleus. Me revoilà aussitôt happé, empoigné, dérangé par ce regard où sourdent incompréhension, révolte, angoisse et tristesse. J’ai beau à chaque fois me rapprocher de la toile autant que possible et oser lui murmurer quelques mots doux et paisibles, Van Gogh reste de glace et en feu. En silence, il continue de me dévisager et il continue encore et encore.

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Alors, je prends congé et me rapproche de La Méridienne, dit aussi La Sieste, l’autre tableau qu’il me faut retrouver.

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Aussitôt, je retourne dans la Provence de l’enfance, aux abords de Bauduen, où naquit ma grand-mère. Ébloui par ces nuances de jaune, je me replonge dans des lieux alors encore épargnés par le Lac de Sainte-Croix. Me revoilà en plein été dans les champs – sous les eaux depuis bientôt un demi-siècle – transpirant auprès de mon grand-oncle Bertin, de son cheval et de sa charrette cafie* de foin. Il quittait le village à la fraîche, descendait sur ses terres et travaillait dur. Au mitan du jour, lorsque le soleil tapait sans pitié, il s’allongeait lui aussi dans le peu d’ombre des meules pour une petite sieste. Campé devant le chef d’œuvre de Van Gogh, c’est ainsi que je l’imagine, Bertin. Apaisé pour une poignée de minutes.

De cette Provence de jeunesse et de rêve, je m’éloigne toujours à regret. Surtout quand l’hiver s’obstine à peindre Paris de ce gris terne et glacé qui incite à retourner bien vite au musée.

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*cafi : rempli, gorgé, en provençal

Hiver #12 L’abeille, la Commune, la flûte et Mathurin

Ce n’est pas encore le temps des cerises mais tenter d’en dénicher les prémisses au rythme des promenades quotidiennes et au hasard des sentiers. Sourire à la pitchounette abeille en plein labeur. La première croisée depuis des mois. Hibernent-elles comme les ours et les tortues et les marmottes, les fabuleuses filles d’Aristée, comme les appelle Maurice Maeterlinck dans son livre La vie des abeilles ? Je mesure une nouvelle fois mon inculture devant les cadeaux de la nature. Pour ne pas en rester là, je me suis me procuré le livre publié chez Publie.net  En plus j’adore l’illustration de la couverture, œuvre de Roxane Lecomte.

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La Commune. Continue-t-elle de faire son miel ? Oui, assurément. Elle reste toujours vivante pour qui sait ne pas oublier. Louise Michel (photo ci-dessous). Les barricades. Le Mur des Fédérés. Un siècle et demi que se levèrent à Paris des insurgé.e.s, des communueux et des communeuses qui désiraient imaginer et construire un monde où règneraient la dignité, la justice sociale, l’émancipation et l’égalité. Une kyrielle de livres et d’émissions évoquent cette fulgurante page de notre histoire commune. Dans le Monde Diplomatique de ce mois-ci, l’historienne Mathilde Larrère évoque comment graffitis et affiches participent depuis 150 ans à la revendication d’une mémoire de l’insurrection. L’article La Commune prend les murs s’écoute ici :

 

 

Faire ses gammes. Flûte et violoncelle même travail. Répéter et répéter encore. Le mieux est l’ennemi du bien, sauf en musique. Cette flûte qui joue et rejoue ses gammes, émane-t-elle d’une dame ou d’un monsieur ? Mystère…

Cet abécédaire me plaît beaucoup. Créé par Mathurin Méheut, peintre, illustrateur et décorateur breton dont je découvre les œuvres chaque jour sur Twitter.

Parmi ses merveilles, des poissons, des crabes, des poulpes, des pêcheurs, des Bigoudènes, des scènes de la vie quotidienne en Bretagne, au Japon, en Amérique. Et puis ce Vieux-Port avec Bonne-Mère qui m’enchante.

