Livres de ma vie / La Gloire de mon père #3

L’attrait des mots. Se sentir happé par leur charme. Leur sonorité. Leur géographie dans la phrase. Voyelles parmi les consonnes au cœur des mots. Les nommer, les répéter, au risque de prendre la mention « bavard » sur chaque bulletin trimestriel, de la 6ème à la Terminale. Pas forcément de quoi vous donner une belle note au Bac Français mais qu’importe. Les mots. Compagnons de nos vies. Trésors à portée de bouche et de main et de clavier. Les chérir aussi dans les autres langues du monde, et notamment la langue occitane qui résonnait souvent aux oreilles du petit Marcel Pagnol.

 

LaGloiredemonpère

« D’ailleurs, ce qu’ils disaient ne m’intéressait pas. Ce que j’écoutais, ce que je guettais, c’était les mots : car j’avais la passion des mots ; en secret, sur un petit carnet, j’en faisais une collection, comme d’autres font pour les timbres.

J’adorais grenade, fumée, bourru, vermoulu et surtout manivelle : et je me les répétais souvent, quand j’étais seul, pour le plaisir de les entendre. Or, dans les discours de l’oncle, il y en avait de tout nouveaux, et qui étaient délicieux : damasquiné, florilège, filigrane, ou grandioses : archiépiscopal, plénipotentiaire.

Lorsque sur le fleuve de son discours je voyais passer l’un de ces vaisseaux à trois ponts, je levais la main et je demandais des explications, qu’il ne me refusait jamais. C’est là que j’ai compris pour la première fois que les mots qui ont un son noble contiennent toujours de belles images. »

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