Le muret que nous escaladions après l’école malgré les tessons vert bouteille présentait des brèches béantes. Elles ouvraient sur un fouillis de tombes sales dispersées entre les cyprès. J’ai eu envie de réclamer le prochain arrêt mais je me suis souvenu que Luis ne pouvait être là car il n’avait aucune sépulture. Quelques années avant sa mort, il avait donné son corps à la science.
Passé le dernier virage avant la mer, je me suis demandé comment vivre avec les morts à jamais introuvables.
Comment leur parler, leur raconter ce qui blesse ici-bas ? Tout ce qui fait saigner sans laisser de trace sûre.
D’où guetter les mots que les disparus nous lancent paraît-il de temps à autre depuis l’au-delà ?
(à suivre)