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Je proposerai bientôt – quelque part sur le net – un voyage cent pour cent sonore au Panier, le quartier de ma prime enfance à Marseille. Ce sera une histoire d’amour et de partage. Nous remonterons le temps auprès de femmes dont les voix se sont tues mais qui n’ont pas fini de raconter ce Marseille populaire de jadis. Chantier en cours. En attendant la concrétisation de ce projet, retourner en Bretagne chaque jour et poursuivre la lecture à voix haute du roman À la ligne, Feuillets d’usine, en mémoire de Joseph Ponthus.

 

Sur l’arbre

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Juché sur la cime qu’attends-tu vieux voyageur des forêts vers quels horizons tournes-tu ton regard de cyclope étonné tu as pris le temps d’arpenter les sentiers bleus des matins tu t’es glissé entre les précipices tu as frôlé les crevasses du monde et tu l’observes à présent figé d’étonnement ou de stupeur ou de froid qui sait rien ne te protège des tempêtes à venir rien pour t’abriter lorsque approchera en silence à travers les nuages enfantins et les nuées d’oiseaux le grand tremblement qui d’un coup d’un seul nous enveloppera tous de ce noir où tout sera à réécrire repeindre réinventer.

Photo de ci-haut : « On the tree » , œuvre de HiroshiTachibana

En découvrir d’autres sur Twitter

 

Devant les paysages d’Odilon Redon

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Odilon Redon
sais pas pourquoi
pensais que c’était une dame
intrigué tout de même
par le on final du prénom
croyais donc que c’était une peintre
jusqu’à ce samedi aux côtés de ma fille Zoé
la découverte de l’exposition
« La nature silencieuse. Paysages d’Odilon Redon »
proposée par la Galerie du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux

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« né dans le Midi, avec un brin d’âme du Nord »
Odilon Redon découvrit la peinture à Paris à l’âge de sept ans
et fut un amoureux de la nature
« dans ses formes … dans le plus petit brin d’herbe,
l’humble fleur, l’arbre, les terrains et les roches,
jusqu’aux majestueuses cimes des monts. »

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avec Zoé, le voyage en paysages
fut une douceur charmante
un paisible émerveillement

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Pour prolonger la visite, c’est par ici .

Robert Schumann* – Arabesque en do majeur – par Evgeny Kissin

* Odilon Redon adorait Schumann depuis l’enfance.

Fantaisie de couleurs

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Fantaisie de couleurs
dansent et virevoltent et chantent
joyeux moment de partage
tes doigts teintés de légèreté
tes yeux brillants de gaité
s’y plonger encore ensemble, mon beau

Fantaisie de couleurs – peinture de mon fils Marius

Extinction de voies

Se poser. Urgent. Débrancher. Impératif. Écouter la pluie tomber et imaginer le lointain. S’évader au-delà des frontières de ce monde barbare. Sale. Ignoble. Ravaler les adjectifs souillés par tant et tant de salauds. Trop eu envie de crier ces dernières heures. Tueries. Enfants anéantis. Misère galopante. Planète méprisée. Regards détournés au passage de la différence. Égoïsmes à la pelle. Zemmourisation des ondes. Perdu la voix à force de hurler dans ma tête, fracassé par ce spectacle désespérant. Extinction de voies, me semble-t-il. Je deviens défaitiste. Ceci aussi me donne envie de crier. De dégoupiller. D’ouvrir le feu. Extinction de voies. Jusqu’à quand ? Continuer de patienter en écoutant Anoice, le groupe instrumental japonais. Et puis  se remémorer Le cri, le chef d’oeuvre d’Edvard Munch. Relire ce que le peintre norvégien écrivait à propos de son tableau : « J’étais en train de marcher le long de la route avec deux amis – le soleil se couchait – soudain le ciel devint rouge sang – j’ai fait une pause, me sentant épuisé, et me suis appuyé contre la grille – il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et de la ville – mes amis ont continué à marcher, et je suis resté là tremblant d’anxiété – et j’ai entendu un cri infini déchirer la Nature. » Réécouter Anoice.

