Papa, j’ai tellement honte

Tu n’es plus de ce monde de fous, Papa, mais alors que le ciel s’assombrit sur notre pays, il me faut te dire que la colère et la honte ne me quittent pas. Je pense fort à Pépé, ton père, immigré, étranger parmi les étrangers. Il choisit la France dans les années 20 du siècle dernier, y travailla dur et y mourut. Te dire aussi, Papa, que je pense aussi à l’instituteur de la République et fils d’immigré que tu fus, si fier des valeurs humanistes de notre pays, ces valeurs que tu t’approprias et transmis à tes élèves comme à tes enfants tout au long de ta vie. Te dire enfin que je suis fier d’être l’un des millions de petits-fils d’immigrés que compte notre pays mais que j’ai terriblement honte de notre France. Puisse cette honte submerger Emmanuel Macron, Élisabeth Borne et leurs sujets, pour avoir fait entrer les idées d’un parti fondé par des Waffen SS au cœur-même de notre République. L’Histoire finira bien par les juger mais combien de temps faudra-t-il pour effacer l’affreuse tache brune lâchée sur nous par toutes ces bordilles, tous ces ennemis de notre République ?

Le bouquiniste béarnais résiste et finit par gagner

Il respire à nouveau, Jean-Bernard le bouquiniste. Le voilà de retour sur les marchés du Béarn. Privé de déballage par un décret national tombé depuis Paris en faisant fi du caractère essentiel de son activité, il a retrouvé le droit de travailler. Attention magie ? Pas vraiment. Quatre jours et trois nuits de résistance et de coups de fil auprès d’un politicien local bien en cour à l’Élysée – devinez qui ? – ont fini par accoucher d’un feu vert au déballage pour lui et les quatre autres bouquinistes béarnais.

Jean-Bernard Camblong, bouquiniste sur les marchés de Pau (place Grammont), Jurançon et Salies-de-Béarn

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M comme Marseille, M comme Mélenchon

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Belle lurette que je ne crois plus à l’homme providentiel
belle lurette aussi
que suis un partisan de la paix
un amoureux de la paix des hommes

n’étais pas à Marseille hier
mais n’ai rien manqué du vibrant et poétique discours pour la paix
prononcé par Jean-Luc Mélenchon
sur le Vieux-Port
au cœur de cette cité qui m’a vu naître
comme tant et tant d’enfants aux sangs métissés

M comme Marseille
M comme Mélenchon

bouleversant dans ce silence convoqué par lui
rameau d’olivier à la boutonnière
en mémoire des migrants engloutis par la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe

convaincant dans sa condamnation des bombardements de la Syrie par Trump
et de tous les va-t-en guerre

touchant dans son amour déclaré à la France métissée et à tous ses enfants

émouvant dans son récit final de La Paix
le poème de Yannis Ritsos

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Mélenchon n’est pas un slogan, non
pas question pour moi de l’idolâtrer
mais il est le seul à mêler avec force et lyrisme
justesse de vue et poésie
à parler d’amour et de justice
à proposer de rompre vraiment avec ce monde d’argent qui broie les gens
à refuser que soit scandé son nom
à préférer que chacune et chacun prenne sa part
d’insoumission

Écrire politique 2/2

Écrire politique. Le désir me titillait à nouveau depuis cette vidéo de François Bon, postée il y a deux semaines. La charité des pauvres à l’égard des riches, c’était. Lecture à voix haute du livre de Martin Page. Ce jeudi après-midi, ce désir a germé. Avec Dominique Hasselmann, avons eu envie de VaseCommuniquer en mettant des mots sur ces deux mots. Écrire politique. Voici son texte. Accompagné de l’une de mes photos marseillaises. Le mien est à découvrir sur son blog Métronomiques. Avec une pensée émue pour Francis Royo, qui est parti sans un bruit.

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David

Oui, cela pourrait être un but, un idéal, celui de voir tout au travers de lunettes décryptantes (« tout est politique ») et « écrire politique » pourrait alors donner une sorte d’assurance à la position que l’on occupe, aux pensées que l’on passe en revue, aux mots que l’on émet, aux actions que l’on tente.

