Migrateur
migrateur
trime
gare
la ruelle
tuera
le rat git
la truite rame
le tigre mugit
la grue tire et le rate
lutte
ma mie
trie la lie
grime
et remue la lame
poésie
Juste assez
Un jour peut-être approcher de la cime essoufflé juste assez pour braver le chemin étonné juste assez pour mesurer tes pas à l’échelle du monde un jour peut-être chasser le vertige éveillé juste assez pour goûter l’éphémère émerveillé juste assez pour te fondre dans le paysage.
M comme Marseille, M comme Mélenchon
Belle lurette que je ne crois plus à l’homme providentiel
belle lurette aussi
que suis un partisan de la paix
un amoureux de la paix des hommes
n’étais pas à Marseille hier
mais n’ai rien manqué du vibrant et poétique discours pour la paix
prononcé par Jean-Luc Mélenchon
sur le Vieux-Port
au cœur de cette cité qui m’a vu naître
comme tant et tant d’enfants aux sangs métissés
M comme Marseille
M comme Mélenchon
bouleversant dans ce silence convoqué par lui
rameau d’olivier à la boutonnière
en mémoire des migrants engloutis par la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe
convaincant dans sa condamnation des bombardements de la Syrie par Trump
et de tous les va-t-en guerre
touchant dans son amour déclaré à la France métissée et à tous ses enfants
émouvant dans son récit final de La Paix
le poème de Yannis Ritsos
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Mélenchon n’est pas un slogan, non
pas question pour moi de l’idolâtrer
mais il est le seul à mêler avec force et lyrisme
justesse de vue et poésie
à parler d’amour et de justice
à proposer de rompre vraiment avec ce monde d’argent qui broie les gens
à refuser que soit scandé son nom
à préférer que chacune et chacun prenne sa part
d’insoumission
Erri de Luca, Naples et le yiddish
Erri de Luca est un conteur merveilleux
sur la scène de la Maison de la poésie, samedi
il nous a parlé de son amour pour le yiddish
son lien profond avec cette langue désormais morte
a décidé de l’apprendre en revenant de Pologne en 1993
était allé assister aux cérémonies du 50ème anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie
y avait rencontré l’un des héros de son enfance
Marek Edelman, l’un des chefs de l’insurrection
aujourd’hui l’écrivain napolitain redonne vie au yiddish à voix haute
comme pour réparer un passé à jamais tissé de tragédie
il continue chaque matin de se lever très tôt
pour traduire les mots de l’ancien hébreu en lisant la Bible
L’Oiseau, de Pierre Gamarra
Chez mon bouquiniste préféré
déniché ce petit recueil
Le sorbier des oiseaux
de Pierre Gamarra
ne résiste pas au plaisir
de lire l’un de ses poèmes
à voix haute
comme il se doit
me souviens qu’à l’école primaire
au CP ou au CE1
avions appris quelques poèmes
de Pierre Gamarra
comme celui-ci
Mon cartable
Mon cartable a mille odeurs,
mon cartable sent la pomme,
le livre, l’encre, la gomme
et les crayons de couleurs.
Mon cartable sent l’orange,
le bison et le nougat,
il sent tout ce que l’on mange
et ce qu’on ne mange pas.
La figue, la mandarine,
le papier d’argent ou d’or,
et la coquille marine,
les bateaux sortants du port.
Les cow-boys et les noisettes,
la craie et le caramel,
les confettis de la fête,
les billes remplies de ciel.
Les longs cheveux de ma mère
et les joues de mon papa,
les matins dans la lumière,
la rose et le chocolat.
Samedi poésie
Soif vive de mer
d’embruns fous et salés
de vagues enamourées
un samedi à voyager
au creux d’yeux encore fiévreux
faim de lentilles
préparées à peine aillées
orange dégustée
l’aurais rêvée sanguine
puis halte longue auprès d’une merveille de mots
ce Poème d’amour et de Pygmésie intérieure
posté chez Les Cosaques des Frontières
par Serge Marcel Roche *
vif plaisir de le lire à voix haute
me suis replongé aussi
dans les haïkus de Sôseki
en ai dédié trois à Jacques
mon ami trop tôt parti
Remplissez son cercueil
de tous les chrysanthèmes du monde
autant que la terre en peut fleurir
Vent d’hiver
qui précipite dans la mer
le soleil couchant
Un ami s’en est allé
en rêve
la Voie lactée
* Retrouver Serge Marcel Roche aux Éditions Qazaq, sur son blog Chemin tournant et sur Twitter
Illustration de ci-haut @Gustave Le Gray
Parmi les mots de Francis Royo
Face à la mer tu te prends à voguer
vers main gauche, là-bas
bien plus loin que l’Orient
à l’extrémité de la carte
sur l’île au sol tourmenté
si souvent secoué de spasmes
de vagues géantes
tu respires profond et navigues parmi les mots
inventés par feu Francis Royo
Rimbaud dans mon sac à dos
Je pars m’installer face aux montagnes
paisible
sans d’autre présence que le silence
et les mots de Rimbaud tirés de mon sac à dos.
RÊVÉ POUR L’HIVER
L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l’œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…
Et tu me diras : « Cherche ! » en inclinant la tête,
— Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
— Qui voyage beaucoup…
Arthur Rimbaud – En wagon, le 7 octobre 1870
En attendant le printemps. Huit haikus et un poème
Premier vendredi du mois rime parfois pour moi avec VaseCommunicant. À l’initiative de François Bon et de Jérôme Denis, qui le désire se choisit un(e) partenaire et chacun(e) publie sur le blog (ou le site) de l’autre. Ce mois-ci, c’est avec Marie-Noëlle Bertrand * que j’échange. Elle a écrit 8 haikus, à découvrir sur carnet.sonsdechaquejour.com. Mon poème a trouvé place sur son blog la dilettante. Voici la lecture à voix haute de ce VaseCo inspiré par 4 mots : En attendant le printemps.
Marie-Noëlle Bertrand est aussi sur Twitter @eclectante
Trois pages japonaises de Richard Brautigan
Le Journal japonais de Richard Brautigan. Découverte douce et sensuelle. Pendant plus de six mois, en 1976, l’écrivain américain découvrit le Japon et se prit d’une immense passion pour l’Empire du soleil levant. L’esprit des maîtres du Haiku hante ce recueil de poésie. J’y navigue souvent. La nuit notamment. Lorsque mes pensées s’envolent vers mes amis laissés au Japon. Pour prolonger cette écoute, découvrir le travail délicat de Margaux Fédensieu, les douze baies rouges.