Ce serait … un amour

Faire sonner les mots devant un tableau* ou une photographie est un plaisir d’écriture que Brigitte Célérier ne se refuse pas. J’avoue ne jamais hésiter à m’offrir celui de me camper à ses côtés devant l’écran et de l’écouter mêler avec grâce chair brûlante des émotions, parfum vivace des souvenirs et regard fin porté sur l’image. Car Brigitte Célérier parle, conte, évoque, invite au voyage dans chacun des textes de sa série Ce serait publiée sur le superbe site de Jan Doets Les Cosaques des Frontières – refuge pour les dépaysés. Pour prolonger cette découverte, une visite s’impose à Paumée, le blog que Brigitte tient assidument. Elle y conjugue avec subtilité et humour récits de vie quotidienne, critiques de spectacle – théâtre, opéra, concerts – et photographies. Paumée, ou la chronique d’une dame d’Avignon cultivée. Conteuse dans l’âme.

Brigitte Célérier est aussi sur Twitter @brigetoun

* L’Homme au gant devant lequel retourne Brigitte Célérier dans Ce serait … un amour, est une huile sur toile de Le Titien (1488 – 1576), portraitiste de l’école vénitienne, qui qualifiait ses peintures de poèmes. Le tableau – daté de 1521 – est conservé au Musée du Louvre.

 

Un plongeon géant chez Katsushika Hokusai, peintre éternel

Plus de deux heures trente d’attente pour toucher des yeux une merveille absolue, l’exposition Hokusai, l’immense peintre japonais. Magie, délicatesse, sensualité, universalité. Les mots manquent pour décrire ce que j’ai ressenti en approchant les oeuvres de celui qui rêvait de vivre jusqu’à 110 ans pour prolonger sa folie du dessin. En tout, plus de 500 pièces exceptionnelles sont exposées au Grand Palais à Paris. Une grande partie de ces oeuvres n’ont encore jamais été présentées hors du Japon. J’ai été saisi d’une douce émotion face aux estampes d’oiseaux, de fleurs, de femmes, et celles de la série Les 36 vues du Mont Fuji, entre autres devant les myhiques Sous la grande vague au large de la côte à Kanagawa et Vent du sud Ciel clair. Ai trouvé sublime la série Voyage au fil des Cascades des différentes provinces. Découvrir en vrai Katsushika Hokusai est un voyage vers le Japon éternel et universel qui incite au recueillement et au chuchotement.

Hokusai chroniqueur de son époque. Hokusai maître du manga. Hokusai amoureux des oiseaux. Hokusai adorateur du Mont Fuji et de la mer. Hokusai dessinateur hors normes. Hokusai quitté à regret lorsque s’est rapprochée l’heure de reprendre le train vers le sud… Peut-être tenterai-je un nouveau plongeon dans son monde merveilleux d’ici au 18 janvier, date de clôture de l’exposition.

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Dispute d’enfants chinois autour d’une partie de go
1787-1793

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Sifflet de la cerise d’hiver
1801-1804

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Dragon volant au dessus du mont Fuji 1849
Pour prolonger le plaisir, Hokusai se visite aussi sur Arte.

Livres de ma vie / peintres en coffret / Cézanne

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C’est un coffret de planches illustrées, de reproductions de toiles de Cézanne. Sur la tranche, dix lettres : CÉZANNE en gros caractères et N.E.F. , pour Nouvelles Éditions Françaises, en plus petit. C’est avec ce livre au format 32,5 cm x 24 cm que mon père m’a fait découvrir les grands peintres, comme il aimait me les présenter. – Regarde comme c’est beau ! , il me disait, en s’attardant sur les toiles peintes à Marseille. Je me souviens de Neige fondue à l’Estaque, paysage d’hiver à la tonalité noirâtre, si proche de celle qui empreint parfois ma ville les longs jours sombres d’hiver. Je me souviens aussi de Le golfe de Marseille vue de l’Estaque, qui m’offrait un inédit panorama sur la cité. Inédit pour moi, petit Marseillais accroché à mon quartier d’Endoume, baigné par la mer certes, mais d’où ne me sautait aux yeux que le contre-champ de cette toile.