Mais « écrire politique » et pourquoi pas « écrire poétique », « écrire érotique », « écrire météorologique » : faut-il une catégorie, aristotélicienne ou pas, doit-on enfermer la politique dans une écriture spécifique qui tirerait alors un trait sur tout ce qui ne lui ressemble pas de prime abord ou ne serait pas digne d’entrer dans ce panthéon avec le cortège historique de ses figures tutélaires.

Nous écrivons dans une époque bien définie, nous prenons des photos ou des vidéos, l’air du temps les enveloppe, nous ne saurions y échapper – au Caire, j’ai vu ici ou là des auto-mitrailleuses devant des bâtiments officiels, pourtant ils n’ont pas proclamé un « État d’urgence » renouvelé ! – et les manifestations hier contre la « Loi Travail » ont su, comme souvent, mélanger le festif et l’artistique avec les revendications sociales.

Si « écrire politique » est produire une analyse de la situation de notre pays, et de ses gouvernants, laissons cela à des journalistes spécialisés comme Edwy Plenel ou à des hommes et femmes politiques dont c’est « le job » (comme dirait sans doute Emmanuel Macron).

Un livre (une fiction, un récit) ne saurait évidemment s’abstraire ou s’abstenir de montrer « le contexte » ou la manière dont la vie quotidienne de ses personnages est régie, régentée, plus ou moins en pleine clarté, par les événements, nationaux ou étrangers qui la ponctuent : les attentats en France, de janvier et novembre 2015, ont dû faire comprendre à certains que si on ne s’occupe pas de politique, la politique s’occupe de nous – jusqu’à pouvoir nous faire disparaître, ou des amis, des proches et aussi des inconnus devenus si chers depuis.

J’aime lire Alain Badiou ou Jacques Rancière mais lorsque je replonge de temps en temps dans un livre d’André Breton, je suis saisi par la non-distinction entre le politique, le poétique, l’érotique… et le météorologique. « Transformer le monde », a dit Marx. « Changer la vie », a dit Rimbaud. Pour nous, ces deux mots d’ordre n’en font qu’un. » (Manifeste du surréalisme, je cite de mémoire.)

L’écriture peut aussi servir à ça – ou à toute autre chose puisque nous sommes encore libres.

texte : Dominique Hasselmann
photo : Eric Schulthess

Un grand merci de nous deux à Marie-Noëlle Bertrand qui s’occupe chaque mois de coordonner, accueillir, mettre en relation les VasesCo et leurs auteurs. Gratitude également à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – , tous deux à l’origine du projet des Vases Communicants : le premier vendredi de chaque mois, chacun écrit et publie sur le blog d’un autre de son choix, à inviter selon son envie. La circulation horizontale entend produire des liens autrement. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. Si cette aventure vous intéresse, signalez-le au groupe dédié sur Facebook, sur Twitter et sur la page Le rendez-vous des Vases qui vous permet aussi de vous promener à votre guise entre les textes.

Dominique Hasselmann, promeneur à fleur de ville

Il manque une bouteille de vodka est le texte publié hier par Dominique Hasselmann sur son blog Métronomiques. Comme un écho à la Jachère mise en ligne dans le même temps sur mon blog CarnetDeMarseille. À Paris comme ailleurs, le quotidien des personnes sans-abri arrache nos coeurs tout autant qu’il laisse sourdre nos mots indignés.

Paris. Les rues de Paris. Ses places et ses carrefours. Sa Seine et son Canal Saint-Martin. Ses gens isolés et ses foules. Dominique Hasselmann les côtoie, les respire, les écoute, les photographie et s’en imprègne tel un grand buvard coloré qui rougit de plaisir et rugit de colère aussi parfois. Promeneur poète, il m’invite à partager ce regard tendre et décalé sur sa ville. Cette capitale si loin et si proche à la fois de mon Marseille. Métronomiques se nourrit aussi de la passion  de Dominique pour le cinéma et la littérature. Sans oublier le jazz qui ponctue bien souvent avec délicatesse son billet du jour.

