D’un rivage à l’autre
la joie et les larmes d’un voyage
hier

le sol natal d’abord

le retrouver
l’embrasser à nouveau

Marseille toujours aussi belle

Marseille vivante et métissée
toujours aussi riche de ses accents
de ses couleurs et ses parfums venus de partout

Marseille et son thé à la menthe brûlant
en plein quartier Noailles
y marchais enfant avec ma mère
Izzo s’y promenait souvent
ce thé brûlant comme le sang et le souvenir
de celles et ceux d’Alep
qui ne le partageront plus
Calais ensuite
tout là-haut sur la carte

d’où se sont envolées vers moi ces photos sombres
postées par une amie

Calais désormais désertée par celles et ceux
dont personne n’aura voulu

et ce mot « jungle » qui rode
ce mot qui claque et claquera toujours comme une insulte
crachée à la face de l’humanité

Calais et ses barbelés
ses sols pollués
ses menus restes

Calais et ces traces infimes de la vie qui fut
cette vie précaire et dangereuse
qui ne se nourrit plus de rien d’autre à présent
que du souvenir de l’horizon inatteignable

Des ports qui ne seraient plus d’attache ?