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Ce livre m’a aussi plongé dans l’univers des mots qui décrivent la peinture puisque au verso de chacune des planches figurait un texte racontant le rapport du peintre à la toile. Plus tard, je me surprendrai parfois en visitant une exposition à porter d’abord mon regard sur la description et le titre de la toile plutôt que sur la peinture elle-même… J’essaie de me corriger… Dans la bibliothèque de mon père depuis les années 60, ce Cézanne est rangé aux côtés d’autres coffrets aux noms mythiques Van Gogh, Renoir, Monet, Toulouse-Lautrec, notamment. D’autres très belles découvertes d’enfance. J’y reviendrai ici.

Livres de ma vie / B comme Bruegel #4

La Fenaison. La campagne en été. Les travaux des champs. Hommes, femmes et bêtes. Les origines. Les racines communes. C’est comme si Bruegel nous faisait entendre leurs gestes en nous reliant à nos ancêtres paysans. Paysage où règne la paix. Horizon dégagé ouvert sur d’autres contrées peuplées de gens de la terre. On se prend à imaginer que la rivière nous entraine vers la mer. Ces travailleurs des campagnes ne la connaîtront sans doute jamais.

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R comme Reportage

« Bruegel est comme un journaliste qui ferait un reportage en images. Dans les campagnes, l’œil aux aguets, il observe les paysans qui travaillent puis, de retour dans son atelier, il peint des scènes qui racontent la vie des gens de son temps. Il ne cherche pas alors à inventer des histoires mais à décrire les choses telles qu’elles sont.

Un jour, un riche amateur d’Anvers lui passe une commande qui lui fait grand plaisir : une série de tableaux représentant les saisons pour décorer sa maison. Bruegel peint la fin de l’hiver lorsque tout est humide et sombre et le début de l’été quand les fruits sont si bons, il peint l’été doré des moissons et la venue de l’automne. Il peint l’hiver tout blanc et le froid et la glace.

À chaque saison sa couleur : jaune pour le plein été, bleu pour le printemps, brun pour l’automne. Ici pour ce radieux mois de juillet, l’un des six panneaux peints par Bruegel, c’est le vert qui domine ».

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Copyright @ Réunion des Musées Nationaux. Collection dirigée par Marie Sellier

Livres de ma vie / B comme Bruegel #3

Les Mendiants. Affreux et abandonnés. Esseulés déjà en ces temps reculés. Rien ne change. Contemporains donc ces estropiés. Tant et tant croisés dans nos villes. Les guerres et la misère ne cessent de lâcher leurs terribles semailles. Siècle après siècle. Nos indifférences demeurent. Tableau universel. Le seul de Bruegel conservé au musée du Louvre à Paris.

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M comme Mendiants

« C’est une toute petite peinture, à peine plus large qu’une page de ce livre. On y voit cinq mendiants, cinq estropiés dans un petit jardin en friche. Ils sont déguisés. Ces tuniques piquées de queues de renard, ces chapeaux de carnaval, c’est sans doute pour attirer l’attention des gens : « S-il vous plaît, Monseigneur, une petite pièce, pour un pauvre cul-de-jatte ! »

Derrière les mendiants agglutinés, derrière la femme qui trottine vers la droite, une assiette à la main, une allée s’échappe vers un porche. Au-delà, on découvre des arbres au feuillage argenté, un coin de ciel bleu… Comme si Bruegel avait voulu opposer l’univers des hommes, imparfait, torturé, à la nature si sereine, si parfaite. La folie de l’un à l’harmonie de l’autre. »