Dans le métro égaré, Dominique Hasselmann l’a publié début novembre. Paris, là encore. Paris en sous-sol. Avec ses bruits, ses solitudes et un hommage en teinte douce à Rémi Fraisse qui m’a bouleversé. Métronomiques sait aussi parler politique.

Ces deux poèmes m’ont séduit également par leur mise en forme. Ils apparaissent comme dessinés sur la page, à la façon des Calligrammes de Guillaume Apollinaire. Un clin d’oeil amical et admiratif au poète décédé en 1918, l’année de la publication de son livre.

Dominique Hasselmann est aussi sur Twitter @dhasselmann

Lorraine coeur d’acier 102 Mégaherz

Lorraine coeur d’acier, c’était la radio des gens de Longwy en lutte pour la sauvegarde de la sidérurgie. C’est ce formidable outil de parole, d’échanges et de combat que m’évoque le déplacement de François Hollande à Florange ce lundi. En 2012, alors qu’il était en campagne électorale, le futur président clamait son soutien aux salariés d’Arcelor-Mittal pour la sauvegarde des hauts fourneaux… fermés désormais. « L’histoire de Florange est l’histoire de la crise de la parole politique. De la confiance en la parole politique », souligne sur Mediapart Aurélie Filipetti, ancienne ministre et députée de Lorraine. Sur Lorraine coeur d’acier, radio libre, la parole n’était pas confisquée par les politiques. Chacun pouvait venir s’y exprimer. La radio vécut deux ans. De 1979 à 1980. Avant de disparaître. Comme les hauts fourneaux…

Mis en examen, par Massilia Sound System

Cette chanson est l’un des 19 titres de Commmando Fada, le troisième album de Massilia Sound System. Le groupe marseillais de reggae et de raggamuffin l’a sorti en 1995. Deux ans plus tôt, le terme juridique de mise en examen* remplaçait celui d’inculpation. Bigrement d’actualité ces trois mots. Sarkozy aujourd’hui, Cahuzac hier. Cette France sent mauvais. Cette France de 2014 ne ressemble plus à grand chose. Sans parler de Hollande qui tourne le dos à ses promesses, de Copé corrompu dans l’affaire Bygmalion, des Le Pen qui continuent à éructer leur haine, de Balkany, de Guerini… Je ne vais pas aboyer avec ceux qui lancent tous pourris, non. Mais je suis atterré en constatant que comme le dit Edwy Plenel, le directeur de Mediapart, tout un monde politique est en train de mourir sous nos yeux. Et le monde médiatique qui va avec, servile et courbeur d’échine. Bref, vivement la VIème République !

Massilia Sound System sort son prochain album en octobre prochain et sera en tournée à partir du 1er août. Les dates des concerts, c’est par ici.

*Compétence exclusive du juge d’instruction, une mise en examen vise une personne contre laquelle il existe des indices graves ou concordants qui rendent vraisemblable qu’elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission d’une infraction

Le monde à l’envers…

2.000 dans les rues de Marseille hier après-midi. Pas plus… Dans la deuxième ville de France. Colorée et assez joyeuse parfois la manif contre l’austérité, mais bon, à peine 2.000 personnes rassemblées en haut de la Canebière, j’ai trouvé que ça faisait un peu riquiqui. Je dois avoir beaucoup vieilli. Me souviens des manifs de ma jeunesse. Il restait encore beaucoup de monde aux Réformés lorsque la tête du cortège arrivait sur le Vieux-Port, tout en bas. Il paraît que nombreux sont ceux qui ont préféré monter manifester à Paris. Même dans les rangs de cette gauche-là, on a du mal à ne pas « tourner à l’envers », à échapper à la maladie du centralisme… Et puis hier, sur le Vieux Port, c’était le défilé de Carnaval…JC

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Jour de pluie et de travaux

Le retour du Jeudi pluvieux. Jeudi de chantier. En bas dans la maison. Cette maison où nous habitons et qui se transforme. Il sera achevé mi-mai. Pour ce qui est de la maison France, je crains que le chantier dure bien plus longtemps et que nous devions sans tarder changer d’artisans… Pour changer vraiment.