Mendiants

Copyright @ Réunion des Musées Nationaux. Collection dirigée par Marie Sellier

Livres de ma vie / B comme Bruegel #2

La chute d’Icare. Un tableau ouvert comme un continent. Des hommes au bord d’un monde connu. La campagne et la mer. Ce monde me parle. Comme familier il est. Le laboureur derrière son cheval. Le regard fixé sur le soc et le sillon à naître. Le berger rêveur. Les yeux au ciel tandis que ses moutons paissent comme au bord d’une falaise. La caravelle. Voiles arrondies de vent. Coque géante et à quelques vaguelettes de là, deux jambes roses. Les jambes d’Icare. Du personnage mythologique, Bruegel ne nous montre que les gambettes. Noyade ? Nul ne le sait. Ce simple détail compte peu en fait, face à la beauté du monde. Les îles au loin, l’horizon, le soleil levant, d’autres bateaux et au-delà, une cité. Un port où vivent et travaillent d’autres hommes. J’ignore pourquoi mon regard a peu voyagé vers la droite du tableau. À peine aperçu le pêcheur. Ai imaginé les montagnes blanches comme un iceberg monstrueux. Quant à Icare…

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I comme Icare

« D’abord, on ne voit qu’un laboureur qui travaille avec application, indifférent au paysage qui l’entoure. Le jour se lève à l’horizon, une brise légère gonfle les voiles du navire… Tout est calme et splendide. Mais comme ce tableau est intitulé La chute d’Icare, on cherche Icare ! Où est-il ? Où est l’homme-oiseau, le premier fou volant qui réussit à s’élever dans les aires avec des ailes de plume et de cire ?

On découvre le berger qui rêve en gardant ses moutons, le pêcheur sur la berge qui lance de nouveau sa canne. Et puis soudain on voit ces jambes qui s’agitent, cette main, ces plumes qui tourbillonnent. Le voici, Icare ! À trop vouloir s’approcher du soleil, il s’est brûlé les ailes. La cire a fondu et il est tombé. C’est la fin de l’aventure que Bruegel a choisi de peindre, comme pour dire : « Voilà à quoi mène l’orgueil ! »

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Copyright @ Réunion des Musées Nationaux. Collection dirigée par Marie Sellier

Découper, coller, peindre, c’est sa vie

Corinne Attali est une artiste singulière. Ses collages et ses peintures naviguent depuis quelques semaines sur Twitter. Ils en illuminent le flot et à chaque fois, c’est une invitation au voyage, l’on se prend à rêver. Mozart, Bach, Barbara, Ferrat, Chopin et bien d’autres l’accompagnent dans son atelier inondé de soleil. Elle raconte qu’elle crée tout le temps quantité d’oeuvres. Elle confie que ces oeuvres l’envahissent toute entière et la débordent par manque de place. Corinne Attali se dépeint comme un ovni, ignorant d’où lui vient cette frénésie créative depuis maintenant un bon quart de siècle. J’avoue être séduit par son audace, sa poésie et son talent de coloriste. Son imagination de découpeuse-colleuse. J’adore notamment ses élégantes Japonaises et ses images d’Afrique. Si tristes et si joyeuses aussi parfois. Je suis sensible à l’allure paisible de ses longues femmes. Ses natures mortes riches en théières me charment. Je retrouve des touches de Matisse, de Modigliani et de Cézanne dans cette artiste à la créativité foisonnante. Corinne Attali, vous pouvez l’approcher d’un peu plus près par ici.

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Van Gogh et Artaud à la radio

Extrait de La Dispute, hier-soir sur France Culture, de 21H à 22H. J’ai adoré la fougue et la passion qui portaient le propos de Corinne Rondeau. Elle évoquait Vincent Van Gogh et Antonin Artaud réunis dans une exposition au Musée d’Orsay à Paris, à partir du texte Van Gogh le suicidé de la société, qu’Artaud écrivit en 1947 et autour d’une quarantaine de tableaux de celui dont Artaud disait qu’il était « le plus peintre de tous les peintres« . L’intégralité de l’émission proposée par Arnaud Laporte, c’est par ici.

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La nuit étoilée (1889)

456px-Van_Gogh_-_Selbstbildnis_mit_verbundenem_OhrAutoportrait à l’oreille coupée (1889)

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Vincent Van Gogh japoniste.

Sacha Guitry raconte Auguste Renoir

RenoirJ’ai découvert ce matin grâce à Didier Beaujardin, l’un de mes amis numériques, qu’il y a 94 ans jour pour jour – le 3 décembre 1919 – disparaissait Auguste Renoir, l’immense peintre impressionniste. Je n’oublie pas que Renoir fait partie des nombreux artistes dont mon Papa me fit découvrir les oeuvres lorsque j’étais enfant : Van Gogh, Monet, Manet, Modigliani, Soutine et donc Renoir notamment. A la maison, les livres d’art ne manquaient pas. Nous les ouvrions souvent ensemble le dimanche. C’était un émerveillement. Aujourd’hui, pour accompagner en sons ce souvenir, voici un document signé Sacha Guitry, qui au début du XXème siècle filma avec une caméra amateur les grands artistes qui rendaient visite à son père. C’est une spéciale dédicace à Didier Beaujardin et à mon Papa.

Sacha Guitry évoque Renoir, en images

A la rencontre d’Auguste Renoir

Auguste Renoir a franchi toutes les frontières. Le voici raconté en espagnol.

L’Estaque de Braque, tableau sonore

Il y a près de trois semaines, nous découvrions ici la voix du peintre Georges Braque grâce à Chroniques sauvages une émission de la Radiodiffusion Française en 1951, chroniquée par Radio Fañch. Aujourd’dui, pour prolonger cette découverte, voici un document sonore réjouissant : une toile du maître, L’Estaque, racontée avec finesse, à l’initiative de la « Réunion des musées nationaux – Grand Palais », jeune établissement public créé en 2011.
Vous en redemandez ? Moi aussi. Autre « tableau sonore » de Braque : A tire d’aile
La page dédiée à la rétrospective Georges Braque proposée au Grand Palais – à Paris – jusqu’au 6 janvier

La voix de Georges Braque

J’ai découvert récemment sur la Toile un passionné de radio. Il se prénomme Fañch. Il est Breton, a écouté ses premières émissions sur les genoux de sa grand-mère et tient un blog à la fois sensible et pointu, Radio Fañch. Ce qu’il aime, c’est la radio de qualité. Cette radio qui prend le temps de donner la parole, de laisser la place aux silences, de raconter des histoires. Une radio qui donne à entendre des voix et des sons du monde. D’aujourd’hui comme d’antan. De ces voix qui restent et resteront uniques. Présentes à jamais. Hier-soir sur Radio Fañch, j’ai été happé par un document sonore – Braque, l’ermite de génie. – signé du regretté Robert Arnaut, l’un des très grands noms de Radio France. De sa voix chaude et paisible teintée d’une pointe d’accent occitan, Robert Arnaut retrace et commente l’oeuvre du peintre, créateur du cubisme. L’émission s’appelait Chroniques sauvages. Allez vous plonger dans ce merveilleux document sur Radio Fañch.
Et pour vous mettre en bouche, tenez, voici la voix du maître, Georges Braque, interrogé en 1951 par Alain Trutat sur la Radiodiffusion française. Extrait
Début août, Fañch rendait hommage à Robert Arnaut
Télérama présente la rétrospective Georges Braque au Grand Palais à Paris jusqu’au 6 janvier 2013. Près de 240 oeuvres y sont exposées.

La peinture dans le poste

J’aime la radio. Surtout lorsqu’elle m’étonne, me surprend, me fait entrer dans un monde poétique.
 » Vous voyez le tableau  » a attiré mon oreille jeudi dernier juste avant le journal de 19 heures sur France Inter. Il s’agit d’un récit-croquis proposé par Joann Sfar, scénariste, réalisateur et auteur de bandes dessinées, une esquisse sonore qui offre une entrée singulière dans une oeuvre de son choix. Comme par exemple  » Les Nymphéas  » de Claude Monet
 » Vous voyez le tableau  » ferme l’émission  » Downtown « , du lundi au jeudi, à 18h55 sur France Inter